« Agissez ! Rester silencieux est dangereux »
28 juillet 2016
« Dès lors que vous savez quelque chose, vous ne pouvez pas l’ignorer, cela entraîne une responsabilité », a affirmé Charlene Apok, une défenseuse des droits des peuples autochtones qui vit aux États-Unis. « Vous devez agir. Rester silencieux est très dangereux. »
C’est le désir de faire quelque chose est ce qui a conduit Mme Apok à venir à Genève pour participer au Programme de bourses 2016 destinées aux autochtones organisé par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. Le Haut-Commissariat a lancé ce Programme pour donner aux participants la possibilité de mieux connaitre le Système des Nations Unies et la façon dont il peut contribuer à la promotion et à la protection des droits des peuples autochtones. Lorsque les boursiers sont de retour dans leur communauté, ils peuvent utiliser ces connaissances pour les aider à promouvoir les droits de l’homme des peuples autochtones dans leur pays.
Mme Apok est membre du peuple Iñupiaq, qui vit dans la région du détroit de Béring, en Alaska. Selon elle, le principal problème auquel fait face le peuple Iñupiaq est le manque de souveraineté sur les terres et l’eau, ce qui a eu des répercussions sur de nombreux aspects essentiels de leur vie et de leur bien-être.
« Nous avons des droits inhérents en tant que peuples autochtone et certaines entités tentent d’empêcher l’exercice de ces droits », a déploré Mme Apok. « C’est nous qui subissons les effets du changement climatique, notamment sur la santé. »
Pour les peuples autochtones qui vivent dans l’Arctique, les effets du changement climatique se font lourdement sentir. Les intérêts des multinationales dans les domaines du forage et du transport maritime ont des effets néfastes sur les baleines, les phoques et d’autres mammifères marins qui constituent la principale source de nourriture. Ces sources de nourriture sont aujourd’hui contaminées par des polluants organiques. Les peuples autochtones qui vivent dans l’Arctique souffrent de maladies allant du lait maternel contaminé à des taux de cancer élevés.
« Que sommes-nous censés faire ? Nous n’avons pas accès à d’autres aliments, et la nourriture occidentale n’est pas meilleure pour nous », a-t-elle ajouté. « Et lorsque nous avons accumulé des frustrations de ne pas pouvoir pourvoir à nos besoins alimentaires comme nous l’avons toujours fait, en plus du traumatisme historique intergénérationnel, tous ces facteurs produisent de la violence dans nos communautés. »
Mme Apok a décidé de postuler à ce Programme de bourses lorsqu’elle a compris que les luttes que mène son peuple sont liées aux droits de l’homme et à la politique mondiale. Elle voulait apprendre à se repérer dans les systèmes et les mécanismes internationaux pour son peuple, car bien souvent, ils ne sont pas représentés et leurs voix ne sont pas entendues.
« Ce système n’a pas été fait pour nous », a fait remarquer Mme Apok. « Nous sommes pourtant tous égaux et nous devrions avoir y accès. Nous n’attendons pas non plus que l’on nous donne des droits. Cela devrait être très clair. Nous ne “réclamons” aucun droit ; nous les avons déjà. Mais c’est la capacité d’exercer nos droits qui est entravée ».
« Une première mesure essentielle qui permettrait aux Iñupiaq d’exercer pleinement leurs droits serait que tous les États reconnaissent les peuples autochtones et leur droit à l’autodétermination », a estimé Mme Apok. Elle considère en outre que si l’on donnait davantage d’occasions aux groupes autochtones de nouer des contacts avec d’autres acteurs, cela leur donnerait une meilleure chance de faire entendre leurs voix.
28 juillet 2016
Cette histoire fait partie d’une série célébrant la Journée internationale des peuples autochtones du monde, le 9 août 2016. La célébration de cette année est consacrée au droit à l’éducation, qui est protégé par de nombreux instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme.