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Le HCDH en République de Moldova : fournir un soutien vital aux réfugiés ukrainiens

21 Avril 2022

Des réfugiés ukrainiens arrivent au centre d’accueil pour réfugiés près du village de Palanca, à environ trois kilomètres de la frontière entre la République de Moldova et l’Ukraine, le 17 mars 2022. © EPA-EFE/DUMITRU DORU

Depuis que la guerre en Ukraine a éclaté le 24 février dernier, le HCDH en République de Moldova a joué un rôle déterminant en surveillant les frontières du pays et en mobilisant le soutien nécessaire aux réfugiés entrant dans le pays.

On estime qu’entre le 24 février et le 15 avril, 421 130 réfugiés ont fui pour la République de Moldova et 101 331 d’entre eux ont décidé d’y rester, selon Bea Ferenci, conseillère pour les droits de l’homme en République de Moldova.

Quelque 8 000 réfugiés supplémentaires ayant décidé de rester dans le pays se trouvent dans la région de Transnistrie, entre le Dniestr et la frontière entre la République de Moldova et l’Ukraine, une région qui connait un long conflit. L’aide aux réfugiés dans cette région a son lot de difficultés particulières et accuse encore du retard.  

Le nombre de réfugiés arrivant en République de Moldova est important, car c’est un pays pauvre et petit avec une population de seulement 2,59 millions de personnes, a expliqué Mme Ferenci.

« Nous avons connu le plus grand afflux de réfugiés parmi tous les pays les accueillant, en termes de réfugiés par habitant », a-t-elle déclaré.

Au cœur de la crise

Lorsque l’équipe de Mme Ferenci a fourni pour la première fois un soutien immédiat à la frontière, une file de voitures s’étendait sur 30 kilomètres et des centaines de personnes, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées, attendaient de traverser. Au début du conflit, environ 15 000 personnes traversaient quotidiennement les points de passage de la frontière.

Dès le début, l’équipe a suivi la situation en observant, en parlant aux individus et en identifiant les services nécessaires pour les protéger et les soutenir, notamment en leur assurant un accès à l’information, à un abri, aux services de santé, à de la nourriture, à des vêtements, à l’éducation, à des services de traduction et à l’assistance juridique.

Elle a également suivi la situation dans les centres d’accueil pour réfugiés afin de comprendre les besoins dans ces centres et dans quelle mesure ils étaient prêts à accueillir des personnes appartenant à différents groupes vulnérables, comme les personnes handicapées, les Roms et les familles avec de jeunes enfants.

Bea Ferenci et son équipe ont identifié plusieurs éléments préoccupants, notamment des problèmes de discrimination à l’égard des Roms, des risques de traite et d’exploitation sexuelle, des problèmes de documentation et le manque d’accessibilité des transports, des centres de transit et des abris pour les personnes souffrant de handicaps physiques. Elle a également signalé certains problèmes dans les premiers temps concernant des personnes faisant la queue pendant des heures dans le froid sans vêtements chauds ni couvertures et sans aucune infrastructure en place en matière d’assainissement, d’alimentation et de services.

« Dès que les réfugiés ont commencé à affluer, la communauté s’est mobilisée pour les soutenir », a-t-elle souligné. « La majorité de l’aide provenait de bénévoles, donc il s’agissait principalement de Moldoves se rendant sur place avec des chariots remplis de nourriture et des vêtements, offrant des modes de transport, un logement et plus encore. Il ne fait pas de doute que l’État a apprécié cette mobilisation pendant qu’il s’efforçait de mettre en place les infrastructures nécessaires. »

Même alors que l’État ouvrait des foyers d’accueil, les Moldoves ont ouvert leurs portes aux réfugiés.

« C’était incroyable », a-t-elle ajouté. 

« Les gens se rendent aux points de passage de la frontière et y récupèrent les réfugiés. Ils se rendent même dans les centres d’accueil pour leur offrir une place dans leur foyer. Leur réaction est impressionnante. »

Mme Ferenci a indiqué qu’environ 80 % des personnes présentes sont accueillies par des familles et que beaucoup d’entre elles n’ont aucun lien de parenté. Compte tenu des difficultés économiques que connait la République de Moldova, des programmes d’aide en espèces ont été créés pour aider les familles qui hébergent des réfugiés ainsi que les réfugiés eux-mêmes, a-t-elle ajouté.

