L’art pour défendre les droits humains
18 octobre 2024
« Je pense que l’art aide vraiment à renforcer les idées, à clarifier certaines choses qui se passent aujourd’hui. J’ai réfléchi à certains des droits qui, selon moi, ne sont pas respectés au Mexique », a déclaré Eva Jiménez Bracamontes, illustratrice et artiste de rue mexicaine, à propos de sa peinture murale de 28 x 28 m réalisée sur le mur du plus grand marché d’Amérique latine.
La peinture murale, intitulée « Tous les droits, tous les peuples », est située sur le marché « Central de Abastos » à Mexico.
À travers cette peinture, elle a voulu capturer l’essence de sujets pertinents pour la réalité mexicaine, comme les disparitions forcées, le droit à l’alimentation, à l’éducation, à la culture, les migrants, la discrimination et le racisme, entre autres.
« L’art nous sensibilise à ce que nous voyons, à la douleur, aux préoccupations des autres. On peut alors apprendre à construire cette société avec plus d’amour et d’empathie », a expliqué l’artiste.
Cette peinture murale faisait partie d’une série de projets artistiques visant à promouvoir les droits humains au Mexique et à sensibiliser aux enjeux qui s’y rapportent. Dans le cadre de ce projet, qui a été mené pour l’initiative « Droits humains 75 », le bureau du HCDH au Mexique, ainsi que des acteurs clés tels que le Centre d’information des Nations Unies et la Délégation de l’Union européenne au Mexique, ont uni leurs forces pour illustrer les droits humains.
« Les droits humains sont l’un des piliers de l’Union européenne », a déclaré Natalia Barreto Silva, qui supervise les questions relatives aux droits humains au sein de la Délégation de l’Union européenne au Mexique. « Le Mexique est un pays merveilleux, mais de graves violations des droits humains s’y produisent. Il est donc nécessaire que les organismes internationaux travaillent ensemble pour les droits humains. »
Chanter pour les droits humains
L’art visuel n’a pas été le seul moyen utilisé par ce partenariat pour donner vie aux droits humains. Pour Natalia Barreto Silva, cela devait aussi passer par la musique.
« Il existe des exemples théoriques et rigoureux d’activités de plaidoyer. Mais il y a aussi de très belles initiatives. Par exemple, nous avons réussi à composer une chanson poignante avec des artistes extraordinaires », a-t-elle déclaré.
Des musiciens de renommée mondiale comme Aterciopelados, Dr. Shenka, Susana Baca et Enrique Bunbury ont créé et collaboré à la chanson Liberté, dont la vidéo a déjà été visionnée plus d’un million de fois sur YouTube.
La chanson rend hommage aux défenseurs et défenseuses des droits humains vivants et assassinés, symbolisant l’espoir d’un avenir empreint de justice. Elle souligne l’importance du droit de vivre dans la dignité, de se réunir, de s’exprimer librement, de cultiver des aliments, de briser les chaînes de l’oppression. Elle critique également ceux qui font la guerre et empêchent l’amour d’être la force qui aide le monde à réaliser tous les droits pour tous les peuples.
« Faire des chansons contre la guerre n’est pas seulement naturel, c’est aussi nécessaire », a déclaré Andrea Echeverri Arias, membre du groupe de rock colombien Aterciopelados. « Nous sommes colombiens. Nous vivons dans un pays qui est en guerre depuis ma naissance. C’est donc un sujet avec lequel nous avons vécu toute notre vie. »
Pour Héctor Buitrago, également membre d’Aterciopelados, l’art est un outil puissant pour faire passer des messages, dénoncer les injustices et inciter les gens à défendre les droits humains.
« La chanson Liberté a été inspirée par différentes choses. Elle parle du fait de lutter pour les droits alors qu’ils sont menacés de toutes parts, et rend hommage aux défenseurs des droits humains », a expliqué Héctor Buitrago.
Eva Jiménez Bracamontes estime que l’art est un allié de taille pour favoriser la compréhension des droits humains. Elle se réjouit que les Nations Unies travaillent avec des artistes pour ce faire.
« Nous vivons dans des sociétés sous pression, où il existe des situations si graves, si douloureuses, de violations des droits humains, qu’il doit y avoir un moyen de l’exprimer sans violence », a déclaré Natalia Barreto Silva. « L’art est aussi un moyen de libérer toutes ces émotions et de les capturer, que ce soit dans une chanson ou sur un grand mur. »