Une artiste de hip-hop défend les droits humains
05 janvier 2024
Pour la chanteuse de hip-hop et militante des droits humains Iveth, originaire du Mozambique, la musique a le pouvoir de lutter contre l’injustice et de faire changer les choses.
« La musique est un langage universel. Parfois, on ne comprend pas ce que dit une chanson, mais on le ressent », explique-t-elle.
Ainsi, lorsqu’on lui a demandé d’écrire une chanson pour le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’artiste, qui vient de Maputo, a opté pour un thème qui combine rythme et expression artistique, et paroles engagées dénonçant l’oppression et l’injustice sociale, caractéristiques de son style.
« La seule chose que je voulais avec cette chanson, c’était faire de la musique, une musique pleine de rythme que l’on peut ressentir en son for intérieur. Je voulais aussi toucher les jeunes et leur faire comprendre l’histoire des droits humains et comment nous en sommes arrivés là aujourd’hui. »
« Leave no one behind, hey, hey »
Iveth, de son vrai nom Ivete Mafundza Espada, est l’auteure de la chanson de rap « Leave no one behind » (ne laissons personne de côté), qui est sortie le mois dernier sur diverses plateformes de musique.
La chanson commence par l’extrait d’un discours d’Eleanor Roosevelt, qui a joué un rôle de premier plan au sein du comité ayant rédigé la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948, puis retrace l’histoire des droits humains depuis le Code d’Hammourabi et l’ère de l’esclavage et du colonialisme en Afrique jusqu’aux mouvements féministes et de défense des droits des peuples autochtones et aux objectifs de développement durable.
Iveth est également avocate et travaille pour le bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) au Mozambique. C’est sa collègue du HCDH, Ana Mesquita, qui a eu l’idée de la chanson.
Le fait de devoir composer et produire cette chanson dans un laps de temps très court a été relativement stressant et le refrain a nécessité plusieurs prises, mais une fois finie, elle lui a semblé parfaite.
« Je voulais que les gens réfléchissent à la Déclaration, à ses origines, à notre situation actuelle et à ce que nous voulons pour nous et pour les générations futures. Je veux faire réfléchir les gens et leur faire comprendre que nous sommes tous égaux en dignité et en droits. »
Rappeuse depuis son adolescence, Iveth a sorti son premier single, « Rise and be Happy », en 2005. Depuis, l’artiste primée a produit plusieurs singles et un album, « O convite » (L’invitation), et a collaboré avec de nombreux chanteurs de hip-hop, prêtant sa voix rauque si particulière à des questions telles que le féminisme et la lutte contre les violences domestiques.
En 2012, Iveth a été invitée par le Département d’État américain à participer à un forum sur le hip-hop et l’engagement civique organisé par l’International Visitor Leadership Program, au cours duquel elle a représenté le hip-hop mozambicain. Elle a également participé à plusieurs campagnes et causes sociales en tant qu’ambassadrice de bonne volonté.
Pour Iveth, chanter du hip-hop et être avocate et militante des droits humains ne font qu’un. Comme elle l’explique, la musique hip-hop fait depuis longtemps partie intégrante des mouvements de protestation et de revendications en faveur du changement.
« Je me considère comme quelqu’un de profondément influencé par le hip-hop dans ma façon d’être. Le hip-hop a été pour moi une source d’inspiration en matière de justice sociale. Quand les gens me demandent si je suis une rappeuse ou bien une avocate et une militante des droits humains, je réponds que je suis les deux à la fois. Mais c’est le rap qui m’a montré la voie. »
La chanson « Leave no one behind », sur laquelle figure également le rappeur Hot Blaze, fera partie du nouvel album d’Iveth, dont la sortie est prévue en 2024.