Appel lancé par une experte de l’ONU pour encourager la participation des personnes handicapées déplacées
08 juillet 2020
Il est difficile pour les personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays de recevoir les services nécessaires et de jouir des droits qui sont inhérents à tous, et lorsque la problématique du handicap s'ajoute à cela, cette situation peut conduire à la négligence et à l'exclusion, a déclaré Cecilia Jimenez-Damary.
« Les personnes handicapées peuvent être victimes de discrimination avant et pendant leur déplacement », a-t-elle indiqué. « Ceux qui interviennent dans les domaines de l'aide et du développement peuvent ignorer leurs difficultés. Les personnes handicapées continuent d'être considérées principalement comme de simples bénéficiaires de l'aide, ce qui aggrave leur marginalisation, et leur capacité de contribuer est encore largement inexplorée. »
Cecilia Jimenez-Damary est la Rapporteuse spéciale sur les droits de l'homme des personnes déplacées dans leur propre pays*. Dans son rapport présenté devant le Conseil des droits de l'homme, elle exhorte les États membres à garantir que les personne handicapées déplacées à l'intérieur de son propre pays participent à la prise de décisions sur toute politique ou tout projet les concernant.
« Les personnes handicapées, quelles qu'elles soient, devaient faire partie intégrante des solutions et non pas être considérées comme étant le problème », a-t-elle fait remarquer. « Et la meilleure façon d'y parvenir est de leur permettre de participer à la gestion de leur vie. »
Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), environ 15 % de la population mondiale souffre d'un handicap. Si l'on applique cette estimation aux 41,3 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays à travers le monde en 2018 (selon le Rapport mondial sur le déplacement interne de 2019), cela signifie qu'environ 5 millions de personnes déplacées auraient un handicap, a déclaré Mme Jimenez-Damary. Compte tenu de ce nombre important de personnes signifie, il est nécessaire de mettre en place des cadres juridiques et politiques adéquats et pertinents pour soutenir les populations de personnes handicapées déplacées, a-t-elle déclaré.
Dans son rapport, Cecilia Jimenez-Damary fournit plusieurs recommandations et insiste sur quatre points principaux : Premièrement, les personnes handicapées déplacées à l'intérieur de leur propre pays ne devraient pas être laissées pour compte dans les politiques de protection, d'assistance ou d'inclusion mises en place par les États, les organismes des Nations Unies ou d'autres entités. Deuxièmement, l'importance de la participation des personnes déplacées avec les communautés et organisations représentant les personnes handicapées dans l'établissement de chaque solution ou programme. Troisièmement, elle a rappelé à tous que les personnes handicapées déplacées à l'intérieur de leur propre pays ont le droit d'exercer l'ensemble des droits de l'homme garantis par la loi.
Enfin, Mme Jimenez-Damary a insisté sur la nécessité de la visibilité.
« La meilleure façon d'inclure les personnes handicapées déplacées (dans les projets et les politiques) est de s'assurer qu'elles sont visibles et que des programmes très spécifiques seront réellement mis en œuvre avec leur aide ou celle d'organisations les représentant, qui permettront de les protéger et de les inclure dans les projets d'aide. »
La pandémie de COVID-19 a créé un niveau supplémentaire d'obstacles et de difficultés pour lees populations déplacées dans leur ensemble, et pour les personnes handicapées en particulier, a-t-elle déclaré. Elle a continué en expliquant que la majorité des politiques mises en place durant la pandémie et qui traitent des personnes déplacées ne contiennent aucune disposition en ce qui concerne les personnes handicapées.
Mais il est possible de mieux reconstruire, a déclaré Mme Jimenez-Damary. Les mesures d'urgence étant assouplies dans de nombreux pays, le moment est venu de consulter les personnes handicapées déplacées sur la meilleure façon de les aider dans le processus de réintégration.
« Je le répète, nous devons veiller à ce que les personnes handicapées déplacées soient réellement consultées sur la manière dont les assouplissements des mesures et les politiques permettant de reconstruire en mieux seront décidés et mis en œuvre », a-t-elle déclaré. « Les programmes doivent inclure la participation des personnes handicapées déplacées. C'est la seule façon pour les personnes handicapées déplacées de pouvoir non seulement exprimer leurs besoins réels et leur vision de l'avenir par rapport aux mesures d'assouplissement, mais aussi de voir leurs droits garantis. »
8 juillet 2020
Cecelia Jimenez-Damary explique plus sur les personnes déplacées à l'intérieur dans la vidéo ci-dessous