La protection des droits humains lors de crises humanitaires : le tremblement de terre en Syrie
29 octobre 2024
Lorsque des tremblements de terre dévastateurs ont frappé le sud et le centre de la Türkiye et le nord-ouest de la Syrie en février 2023, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a rapidement déployé des conseillers pour les droits humains supplémentaires dans le cadre de l’action humanitaire.
Une équipe de spécialistes des droits humains arabophones s’est rendue dans la ville turque de Gaziantep afin d’identifier les lacunes existantes en matière de protection et de veiller à ce que les communautés vulnérables ne soient pas laissées de côté dans les mesures d’urgence prises à la suite de ces séismes.
« L’intégration de la dimension des droits humains dans l’action humanitaire est cruciale », a déclaré Amina Abu Safa, spécialiste des droits humains du HCDH, qui a été déployée sur place afin de soutenir le conseiller pour les droits humains.
« Si elles ne sont pas correctement traitées, les répercussions sur les personnes touchées peuvent engendrer davantage de souffrances et d’injustices qui exacerbent les vulnérabilités et les besoins humanitaires, et qui aggravent la crise », a-t-elle déclaré.
Les crises humanitaires, notamment les conflits, les tremblements de terre et autres catastrophes naturelles entraînent souvent des problèmes sur le plan des droits humains. Le HCDH veille à ce que la protection des droits humains fasse partie intégrante de l’action humanitaire globale, en conseillant les hauts responsables humanitaires et en contribuant à l’élaboration des projets d’assistance, a expliqué Said Almadhoun, spécialiste des droits humains au sein de l’Unité d’action humanitaire de la Section des interventions d’urgence du HCDH.
Selon Amina Abu Safa, la crise humanitaire causée par les tremblements de terre a exacerbé une situation des droits humains déjà désastreuse en Syrie, où un conflit de 13 ans a tué des centaines de milliers de civils et déplacé des millions de personnes.
Les tremblements de terre ont rasé des communautés entières et laissé des centaines de milliers de personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, sans endroit où se réfugier et sans nourriture, eau potable, chauffage et accès à des soins médicaux dans des températures glaciales.
Au cours de l’action humanitaire, il est essentiel de veiller à ce que cette dernière soit inclusive et comprenne une approche fondée sur les droits humains, a déclaré Amina Abu Safa, en mettant l’accent sur l’égalité des genres et les personnes handicapées, parmi d’autres groupes.
Plusieurs activités ont été menées, notamment des missions sur le terrain pour rencontrer les minorités touchées, des consultations avec des partenaires des Nations Unies et des organisations de la société civile, ainsi qu’une collaboration stratégique avec plusieurs acteurs humanitaires.
Le HCDH a également rencontré régulièrement des organisations humanitaires et de défense des droits humains syriennes et membres de son Groupe de référence sur les droits humains, basé à Gaziantep, afin d’échanger des informations et de s’informer sur les préoccupations en matière de protection ainsi que sur les difficultés rencontrées par la communauté des droits humains et des organisations humanitaires.
L’intégration des droits humains
La présence du bureau à Gaziantep a joué un rôle clé dans l’intégration des normes et principes des droits humains dans l’action humanitaire.
« L’expertise des conseillers a contribué à façonner les stratégies et les opérations humanitaires, y compris les efforts visant à garantir les droits des femmes, les droits à la santé, à l’eau et à l’assainissement, à l’alimentation, au logement et à l’éducation, et à protéger les droits des enfants, des personnes disparues, des personnes handicapées, des défenseurs des droits et des groupes vulnérables », a déclaré Abdelaziz Abdelaziz, responsable du bureau du HCDH en Syrie.
Depuis 2015, le bureau soutient l’action humanitaire pour l’« ensemble de la Syrie » menée par les Nations Unies. Les conseillers pour les droits humains du HCDH ont apporté leur soutien à la direction de l’action humanitaire dans chacun des trois centres : Damas, Amman et Gaziantep.
Créé en 2013, le bureau du HCDH en Syrie surveille et rend compte des violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme en Syrie, en faisant la lumière sur la protection, les déplacements, les soins de santé, les abris et les populations vulnérables.
Selon Said Almadhoun et Amina Abu Safa, le travail du HCDH durant les interventions d’urgence à la suite des tremblements de terre aura un impact durable, car il a également permis au HCDH d’établir une base pour ses efforts de promotion et de protection des droits humains dans le nord-ouest de la Syrie. Le bureau n’a pas de présence en Syrie.
« Le fait de travailler main dans la main avec les acteurs humanitaires à Gaziantep au lendemain des tremblements de terre et d’obtenir des informations de première main sur les droits humains a été l’une des valeurs ajoutées de cette initiative », a déclaré Amina Abu Safa. « Cela a été rendu possible grâce au Groupe de référence des droits humains, une structure que nous avons créée en réunissant des acteurs des droits humains et de l’aide humanitaire à Gaziantep. »