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Les droits de l’homme sont des garde-fous utiles pour les politiques économiques

24 août 2022

Une manifestante brandit une pancarte prônant la défense des droits de l’homme. © Getty/Vasil Dimitrov

« Les droits de l’homme sont des garde-fous qui nous aident à sauver le Programme de développement durable à l’horizon 2030, à supprimer les facteurs structurels d’exclusion et d’inégalité et à prévenir l’instabilité et les conflits », a déclaré Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

L’initiative Surge du HCDH et l’Institut sur la race, le pouvoir et l’économie politique de l’université The New School ont lancé un partenariat en faveur d’une économie axée sur les droits de l’homme pour faire avancer l’analyse, la recherche et l’élaboration des politiques économiques en vue de réaliser les droits de l’homme pour tous sans discrimination.

Michelle Bachelet a lancé l’initiative Surge en réponse aux inégalités croissantes, à la lenteur de la réalisation des objectifs de développement durable et à la montée des troubles sociaux. Cette initiative a pour vocation d’intensifier l’engagement à l’échelle nationale concernant les droits économiques, sociaux et culturels, les objectifs de développement durable et la prévention, et de renforcer le lien entre les droits de l’homme et l’économie.

Ce nouveau partenariat permettra d’asseoir les bases conceptuelles d’une économie respectueuse des droits de l’homme, en travaillant à l’échelle internationale et avec divers acteurs, notamment des économistes, des gouvernements, des universitaires, des groupes de défense et des institutions financières internationales.

« Cette collaboration peut nous aider à trouver des solutions économiques qui s’écartent des approches traditionnelles et à clarifier les concepts associés aux économies centrées sur les droits de l’homme et l’égalité », a déclaré Mme Bachelet.

Tout est en jeu

Le partenariat collaborera également avec toutes les parties prenantes pour concrétiser ces idées et élaborer un plan d’action afin de mobiliser le public, a déclaré Darrick Hamilton, professeur et directeur de l’Institut sur la race, le pouvoir et l’économie politique de l’université The New School.

Nos définitions de la valeur économique et nos critères traditionnels ne reflètent pas notre plus grand atout sur cette Terre, à savoir les personnes.

Darrick Hamilton, directeur de l’Institut sur la race, le pouvoir et l’économie politique de l’université The New School

Si nous ne changeons pas le statu quo et que nous ne cessons pas de « nous focaliser exclusivement sur la croissance au mépris de l’humanité », alors que le monde est confronté aux effets des changements climatiques et à une multiplication des conflits mondiaux et des pandémies, tout est en jeu, a-t-il ajouté.

« Nous sommes confrontés à des niveaux d’inégalité qui rivalisent avec les pires moments de l’histoire de l’humanité », a déclaré M. Hamilton. « La voie qui se dessine devant nous risque d’apporter encore plus de désespoir et de destruction. Nous risquons d’assister à une plus grande polarisation, à de plus grands conflits et à une dégradation de la coordination pour faire face à ces catastrophes qui nous touchent tous. »

L’esprit de la Déclaration universelle des droits de l’homme

Le non-respect des droits économiques et sociaux est à l’origine des troubles sociaux qui émergent dans le monde entier, selon Savitri Bisnath, économiste principale pour l’initiative Surge du HCDH travaillant sur le partenariat avec The New School. Selon elle, cette collaboration permettra d’adopter une approche fondée sur les droits de l’homme afin de garantir que personne ne passe à travers les mailles du filet et de mettre en place des économies transformatrices et inclusives.

Par son approche, le partenariat nous permettra d’atteindre en priorité les personnes les plus délaissées, de manière à pouvoir aider tout le monde.

Savitri Bisnath, économiste principale, initiative Surge du HCDH

« À l’heure actuelle, un nombre croissant de personnes sont forcées de sauter des repas », a-t-elle déclaré. « Leurs salaires n’augmentent pas, alors que l’inflation monte. Ils n’ont pas les moyens de prendre les transports en commun pour se rendre de leur domicile à l’hôpital ou pour se faire soigner. »

Dans un contexte marqué par les effets de la COVID-19, les changements climatiques et les difficultés des pays en développement en matière de sécurité alimentaire en raison de la guerre en Ukraine, Mme Bisnath a ajouté que le partenariat se penchera sur la responsabilité des États en vertu du droit international des droits de l’homme.

« Du fait de la Déclaration universelle des droits de l’homme, du fait du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, entre autres, les gouvernements doivent ancrer leurs budgets et d’autres aspects de leurs politiques économiques sur leurs obligations en matière de droits de l’homme, et en raison du Programme 2030, la priorité est de ne laisser personne de côté », a-t-elle expliqué.

Selon Todd Howland, Chef du Service du développement et des questions économiques et sociales du HCDH, la Déclaration universelle des droits de l’homme a été créée pour permettre de vivre à l’abri du besoin et de la peur.

« Notre collaboration avec l’institut est un moyen de renouer avec son essence et son contenu, à savoir que les droits de l’homme doivent fournir des garde-fous utiles pour tous les aspects de la société – y compris les politiques économiques – dans tous les pays, quel que soit le système économique ou politique en place », a-t-il déclaré.

« Si ce partenariat permet de définir conceptuellement en quoi constituerait une économie respectueuse des droits de l’homme et son importance pour l’égalité des sexes et pour d’autres types d’égalités, ce serait une réelle contribution », a déclaré Mme Bisnath.

La création d’économies inclusives

Selon Grieve Chelwa, directeur de recherche à l’Institut sur la race, le pouvoir et l’économie politique, il est important de se pencher sur la Déclaration universelle des droits de l’homme, car elle aborde comment assurer la dignité humaine.

« Les droits économiques étaient et sont reconnus en tant que droits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme », a-t-il fait valoir. « Ils ont été reconnus historiquement comme un aspect important de la dignité. Ce concept a toutefois été marginalisé. En tant qu’économiste, je ne vois pas comment on peut avoir une discussion sur la dignité sans penser aux droits économiques. Il est essentiel que chacun dispose des ressources nécessaires pour pouvoir vivre de manière autonome. »

« Ce partenariat est le premier d’une longue série dans le domaine de l’économie respectueuse des droits de l’homme », a déclaré M. Howland. « Notre vision est de collaborer de manière substantielle avec les parties prenantes à l’échelle mondiale pour passer des principes importants en matière de droits de l’homme à une application utile pour des économies inclusives qui permettent de réaliser pleinement les droits économiques, sociaux et culturels. »