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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Selon un rapport de l’ONU, la doctrine militaire dite des « quatre coups » est à l’origine d’une crise perpétuelle des droits humains au Myanmar

03 mars 2023

Village de Sen Zin Village, district de Mohnyin, canton de Hpakant © 21st Century Aerospace Technology (image de gauche) et Chang Guang Space Tech (image de droite). L’analyse est attribuée uniquement à UNITAR-UNOSAT.

GENÈVE (le 3 mars 2023) – Selon un rapport publié aujourd’hui par le HCDH, l’armée du Myanmar a créé une crise perpétuelle des droits de l’homme en recourant continuellement à la violence, notamment en tuant, en arrêtant arbitrairement, en torturant et en faisant disparaître des opposants au coup d’État.

« Deux ans après le coup d’État militaire, les généraux se sont lancés dans une politique de la terre brûlée pour tenter d’éradiquer l’opposition », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk.

« Tragiquement, les efforts régionaux et mondiaux en faveur de la paix et de la retenue sont largement tombés dans l’oreille d’un sourd. Les militaires, enhardis par une impunité permanente et absolue, ont constamment fait preuve de mépris pour les obligations et les principes internationaux. Il faut agir sur le terrain de toute urgence pour mettre fin à cette catastrophe qui s’envenime. »

Ce rapport fait écho aux appels lancés par le Conseil de sécurité et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) en faveur, notamment, d’un arrêt immédiat de la violence, de la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement, de l’obligation de rendre des comptes et d’un accès humanitaire sans entrave.

Il fait état d’une litanie de violations des droits humains entre le 1er février 2022 et le 31 janvier 2023, accompagnées d’une forte augmentation de la violence, en particulier dans les régions du nord-ouest et du sud-est du Myanmar.

Il cite plusieurs sources fiables, qui ont pu confirmer la mort d’au moins 2 940 personnes et 17 572 arrestations par l’armée et les entités qui lui sont affiliées depuis le coup d’État. Près de 80 % des 330 communes du pays ont été touchées par des affrontements armés.

L’armée utilise sa méthode dite des « quatre coups » : des frappes aériennes et des tirs d’artillerie aveugles, la destruction de villages pour déplacer les populations civiles et le refus de l’accès humanitaire. L’objectif est d’empêcher les groupes armés organisés non étatiques et d’autres éléments armés antimilitaires d’avoir accès à de la nourriture, à des fonds, à des renseignements et à des recrues.

Parmi les nombreux incidents de frappes aériennes, le 16 septembre, dans le village de Let Yet Kone (canton de Tabayin, Sagaing), quatre hélicoptères ont ouvert le feu sur une école, tuant au moins six enfants et en blessant neuf autres. Une soixantaine de soldats, déployés au sol, auraient attaqué le village, exécuté un technicien travaillant dans l’école et cinq villageois, puis arrêté les enfants blessés et les enseignants.

Durant un autre incident, le 20 octobre, une frappe aérienne contre un hôpital récemment ouvert dans le village de Man Yu Gyi, dans le canton de Banmauk, à Sagaing, a tué une femme et en a blessé cinq autres. Selon une source, l’hôpital avait été inauguré la veille et les victimes étaient toutes des volontaires.

L’une des tactiques les plus fréquemment utilisées par les militaires est l’incendie systématique et généralisé des villages et des habitations. Conformément à leur mode opératoire documenté depuis des décennies, notamment dans l’État kachin en 2011 et dans l’État rakhine en 2017, les rapports de l’ONU indiquent que près de 39 000 maisons ont été brûlées ou détruites dans le pays lors d’opérations militaires depuis février 2022, ce qui représente une multiplication par plus de 1 000 par rapport à 2021.

Sagaing a été la région la plus touchée, représentant plus de 25 500 maisons. Lors d’un incident le 1er mai 2022 à Ah Shey See, dans le comté de Kale, dans la région de Sagaing, des images satellitaires donnent à penser que la quasi-totalité du village a été incendié, 621 structures ayant été détruites. Des images satellites, ainsi que divers témoignages recueillis suggèrent qu’entre le 16 et le 28 septembre dans le canton de Taze (Sagaing), les militaires ont détruit 458 maisons et endommagé 319 autres habitations dans huit villages au cours d’une série de raids et d’attaques.

La mauvaise gestion de l’économie par les militaires a provoqué une véritable crise économique pour une grande partie de la population, le taux de pauvreté ayant doublé par rapport à mars 2020. Près de la moitié de la population vit désormais dans la pauvreté et les populations rurales seraient menacées de famine alors que l’armée impose de nouvelles restrictions d’accès aux zones touchées par la violence et le conflit. Pour aggraver la situation, les principales voies d’approvisionnement ont été bloquées, empêchant les acteurs humanitaires d’atteindre les 17,6 millions de personnes dans le besoin.

« L’armée a également adopté des règles, dont la loi martiale, destinées à cibler l’opposition au coup d’État et à restreindre sévèrement l’espace civique qui avait contribué de manière significative à la transition démocratique du Myanmar », a déclaré M. Türk.

« À travers le Myanmar, la population est continuellement exposée à des violations et à des crimes, notamment des meurtres, des disparitions forcées, des déplacements, des actes de torture, des arrestations arbitraires et des violences sexuelles. Il existe des motifs raisonnables de croire que l’armée et les milices qui lui sont affiliées continuent d’être responsables de la plupart des violations, dont certaines peuvent constituer des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre », a indiqué le Haut-Commissaire.

Lire le rapport complet

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