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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Les entraves à l’arrivée de l’aide destinée aux civils assiégés dans le camp de Yarmouk en Syrie pourraient constituer un crime de guerre: Navi Pillay

Syrie: blocage de l'aide

17 Janvier 2014

GENEVE (17 janvier 2014) – La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Navi Pillay a fermement condamné vendredi les entraves répétées aux convois qui tentent désespérément de ravitailler la population assiégée d’environ 18 000 personnes se trouvant dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk en Syrie, tout en précisant qu’ « empêcher l’aide humanitaire d’arriver aux civils désespérément dans le besoin pourrait constituer un crime de guerre. »

« Au cours des quatre derniers mois, de nombreux tentatives, par les Nations Unies et d’autres organisations, d’apporter des convois de nourriture et de médicaments aux enfants souffrant de malnutrition, aux femmes et aux personnes âgées réduits à la famine, ont été entravées. Les civils ont eu accès à très peu d’aide au cours des neuf mois précédents », a déclaré Navi Pillay.

« Les civils, parmi lesquels nombre de femmes et d’enfants, sont pris dans l’impasse entre les forces gouvernementales syriennes et les milices affiliées qui encerclent le camp de Yarmouk et l’assiègent et les groupes armés antigouvernementaux opérant en son sein », a déclaré la Haut-Commissaire.

Un nombre de décès ont été signalés. Ces décès sont dûs à la famine, à la consommation de nourriture avariée et à la pénurie chronique de fournitures et d’expertise médicales pour les personnes malades, blessées et les femmes enceintes piégées dans le camp. La situation est aggravée par l’absence d’électricité et une pénurie sévère en eau. Des civils continuent également à mourir du fait des combats en cours et d’attaques aériennes sporadiques.

« L’étendue de la malnutrition et le nombre de personnes qui en sont mortes, soit directement soit indirectement, ne sont pas connus avec certitude », a déclaré Navi Pillay, « mais il est absolument clair que la situation à Yarmouk est maintenant totalement désespérée et que des civils sont en train de mourir du fait de celle-ci. Les forces gouvernementales et les milices qui leur sont affiliées semblent imposer une punition collective aux civils de Yarmouk. »

La Haut-Commissaire a rappelé que le droit international exige des parties au conflit qu’elles accordent le libre passage de tout envoi de vivres indispensables, de vêtements réservés aux enfants de moins de quinze ans, aux femmes enceintes ou en couches et qu’elles accordent le libre passage de tout envoi de médicaments et de matériel sanitaire.

Les deux principales voies permettant aux secours humanitaires d’accéder au camp de Yarmouk ne peuvent être atteintes qu’à travers une succession de postes de contrôle qui surveillent strictement les entrées et sorties, empêchant les résidents d’accéder aux biens de première nécessité, notamment aux denrées alimentaires et aux médicaments.

Navi Pillay a souligné que le recours à la famine comme arme de guerre contre des civils était interdit par le droit international et pourrait constituer un crime de guerre. Elle a insisté sur le fait que les biens indispensables à la survie de la population civile, tels que des denrées alimentaires et les zones agricoles qui les produisent, les récoltes, le bétail, les installations et réserves d'eau potable et les ouvrages d'irrigation, sont protégés par le droit international. Attaquer, détruire, enlever ou mettre hors d'usage de tels biens est interdit.

« Les tentatives pour fournir de l’aide humanitaire ont été systématiquement contrecarrées, comme ce fût le cas cette semaine lorsqu’un convoi onusien d’aide a été empêché d’entrer à Yarmouk, qu’une fusillade a démarré aux alentours et que le bulldozer l’accompagnant a été l’objet de tirs directs », a déclaré Navi Pillay. « Le fait de lancer des attaques délibérées contre le personnel, les installations, le matériel, les unités ou les véhicules employés dans le cadre d'une mission d'aide humanitaire est un crime de guerre en vertu du Statut de Rome de la Cour pénale internationale », a-t-elle ajouté.

« Le droit international coutumier exige également des parties au conflit d’éviter de placer des objectifs militaires à l’intérieur ou à proximité de zones densément peuplées », a précisé Navi Pillay.

« Toutes les parties au conflit doivent urgemment faciliter l’accès sans restriction de l’aide humanitaire aux civils piégés à Yarmouk, avant que davantage d’enfants ne périssent », a précisé la Haut-Commissaire. « Par ailleurs, une action immédiate doit être entreprise pour assurer le passage en toute sécurité des civils qui souhaitent partir. »

Jusqu’en décembre 2012, plus de 160 000 réfugiés palestiniens vivaient à Yarmouk, une banlieue située juste au sud de la ville de Damas. Une vaste majorité d’entre eux ont fui après que les groupes d’opposition armés soient entrés dans le camp et que les forces gouvernementales aient lancé une attaque. Des petits groupes de civils ont été ultérieurement autorisés à partir par les forces gouvernementales entourant le camp ou ont réussi à s’échapper.

Il est convenu qu’il reste au moins 18 000 personnes à Yarmouk. L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) n’a pas pu y délivrer d’aide depuis septembre l’an passé, à une seule exception en décembre 2013, lors de la livraison de 2 000 doses de vaccins contre la polio.

FIN

Pour toute information ou demande d’interview, prière de contacter Rupert Colville (+41 22 917 9767 / rcolville@ohchr.org), Cécile Pouilly (+ 41 22 917 9310 / cpouilly@ohchr.org) ou Ravina Shamdasani (+41 22 917 9169 / rshamdasani@ohchr.org)

Pour en savoir plus le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme : http://www.ohchr.org/FR/Pages/WelcomePage.aspx

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