Diffuser le message des droits de l’homme à travers la musique
07 décembre 2020
Quelle musique évoque les droits de l’homme ?
Pour le compositeur et musicien primé Max Richter, la réponse est Voices, un album qui rassemble des compositions orchestrales et vocales, et qui s’inspire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Max Richter et la cinéaste primée Yulia Mahr ont créé un projet musical et cinématographique pour transmettre ce qu’ils espèrent être une vision positive d’un monde meilleur et plus juste, à l’image de la Déclaration.
Ils nous confient dans cet article ce qui les a poussés à concrétiser cette vision artistique des droits de l’homme.
La Déclaration universelle des droits de l’homme ne semble pas être un sujet évident à transposer en musique. Qu’est-ce qui vous a inspiré à créer Voices ?
Max Richter : Il y a quelque chose de tellement fondamental dans les mots de la Déclaration ; ils ont quelque chose de magique, en quelque sorte. Leur son évoque vraiment la justice naturelle. C’était une véritable source d’inspiration de penser à ce texte, donc c’est en fait très naturel de vouloir y répondre de manière artistique.
Yulia Mahr : L’histoire de ma famille reflète l’histoire du siècle dernier en Europe : mes grands-parents ont fui le fascisme et les nazis et ont passé 20 ans au Chili. Ma grand-mère... m’a appris à comprendre les droits de l’homme et l’importance de l’individu dans l’ordre des choses. En période de grands bouleversements mondiaux, les droits de l’homme sont mis à rude épreuve. Et [Max et moi] avons commencé à réfléchir au fait que ce document est absolument magnifique et l’aboutissement de quelque chose, n’est-ce pas ? Son but est de nous guider.
La chanson All Human Beings porte sur le premier article de la Déclaration universelle. Dans le cadre de votre projet, vous avez enregistré cette chanson dans plusieurs langues différentes, pourquoi ? Et saviez-vous que la Déclaration universelle des droits de l’homme est le document le plus traduit au monde, selon le livre Guiness des records ?
Max Richter : La Déclaration est un document universel dans tous les sens du terme. Il semblait donc naturel d’inclure autant de langues que possible. Nous avons enregistré une dizaine de versions grâce à la production participative. L’idée est d’avoir autant de points d’accès à la musique que possible.
Vous défendez tous les deux les idées des droits de l’homme dans le monde de la musique et du cinéma. Vous considérez-vous comme des défenseurs des droits de l’homme ?
Yulia Mahr : Tout le monde devrait défendre les droits de l’homme. C’est un aspect fondamental de l’humanité. L’une des choses dont nous avons pris conscience dès le début du projet est que peu de gens ont lu ce texte. La plupart des gens en ont entendu parler... mais ils ne pensent pas que ce soit pertinent pour eux. Pourtant, quand les gens entendent les mots [de la Déclaration], ils en comprennent la pertinence. Ce texte parle à chaque être humain dans le monde.
Max Richter : Il est normal pour la créativité de graviter vers les choses qu’on pense être importantes et les choses dont on pense vouloir parler. Je pense que c’est naturel. Comme le disait Nina Simone, « Il est naturel pour les artistes de parler de l’époque dans laquelle ils vivent ». Un projet comme celui-ci fait partie de cette tradition.
L’album Voices sera diffusé pour la première fois à l’occasion de la Journée des droits de l’homme, le 10 décembre. Pourquoi était-ce important de sortir l’album ce jour-là ?
Max Richter : C’est une merveilleuse occasion de célébrer les droits de l’homme, de s’en souvenir, d’en parler et de diffuser largement son message. Voices porte avant tout sur le texte de la Déclaration. Il semble donc normal d’essayer de le présenter de cette façon ce jour-là.
Le message principal de la Journée des droits de l’homme cette année est « Reconstruire en mieux : défendons les droits de l’homme ». Qu’est-ce que « mieux » signifie pour vous, et comment les artistes peuvent-ils nous aider à nous relever de la crise ?
Yulia Mahr : Le monde entier est mis à rude épreuve, donc l’interaction humaine est mise à rude épreuve. Mais j’espère que les gens en sortiront avec un grand sens de la compassion. Peu importe qui nous sommes, peu importe dans quel pays nous vivons, tout est une question de communauté partagée, d’expérience de vie partagée.
Max Richter : Vous savez, la Déclaration nous guide dans une certaine direction, et nous nous sommes en quelque sorte égarés. Le monde dans lequel nous vivons ne reflète pas les valeurs décrites dans la Déclaration. Ce projet est une façon de nous rappeler du potentiel, des possibilités, de la créativité et de l’imagination dont font preuve les êtres humains.
Vous pouvez voir la vidéo officielle de All Human Beings et écouter Max Richter et Yulia Mahr expliquer plus en détail les liens entre la musique et les droits de l’homme durant l’événement en ligne « Reconstruire en mieux : défendons les droits de l’homme », diffusé ici à l’occasion de la Journée des droits de l’homme.
Voices sera diffusé pour la première fois le 10 décembre, Journée internationale des droits de l’homme, sur BBC 3 et sur 35 stations de radio internationales à travers le monde.
7 décembre 2020