Réflexions sur les progrès accomplis et renouvellement des engagements en faveur de l’égalité des sexes
« Un monde où les hommes et les femmes sont égaux est un monde plus accessible, plus libre et plus pacifique », a déclaré Pashtana Dorani. « C’est un monde fascinant, où les hommes et les femmes ont un salaire égal, un monde où on ne dit pas aux filles et aux garçons quelle couleur est pour qui, ou on ne leur dit pas qu’elles et ils ne peuvent pas faire de sport ou faire quoi que ce soit. »
Cette jeune femme de 24 ans milite pour les droits politiques et civils en Afghanistan. Elle est la fondatrice et la directrice générale de LEARN, une ONG qui continue de promouvoir l’apprentissage pour les filles en Afghanistan malgré l’interdiction imposée aux filles d’accéder à l’enseignement secondaire, qui a pris effet dans le pays après la prise de pouvoir par les Taliban en 2021.
Les efforts menés par les défenseuses des droits humains comme Pashtana Dorani continuent d’être indispensables pour les droits des femmes et des filles.
« Nous sommes témoins du courage des femmes et des filles en Afghanistan et en République islamique d’Iran qui réclament la fin de la discrimination systématique à leur encontre ainsi que des réformes socioéconomiques et juridiques pour garantir leurs droits et la justice », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Volker Türk.
Toutefois, les droits des femmes et l’égalité des genres sont menacés, a-t-il ajouté.
Les sociétés voient la résurgence de discours conservateurs qui relèguent la femme à un rôle secondaire, avec la montée de « discours autoritaires, patriarcaux et misogynes qui récompensent la masculinité toxique et légitiment le sexisme », a déclaré M. Türk.
Les réactions hostiles aux droits humains des femmes et à l’égalité des genres a atteint de nouveaux sommets, avec une escalade d’attaques contre l’égalité des sexes et les droits des femmes dans le monde entier, a déclaré Hannah Wu, cheffe de section des droits humains des femmes et de l’égalité des sexes du HCDH.
« La communauté internationale doit prendre des mesures fortes pour faire face aux situations urgentes où des femmes et des filles risquent leur vie pour réclamer le respect des droits humains et l’égalité », a-t-elle déclaré.
Des progrès ne pourront jamais être réalisés si nous ne nous attaquons pas aux causes profondes de la discrimination et de l’inégalité fondées sur le genre, a-t-elle ajouté.
« L’utilisation abusive de la culture et de la religion est à l’origine du fléau de la discrimination fondée sur le genre », a expliqué Mme Wu. Elle a appelé à une approche plus globale pour faire progresser les droits humains des femmes et des filles, en mettant l’accent sur la prévention plutôt que sur la réaction.
Réflexions sur les progrès accomplis
Afin de poursuivre la lutte pour l’égalité des sexes avec une détermination inébranlable, les sociétés et les individus doivent s’inspirer des progrès réalisés en matière de droits des femmes au fil des ans. Il faut reconnaître les progrès considérables qui ont été accomplis, tout en sachant qu’il reste encore un long chemin à parcourir.
Il y a près de 75 ans, la Déclaration universelle des droits de l’homme était rédigée, énonçant pour la première fois les droits fondamentaux devant être universellement protégés. La Déclaration universelle des droits de l’homme a inspiré des lois, des législations et même des mouvements qui se sont efforcés de garantir la dignité, la liberté et la justice pour tous.
Les femmes ont joué un rôle essentiel dans la rédaction de la Déclaration universelle. Eleanor Roosevelt fut à la tête du comité de rédaction. Par ailleurs, c’est grâce à la suggestion de la rédactrice indienne Hasna Mehta que la formulation originale du document a été modifiée de « tous les hommes » à « tous les êtres humains » tout au long du document, démontrant ainsi que l’égalité des sexes n’était pas négociable.
« La DUDH est un excellent moyen d’accéder à tous les droits humains », a déclaré la militante afghane Pashtana Dorani.
Pourtant, cette promesse de dignité et d’égalité pour tous n’est pas une réalité pour de nombreuses femmes dans le monde, qui voient leur espace de protestation et d’expression sévèrement réduit ou disparaître, a-t-elle déclaré. C’est particulièrement le cas pour les femmes et les filles dans leur pays d’origine, a-t-elle ajouté.
« Les personnes au pouvoir doivent être tenues responsables si elles ne mettent pas en pratique la DUDH », a déclaré Mme Dorani.
Un combat sans fin
Nous devons nous unir contre les discours hostiles aux droits et à l’égalité des sexes, a déclaré M. Türk. « Nous devons aborder l’égalité des sexes de manière globale, en reconnaissant l’interdépendance et l’indivisibilité des droits humains des femmes. »
Les actions en faveur de la promotion des droits des femmes et de l’égalité des sexes sont un volet important des engagements du HCDH et sont au cœur de tous les aspects de notre travail, a déclaré Mme Wu. En collaboration avec les États, les organisations de la société civile, les partenaires des Nations Unies et d’autres parties prenantes, le HCDH aide notamment à réformer les lois et les politiques discriminatoires, à éliminer la violence fondée sur le genre et à lutter contre les stéréotypes liés au genre.
Le cas du Sénégal illustre la complexité de mener une lutte efficace contre la discrimination à l’égard des femmes en politique. En 2010, le pays a adopté une loi novatrice sur la parité hommes-femmes, qui a permis aux femmes d’occuper plus de 44 % des sièges à l’Assemblée nationale. Malgré cela, d’immenses difficultés subsistent dans la mise en œuvre de la loi.
« La place des femmes en politique au Sénégal reste contestée, et la violence les touche même au sein du Parlement », a déclaré Robert Kotchani, représentant régional du bureau du HCDH en Afrique de l’Ouest. « Les lois révolutionnaires ne suffisent pas. Les gouvernements doivent passer de la parole aux actes, et c’est là que nous devons poursuivre notre plaidoyer et soutenir la société civile, de manière à faire pression pour qu’elles soient mises en œuvre et faire de la parité une réalité. »
Luttant parfois contre ses sentiments de colère et de désespoir, Pashtana Dorani s’est dite déterminée à canaliser son énergie pour poursuivre son militantisme.
« En tant qu’activistes, agissons car nous savons que si nous ne passons pas à l’action, toutes les voix seront étouffées. Nous n’avons pas le choix, c’est à nous de le faire », a-t-elle affirmé.
Dans son appel à l’action, elle encourage les gens à s’exprimer et à lutter contre les violations des droits des femmes et des filles.
« Ce n’est pas parce que quelque chose ne se passe pas dans votre pays que cela ne vous concerne pas », dit-elle. « Un monde inégal pour une fille afghane est un monde inégal pour vous-même, pour votre famille et pour toutes les femmes. »