« Il y a une certaine sensibilité et un sentiment d’empathie pour les réfugiés ukrainiens », a-t-elle déclaré. « Les Moldoves redoutent aussi que cela finisse par avoir un impact sur le pays. »

Identifier et soutenir les groupes vulnérables les plus à risque

Près de 90 % du nombre total de réfugiés sont des femmes avec des enfants. Ce groupe de population, qui est l’un des plus vulnérables, est exposé à divers risques, dont l’exploitation sexuelle et la traite. 

La minorité rom est également un groupe vulnérable confronté à de nombreux obstacles tels que la discrimination raciale, l’exclusion fondée sur les préjugés et la stigmatisation.

« Les Roms risquent d’être laissés de côté », a déclaré Elena Cuijuclu, bénéficiaire du Programme de bourses de niveau supérieur pour les minorités au bureau du HCDH en République de Moldova. « C’est l’une des plus grandes préoccupations soulevées par les défenseurs des droits de l’homme, les organisations de la société civile et les mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies. »

C’est pour cette raison que le HCDH a décidé d’aider les organisations de la société civile rom à mettre au point un projet de soutien humanitaire aux réfugiés roms en République de Moldova, y compris dans la région de Transnistrie, avec le soutien financier de la Direction suisse du développement et de la coopération. Les Roms ont besoin d’un meilleur accès à l’éducation et à d’autres services de base comme des médicaments et de la nourriture, ainsi que de conseils juridiques en matière de délivrance de documents pour les enfants et les adultes, a déclaré Mme Cuijuclu.  

Les enfants handicapés et leurs familles ont besoin d’aide et de soutien pour s’adapter à des environnements inconnus. En visitant plusieurs centres d’accueil dans différentes parties du pays, Tatiana Cernomorit, spécialiste des droits de l’homme de l’équipe du HCDH en République de Moldova, a constaté que les enfants handicapés, dont ceux atteints de troubles du spectre autistique, s’en sortaient mieux dans les centres plus petits.

Par ailleurs, selon Mme Cernomorit, les enfants handicapés auront besoin de soutien et d’assistance pour être intégrés dans les établissements scolaires. Elle a souligné la nécessité de former davantage les enseignants pour qu’ils puissent adapter leur travail en classe avec les enfants réfugiés, y compris les enfants handicapés, et soutenir leur inclusion.

Elle a également souligné la nécessité d’assurer l’accessibilité des infrastructures d’accueil aux personnes handicapées, notamment avec des blocs sanitaires et des salles adaptés à leurs besoins. Il est également nécessaire de garantir l’accessibilité de l’information (matériel d’information et plateforme en ligne), comme l’interprétation en langue des signes et des formats faciles à lire, afin que ces personnes puissent recevoir des informations importantes sur leurs droits et services.  

« Nous avons aussi besoin de sensibiliser le public, car les personnes souffrant de handicaps psychosociaux et intellectuels font partie des groupes de personnes handicapées les moins acceptés dans notre société », a-t-elle déclaré.

Le Gouvernement dispose désormais de l’infrastructure nécessaire pour aider les réfugiés qui arrivent et collabore avec l’ONU pour élaborer des plans d’action en matière de protection. Par exemple, un groupe de travail sur la protection a été créé pour aborder les risques et les préoccupations des groupes vulnérables et, grâce au travail de plaidoyer effectué par le HCDH, des équipes spéciales sur les réfugiés handicapés et les Roms ont été créées. Plusieurs ONG et ONGI et 16 organismes des Nations Unies concentrent actuellement leurs efforts sur cette question en République de Moldova.

Étant donné que d’autres organismes de l’ONU et ONGI en République de Moldova s’occupent désormais de l’accueil des réfugiés, Mme Ferenci a déclaré que le HCDH se concentre désormais sur les personnes ayant décidé de rester dans le pays, notamment les groupes vulnérables, et cherche à identifier les services dont elles ont besoin sur le long terme. Dans la mesure où ces personnes resteront plus longtemps, d’autres problèmes se poseront et il faudra les résoudre, notamment en s’attaquant à la désinformation, aux discours haineux, à la cohésion sociale et en aidant les personnes ayant des problèmes à plus long terme, notamment en matière de santé mentale.

« Les personnes ayant des problèmes de santé mentale devront avoir un accès régulier à des services de santé mentale et à des médicaments, et auront donc besoin d’un médecin de famille », a déclaré Mme Ferenci. C’est la phase dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Chaque réfugié a sa propre histoire et ses propres besoins.