Communiqués de presse Procédures spéciales
Israël doit mettre fin aux violentes attaques des colons contre les agriculteurs palestiniens qui menacent leur récolte d’olives, déclarent les experts de l’ONU
16 octobre 2024
GENÈVE – Les agriculteurs palestiniens de Cisjordanie occupée par Israël sont confrontés à la saison des olives la plus dangereuse jamais connue, ont déclaré aujourd’hui des experts de l’ONU*.
L’intimidation des agriculteurs, la restriction de l’accès aux terres, les actes graves de harcèlement et les attaques des colons armés israéliens et des forces d’occupation compromettent encore davantage la souveraineté alimentaire des familles palestiniennes et constituent une nouvelle attaque contre le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, ont averti les experts.
« En 2023, la récolte a été marquée par une forte augmentation des restrictions de circulation et des violences commises par les forces israéliennes et les colons », ont-ils déclaré. « L’année dernière, les Palestiniens de la Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, ont été confrontés au niveau le plus élevé de violence aux mains des colons israéliens, qui ont notamment agressé physiquement des Palestiniens, incendié ou endommagé leurs biens et leurs récoltes, volé des moutons, et bloqué l’accès à leurs terres, à l’eau et aux zones de pâturage, provoquant un nombre record de Palestiniens déplacés, ces derniers étant contraints de quitter leurs habitations et leurs terres. L’année dernière, Israël a également saisi plus de terres palestiniennes qu’au cours des 30 dernières années. »
« La récolte des olives est au cœur de la vie et de la culture palestiniennes. La relation du peuple palestinien avec les oliviers, qui peuvent vivre des centaines d’années, reflète également le lien de ce peuple avec ses ancêtres et son avenir », ont indiqué les experts. « Restreindre les récoltes d’olives, détruire les vergers et interdire l’accès aux sources d’eau est une tentative d’Israël d’étendre ses colonies illégales. »
Les agriculteurs palestiniens, qui dépendent fortement de la récolte des olives pour leur subsistance, sont confrontés à d’énormes difficultés, menaces et actes de harcèlement pour accéder à leurs oliviers. En 2023, plus de 96 000 dounoums de terres oléicoles en Cisjordanie occupée n’ont pas été récoltés en raison des restrictions imposées par Israël, ce qui a entraîné la perte de 1 200 tonnes d’huile d’olive, d’une valeur de 10 millions de dollars des États-Unis.
« Cette situation risque de s’aggraver, car les autorités israéliennes révoquent de plus en plus souvent les permis de "coordination préalable", qui sont nécessaires pour que les agriculteurs puissent accéder à leurs terres dans certaines zones, ou ne les délivrent pas », ont averti les experts. « Au cours de la saison 2023, presque toutes ces autorisations ont été annulées et les points de passage pour les agriculteurs le long de la barrière en Cisjordanie ont été en grande partie fermés, ce qui a encore plus entravé l’accès. »
Ils ont exhorté les forces israéliennes à s’abstenir d’interférer avec la récolte d’olives de cette année et à concentrer leurs efforts sur le retrait de l’occupation et le démantèlement des colonies, comme l’a déclaré la Cour internationale de Justice le 19 juillet 2024 et comme l’a réaffirmé l’Assemblée générale le 18 septembre 2024.
« Israël a l’obligation juridique internationale de mettre fin avant tout à son occupation des terres palestiniennes, qui équivaut à une annexion, y compris par la ségrégation raciale et l’apartheid, de cesser immédiatement toute nouvelle activité de colonisation et d’évacuer tous les colons du territoire palestinien occupé. Il est également tenu de réparer intégralement les dommages causés par ses violations des droits humains à toutes les personnes concernées, notamment en restituant les terres et en permettant aux Palestiniens déplacés de rentrer chez eux », ont-ils dit.
Les experts ont déclaré qu’ils suivaient la situation de près et qu’ils continueraient à demander une protection, notamment par le biais d’une présence étrangère jouant le rôle de tampon entre les Palestiniens et leurs agresseurs, et à protéger les agriculteurs palestiniens et leurs familles.
Le Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation présentera son rapport thématique Famine et droit à l’alimentation, notamment dans le contexte de la souveraineté alimentaire du peuple palestinien devant l’Assemblée générale le 18 octobre.
*Les experts : Michael Fakhri, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation ; Pedro Arrojo-Agudo, Rapporteur spécial sur le droit à l’eau potable et à l’assainissement ; Geneviève Savigny (Présidente-Rapporteuse), Carlos Duarte, Uche Ewelukwa, Shalmali Guttal, Davit Hakobyan, Groupe de travail sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales ; Paula Gaviria Betancur, Rapporteuse spéciale sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays ; Balakrishnan Rajagopal, Rapporteur spécial sur le droit à un logement convenable ; Cecilia M. Bailliet, Experte indépendante sur les droits de l’homme et la solidarité internationale ; Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 ; Astrid Puentes Riaño, Rapporteuse spéciale sur le droit humain à un environnement propre, sain et durable
Les Rapporteurs spéciaux relèvent de ce qu’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l’homme afin de traiter de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.
Pour plus d’informations et pour toute demande de la part des médias, veuillez contacter hrc-sr-food@un.org.
Pour toute requête des médias relative à d’autres experts indépendants des Nations Unies, veuillez contacter Dharisha Indraguptha (dharisha.indraguptha@un.org) ou John Newland (john.newland@un.org).
Suivez les actualités des experts indépendants des droits de l’homme des Nations Unies sur Twitter : @UN_SPExperts.
Situation dans le Territoire palestinien occupé et en Israël
Mots-clés
VOIR CETTE PAGE EN :