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Les experts de l’ONU indignés par les frappes israéliennes sur les civils réfugiés dans les camps de Rafah
29 mai 2024
GENÈVE (le 29 mai 2024) – Les frappes aériennes israéliennes sur un camp abritant des civils déplacés à Tal al-Sultan à Rafah, qui auraient fait au moins 46 morts dont 23 femmes, enfants et personnes âgées dans la nuit de dimanche à lundi, sont un scandale, ont déclaré aujourd’hui plusieurs experts de l’ONU*, exigeant une action internationale décisive pour mettre fin à l’effusion de sang dans la bande de Gaza.
« Des images déchirantes de destruction, d’exode et de mort nous parviennent de Rafah, dont des enfants démembrés et des personnes brûlées vives », ont dénoncé les experts. « Selon les informations recueillies sur le terrain, ces frappes ont été menées de manière aveugle et disproportionnée, les personnes étant piégées à l’intérieur de tentes en plastique qui ont pris feu, ce qui a entraîné un nombre effroyable de victimes. »
« Ces attaques barbares sont une violation flagrante du droit international. Elles constituent également une atteinte au respect de la personne humaine et à notre humanité collective », ont déclaré les experts.
Au moins 46 Palestiniens auraient été tués lors d’une frappe aérienne d’Israël à Tal al-Sultan, à Rafah, dans la nuit du dimanche 26 mai 2024, et des centaines d’autres auraient été victimes de graves brûlures. Mardi, une autre attaque à al-Mawasi, dans l’ouest de Rafah, aurait tué 21 Palestiniens, dont 13 femmes.
« Le fait de cibler aveuglément des sites connus pour abriter des Palestiniens déplacés, dont des femmes, des enfants, des personnes handicapées et des personnes âgées en quête d’un refuge constitue une grave violation des lois de la guerre et un triste rappel du besoin urgent de mener une action internationale et d’établir les responsabilités », ont-ils déclaré.
Même si les dirigeants israéliens affirment à présent que les frappes étaient une « erreur », ils en portent la responsabilité juridique internationale. Dire qu’il s’agit d’une erreur ne rendra pas les frappes légales, ne ramènera pas les personnes tuées à Rafah et ne réconfortera pas les survivants en deuil », ont affirmé les experts de l’ONU.
Ces derniers ont rappelé que cette attaque survient peu après une décision historique de la Cour internationale de Justice (CIJ) ordonnant à Israël de mettre immédiatement fin à l’offensive militaire et à toute autre action à Rafah susceptible de conduire à des actes de génocide. Selon les experts, Israël a totalement ignoré cette directive lors de l’attaque de dimanche soir.
« Les ordonnances de la CIJ, comme celle rendue le 24 mai 2024 à l’égard d’Israël, sont contraignantes. Israël, pour ses crimes commis en toute impunité contre le peuple palestinien depuis des décennies et pour son attaque brutale contre la population de Gaza au cours des huit derniers mois, doit s’y conformer », ont ajouté les experts.
Ils ont demandé une enquête internationale indépendante sur les attaques menées contre les camps de déplacés de Rafah. « Les auteurs de ces atrocités doivent être tenus responsables », ont-ils énoncé.
Les experts ont appelé à des sanctions immédiates et à d’autres mesures de la part de la communauté internationale pour faire pression sur Israël afin qu’il se conforme au droit international.
« Le flux d’armes vers Israël doit cesser immédiatement. Il est évident que ces armes sont utilisées pour tuer et mutiler brutalement des civils palestiniens », ont-ils déploré.
Les experts de l’ONU ont exigé un accès humanitaire sans entrave à Gaza et la fin du blocus et des restrictions à l’acheminement de l’aide vitale aux civils dans l’enclave assiégée.
« Cinq pour cent de la population de Gaza a été tuée ou blessée, ce qui est effarant ; plus de 70 % des habitations ont été détruites et plus de 75 % de la population a été déplacée. L’agonie du peuple gazaoui doit cesser », ont-ils déclaré.
Les experts ont exprimé leur profonde frustration face à l’incapacité de la communauté internationale à s’unir pour mettre fin à l’attaque brutale d’Israël, qui a mis en danger aussi bien les Palestiniens que les otages israéliens.
« Cela ne peut être toléré », ont affirmé les experts. « Un cessez-le-feu immédiat et permanent, associé à des mesures significatives visant à recueillir des informations sur les atrocités commises et à en rendre compte, ainsi qu’à garantir les droits fondamentaux des Palestiniens de Gaza, est la seule voie à suivre pour sauver notre humanité. »
*Les experts : Paula Gaviria Betancur, Rapporteuse spéciale sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays ; Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 ; Ashwini K.P., Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée ; Michael Fakhri, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation ; Dorothy Estrada Tanck (Présidente), Laura Nyirinkindi (Vice-Présidente), Claudia Flores, Ivana Krstić, et Haina Lu, Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles ; Carlos Salazar Couto (Président-Rapporteur), Michelle Small, Ravindran Daniel, Jovana Jezdimirovic Ranito, Sorcha MacLeod, Groupe de travail sur l’utilisation de mercenaires ; Tomoya Obokata, Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences ; Gina Romero, Rapporteuse spéciale sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association ; Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs et défenseuses des droits humains ; Siobhán Mullally, Rapporteuse spéciale sur la traite des êtres humains, en particulier les femmes et les enfants ; Mama Fatima Singhateh, Rapporteuse spéciale sur la vente d’enfants, l’exploitation sexuelle d’enfants et les abus sexuels sur enfants ; Surya Deva, Rapporteur spécial sur le droit au développement ; Cecilia M. Bailliet, Experte indépendante sur les droits de l’homme et la solidarité internationale ; Pedro Arrojo Agudo, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme à l’eau potable et à l’assainissement ; Alexandra Xanthaki, Rapporteuse spéciale dans le domaine des droits culturels ; George Katrougalos, Expert indépendant sur la promotion d’un ordre international démocratique et équitable ; Heba Hagrass, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées ; Margaret Satterthwaite, Rapporteuse spéciale sur l’indépendance des juges et des avocats ; Farida Shaheed, Rapporteuse spéciale sur le droit à l’éducation ; Morris Tidball-Binz, Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ; Claudia Mahler, Experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme ; Barbara G. Reynolds (Présidente), Bina D’Costa, Catherine Namakula, Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine ; Aua Baldé (Présidente-Rapporteuse), Gabriella Citroni, Grażyna Baranowska, Ana-Lorena Delgadillo Pérez et Angkhana Neelapaijit, Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires ; Nicolas Levrat, Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités ; Ben Saul, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste ; Balakrishnan Rajagopal, Rapporteur spécial sur le droit à un logement convenable ; Tlaleng Mofokeng, Rapporteuse spéciale sur le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible ; Irene Khan, Rapporteuse spéciale sur le droit à la liberté d’opinion et d’expression ; Olivier De Schutter, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté ; Reem Alsalem, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences ; Robert McCorquodale (Président-Rapporteur), Fernanda Hopenhaym (Vice-Présidente), Pichamon Yeophantong, Damilola Olawuyi, Elzbieta Karska, Groupe de travail sur les entreprises et les droits de l’homme ; Astrid Puentes, Rapporteuse spéciale sur les droits de l’homme à l’eau potable et à l’assainissement.
Les Rapporteurs spéciaux, les Experts indépendants et les Groupes de travail relèvent de ce qu’on appelle les procédures spécialesdu Conseil des droits de l’homme. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l’homme afin de traiter de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.
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