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Communiqués de presse Procédures spéciales

7 octobre : des experts de l’ONU appellent à la fin de la violence et à l’établissement des responsabilités après un an de pertes et de souffrances, et face au mépris flagrant du droit international

07 octobre 2024

GENÈVE – En commémoration de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, suivie de l’attaque israélienne contre la population palestinienne de Gaza et de l’extension de la violence au reste du territoire palestinien occupé et à d’autres pays de la région, des experts de l’ONU* ont rappelé aujourd’hui le coût humain insupportable de cette escalade et ont réitéré la nécessité d’agir rapidement pour rompre le cycle de la violence et assurer le principe de responsabilité. Ces experts ont publié la déclaration suivante :

« L’année écoulée a été marquée par une escalade dévastatrice de la souffrance humaine, qui a eu de graves conséquences pour le peuple palestinien, les Israéliens et l’ensemble de la région du Moyen-Orient. Nous tenons à exprimer aujourd’hui notre profonde compassion à l’égard de toutes les victimes et de leurs familles, en particulier les enfants, qui auraient dû échapper au fléau de la guerre, et nous rappelons le lourd coût humain de ce conflit et le besoin immédiat d’instaurer la paix et d’établir les responsabilités.

Le 7 octobre 2023, le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens ont tué environ 1 200 personnes en Israël, dont au moins 809 civils, y compris des femmes, des enfants et des personnes âgées. Le même jour, 252 personnes ont été prises en otages et emmenées à Gaza, et près de 100 d’entre elles sont toujours détenues.

Les crimes commis ce jour-là, dont les meurtres, les prises d’otages et les violences sexuelles à l’égard des femmes et des filles, constituent de graves violations du droit international et constituent des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité.

L’attaque militaire d’Israël contre Gaza qui a suivi a provoqué, en date du 6 octobre 2024, la mort d’environ 42 000 Palestiniens à Gaza, dont 17 000 enfants, plus de 97 000 blessés, dont certains à vie, et le déplacement de près de 2 millions de personnes. La majorité des personnes décédées sont des enfants et des femmes, tandis qu’environ 10 000 corps palestiniens sont encore sous les décombres, sans qu’il soit possible de les dégager et de les identifier pour apporter un certain réconfort aux familles qui les pleurent. Dans le reste du territoire palestinien occupé, près de 700 personnes ont été tuées, dont 176 enfants. Les forces israéliennes ont également tué 986 travailleurs de la santé et travailleurs humanitaires, dont 225 employés de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), et 126 journalistes. Elles ont également détruit des hôpitaux, des écoles et des camps de réfugiés, ne laissant aucun endroit sûr à Gaza.

Les graves violations du droit international, notamment les meurtres, le ciblage intentionnel de biens de caractère civil, les attaques disproportionnées et aveugles, la famine, les transferts forcés, les déplacements arbitraires, la violence sexuelle, la persécution et les atteintes à la vie et à la dignité, dont le manque de respect pour les morts, qui ont été commises par les forces israéliennes depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, constituent des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité. Par conséquent, la Cour internationale de Justice (CIJ) a averti qu’il existait un risque réel et imminent de préjudice irréparable pour le droit des Palestiniens à être protégés contre le génocide.

Les mécanismes judiciaires internationaux, les Nations Unies et la communauté internationale doivent mener des enquêtes approfondies, impartiales et indépendantes sur ces graves violations, établir la chaîne de commandement, poursuivre et punir les auteurs et garantir une réparation intégrale aux victimes et à leurs familles. Les parties au conflit doivent permettre un accès rapide et complet aux éléments de preuve afin d’établir les faits et de veiller à ce que les auteurs de ces actes répondent de leurs actes.

Comme l’a déclaré le Secrétaire général il y a près d’un an, les violences du 7 octobre ne sont pas arrivées de nulle part. Masquée par des discours mensongers et des années de discrimination, de ségrégation raciale et d’apartheid perpétrés contre le peuple palestinien, comme l’a reconnu la CIJ le 19 juillet 2024, cette guerre risque de conduire à l’effacement de la présence palestinienne dans le territoire palestinien occupé et à une situation d’insécurité sans fin et d’énormes souffrances pour le peuple palestinien comme pour le peuple israélien.

Nous continuons d’exhorter la communauté internationale à veiller à ce que les États et les entreprises cessent de fournir des armes à Israël, y compris indirectement, afin d’éviter toute responsabilité dans les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité par complicité.

