Skip to main content

Rapport annuel 2022 : un impact face aux crises

14 juin 2023

Une femme dans la nature tenant une pancarte pour sensibiliser le public aux changements climatiques © Getty/Léo Patrizi

En 2022, les divisions géopolitiques ont menacé la paix et la stabilité, des conflits ont éclaté et les pays ont continué à faire face aux urgences climatiques croissantes, à la montée en flèche de la pauvreté et au creusement des inégalités, alors que la pandémie de COVID-19 a réduit à néant les progrès accomplis en matière de droits humains, a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, lors de la présentation du rapport annuel du HCDH.

Malgré les nombreuses crises qui ont marqué l’année 2022, le HCDH a continué à être un formidable allié pour celles et ceux qui luttent pour la justice et l’égalité, et contre les violations des droits de l’homme et les atteintes à ces derniers.

« Notre rapport de 2022 montre à quel point ce travail est utile, non seulement dans certains pays, mais aussi parce qu’il contribue grandement à préserver la stabilité mondiale, à promouvoir le développement et à soutenir les efforts de paix », a déclaré M. Türk.

Dans son premier rapport annuel depuis son entrée en fonction en tant que Haut-Commissaire à la mi-octobre 2022, M. Türk a présenté les effets des activités du Haut-Commissariat sur un large éventail de questions, notamment la prévention des violations des droits de l’homme, la lutte contre la discrimination et les inégalités, le soutien aux victimes et l’établissement des responsabilités lors d’atteintes en matière de droits de l’homme.

Principales réalisations

Le HCDH a notamment aidé le Monténégro à adopter une nouvelle stratégie pour protéger les personnes handicapées. Grâce à ses activités de plaidoyer, il a également contribué à l’entrée en vigueur de la loi sur le handicap en Jamaïque. En Macédoine du Nord, il a fourni des conseils pour la rédaction de la loi sur l’égalité des genres, qui reconnaît pour la première fois les différentes identités de genre.

Le HCDH a également travaillé à la prévention des violations des droits de l’homme dans le système judiciaire et celui de l’application des lois, et a contribué à l’abolition de la peine de mort en République centrafricaine, en Guinée équatoriale et en Zambie.

Au niveau mondial, il a soutenu la mise en place du Mécanisme international d’experts indépendants chargé de promouvoir la justice et l’égalité raciales dans le contexte du maintien de l’ordre. Cet organe examine les lois, les politiques et les pratiques concernant le recours à la force par les forces de l’ordre et recommande des mesures pour lutter contre l’utilisation discriminatoire et excessive de la force, ainsi que contre d’autres violations des droits de l’homme à l’encontre des personnes d’ascendance africaine.

L’ONU existe pour prévenir les crises et les conflits, tout en faisant progresser la justice. Les droits de l’homme sont le meilleur outil de prévention dont nous disposons. Sans eux, il ne peut y avoir de paix durable ni de prospérité sur le long terme.

Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme

M. Türk a également déclaré qu’en 2022, le HCDH avait concentré ses efforts sur la mise en place de cadres juridiques et sociaux pour la protection des femmes et des filles. En Libye, le HCDH a soutenu la rédaction de la nouvelle loi sur la violence à l’égard des femmes. Il a également aidé les autorités nationales guinéennes à enquêter sur des crimes de violence sexuelle et à poursuivre leurs auteurs, ce qui constitue une étape importante dans la longue quête de justice de plus d’une centaine de femmes et filles agressées sexuellement lors du massacre du stade de Conakry en septembre 2009.

Responsabilité et justice

Pour soutenir les victimes de violations des droits de l’homme, les subventions accordées par le Fonds de contributions volontaires pour les victimes de la torture et le Fonds de contributions volontaires pour la lutte contre les formes contemporaines d’esclavage ont permis de venir en aide à plus de 46 000 victimes de la torture en 2022 et à 13 000 survivants de l’esclavage dans le monde.

En Ukraine, le HCDH joue un rôle crucial en aidant à recueillir des preuves de violations flagrantes du droit international des droits de l’homme. Ces éléments contribueront à orienter les futurs efforts en matière de responsabilité et de justice pour les victimes.

Plus de 100 présences sur le terrain

Face au besoin généralisé de protéger les droits humains, le HCDH est devenu de plus en plus opérationnel, a fait remarquer M. Türk. Depuis sa création il y a 30 ans, le HCDH a constitué une équipe mondiale de 1 841 personnes travaillant dans plus de 100 présences sur le terrain et au siège.

En 2022, le HCDH a mis en place une équipe d’intervention d’urgence à Fidji, la septième de ce type dans le monde. Pour renforcer les mesures fondées sur les droits de l’homme pour lutter contre d’autres crises, le Haut-Commissariat a envoyé des équipes d’intervention en Bosnie-Herzégovine, au Burkina Faso, au Gabon, en Gambie, en Haïti, au Kazakhstan, au Kenya, au Kirghizistan/Tadjikistan, au Pérou, à Sao Tomé-et-Principe, en Tunisie, au Tchad et en Ukraine.

« Mais nous devons redoubler d’efforts. Nous avons besoin de plus de personnes sur le terrain pour prévenir les violations des droits de l’homme, afin que le monde n’ait pas à faire face à des retombées plus catastrophiques par la suite », a-t-il déclaré.

« Nous devons doubler notre budget »

En 2022, le HCDH a perçu un peu plus de 392 millions de dollars en budget ordinaire et contributions volontaires. Toutefois, M. Türk a souligné qu’en tant que principale entité mondiale en matière de droits humains, le HCDH devait doubler son budget afin de remplir son mandat dans un monde où les droits humains sont de plus en plus menacés.

« Si nous avions l’assurance d’un financement pluriannuel prévisible et flexible, de nombreux endroits dans le monde pourraient et devraient bénéficier d’une aide bien plus importante, y compris dans le domaine des droits économiques, sociaux et culturels », a-t-il déclaré, ajoutant que si les droits de l’homme sont l’un des piliers essentiels de l’ONU, le montant global approuvé reçu par le HCDH en 2023 ne représente pourtant qu’un peu plus de cinq pour cent du budget ordinaire de l’ONU.

Cette année, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme célèbre le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’un des documents les plus importants des temps modernes. M. Türk a appelé la communauté internationale à profiter de cet anniversaire pour aider à renouer avec la promesse de la Déclaration selon laquelle toute personne doit pouvoir exercer ses droits humains.

« Défendre les droits humains, notamment en prévenant les abus, en garantissant le respect et en obtenant justice pour les victimes, n’est pas facultatif. »