Nous sommes alarmés par l’expansion de la violence et des hostilités dans d’autres pays de la région, en particulier par l’escalade au Liban, qui a déjà causé plus de 2 000 morts, dont des femmes et des enfants, et plus de 9 500 blessés, et provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes. Ce débordement des hostilités est une violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies et met en péril la paix et la stabilité d’une région qui a connu des décennies de conflits.

Toutes les parties au conflit, avec le soutien de la communauté internationale, doivent :

- Mettre immédiatement un terme aux hostilités et garantir la sécurité des populations civiles, notamment en respectant pleinement les résolutions des Nations Unies et les mesures conservatoires de la CIJ à l’égard d’Israël et de Gaza ;

- Libérer immédiatement et sans condition tous les otages détenus à Gaza et les milliers de Palestiniens arbitrairement détenus par Israël ;

- Faire la lumière sur le sort des victimes de disparitions forcées et d’actes pouvant être assimilés à ces dernières, ainsi que sur le lieu où elles se trouvent ;

- Garantir l’accès sans entrave de l’aide humanitaire et des travailleurs humanitaires à Gaza ;

- Permettre aux experts indépendants de l’ONU d’accéder pleinement et sans restriction à Israël et au territoire palestinien occupé, afin de mener des enquêtes sur les violations du droit international, en particulier les exécutions arbitraires, les disparitions forcées et la torture ;

- Restituer immédiatement et sans condition les corps et les restes humains détenus par les parties au conflit, y compris des centaines de corps palestiniens conservés depuis plusieurs décennies, et demander l’aide de la communauté internationale pour retrouver et identifier les corps, et les rendre aux familles ;

- Stopper toute escalade dans d’autres pays de la région ;

- Coopérer pleinement avec la communauté internationale pour réaliser le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, dans le but d’instaurer une paix durable, d’établir les responsabilités et de tourner la page sur des décennies de violence et d’injustice, notamment par la mise en œuvre intégrale de l’avis consultatif de 2024 de la CIJ.

Les experts ont réitéré leur disponibilité pour contribuer aux efforts concrets visant à établir la vérité, la justice et des réparations pour les violations du droit international dans le contexte de ce conflit. »

*Les experts : Morris Tidball-Binz, Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ; Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 ; Ashwini K.P., Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée ; Fernanda Hopenhaym (Présidente), Lyra Jakulevičienė (Vice-Présidente), Pichamon Yeophantong, Damilola Olawuyi, Robert McCorquodale, Groupe de travail sur la question des droits de l’homme et des sociétés transnationales et autres entreprises ; Farida Shaheed, Rapporteuse spéciale sur le droit à l’éducation ; Tomoya Obokata, Rapporteur spécial des Nations Unies sur les formes contemporaines d’esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences ; Olivier De Shutter, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté ; Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs et défenseuses des droits humains ; Gabriella Citroni (Présidente-Rapporteuse), Grażyna Baranowska (Vice-Présidente), Aua Baldé et Ana Lorena Delgadillo Pérez, Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires ; Mama Fatima Singhateh, Rapporteuse spéciale sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants ; Gina Romero, Rapporteuse spéciale sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association ; Ben Saul, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste ; Irene Khan, Rapporteuse spéciale sur le droit à la liberté d’opinion et d’expression ; Surya Deva, Rapporteur spécial sur le droit au développement ; Laura Nyirinkindi (Présidente), Claudia Flores (Vice-Présidente), Dorothy Estrada Tanck, Ivana Krstić et Haina Lu, Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles ; George Katrougalos, Expert indépendant sur la promotion d’un ordre international démocratique et équitable ; Nicolas Levrat, Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités ; Alexandra Xanthaki, Rapporteuse spéciale dans le domaine des droits culturels ; Paula Gaviria Betancur, Rapporteuse spéciale sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays ; Cecilia M. Bailliet, Experte indépendante sur les droits de l’homme et la solidarité internationale ; Margaret Satterthwaite, Rapporteuse spéciale sur l’indépendance des juges et des avocats ; Heba Hagrass, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées ; Astrid Puentes Riaño, Rapporteuse spéciale sur le droit humain à un environnement propre, sain et durable ; Reem Alsalem Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences.

** Voir entre autres les communiqués de presse des procédures spéciales du 12 octobre 2023, du 19 octobre 2023, du 27 novembre 2023, du 1er février 2024, du 9 février 2024, du 7 mars 2024 et du 24 mai 2024.

Les Rapporteurs spéciaux, les Experts indépendants et les Groupes de travail relèvent de ce qu’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l’homme afin de traiter de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.

Page du HCDH consacrée à Israël

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