Les femmes et les filles méritent un accès total à la sécurité sociale
21 juillet 2023
Le droit à la protection sociale est un droit humain, mais un grand nombre de femmes et de filles ne peuvent toujours pas y accéder, selon une note d’information sur la protection sociale publiée récemment par le HCDH.
« En période d’instabilité sociale et économique, la protection sociale préserve les personnes les plus touchées », a déclaré Mahamane Cisse-Gouro, directeur de la Division des mécanismes relevant du Conseil des droits de l’homme et des instruments relatifs aux droits de l’homme du HCDH. « Elle contribue à prévenir l’exclusion sociale et à promouvoir l’inclusion sociale. »
La pandémie de COVID-19, les urgences climatiques et les conflits émergents qui en découlent, ainsi que l’accroissement des inégalités, ont encore aggravé le fossé entre les hommes et les femmes en matière de sécurité sociale, a ajouté M. Cisse-Gouro.
D’autres raisons de cet écart sont liées à la place des filles dans la société : leur éducation peut être interrompue en raison d’une grossesse précoce, d’un mariage précoce ou forcé, ou elles risquent de devoir s’occuper de la plupart des tâches domestiques, ce qui réduit leur accès à l’emploi formel et à une couverture sociale basée sur des cotisations, a-t-il indiqué.
Les femmes occupent également les emplois les moins bien rémunérés. Leur rôle en matière de reproduction et de soins les contraint souvent à renoncer à un emploi formel ou à en interrompre l’accès. Les femmes âgées sont souvent confrontées à un écart de pension par rapport aux hommes, a-t-il souligné.
Selon Michele LeVoy, directrice de la Plateforme pour la coopération internationale pour les personnes migrantes et sans-papiers, cela est particulièrement vrai pour les femmes migrantes qui sont plus susceptibles d’avoir des emplois où la santé et la sécurité au travail ne sont pas assurées.
« L’un des principaux obstacles à l’accès des femmes migrantes sans papiers aux services ou à la justice est la crainte d’être détenues et expulsées », a déclaré Mme LeVoy lors de la table ronde.
Selon M. Cisse-Gouro, pour surmonter tous ces problèmes, les femmes elles-mêmes doivent avoir leur mot à dire dans les décisions qui les concernent le plus.
« C’est le moyen le plus efficace de trouver des solutions et de garantir que leur droit à la protection sociale soit pleinement respecté », a-t-il déclaré. « Pourtant, les hommes continuent d’être surreprésentés dans les parlements nationaux et les femmes sous-représentées aux postes de direction dans le secteur privé et les syndicats. Les femmes ne participent pas suffisamment à la vie publique et politique en ce qui concerne l’élaboration et l’influence des politiques de protection sociale. »
Ne laisser personne de côté
Yamikani, 17 ans, voit ces combats se dérouler tous les jours au Malawi, où la pauvreté est extrêmement élevée et où de nombreuses personnes n’ont pas les moyens de se nourrir trois fois par jour. Selon la jeune militante, 60 % des enfants au Malawi vivent dans la pauvreté et les familles luttent pour subvenir aux besoins fondamentaux de leurs enfants.
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Promouvoir l’implication des filles et des femmes dans la protection sociale garantit l’égalité des sexes
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Yamikani, greffière du Parlement des enfants du district et membre du Parlement national des enfants, au Malawi
La protection sociale permet de proposer aux individus des transferts en espèces, de la nourriture, des travaux publics et des centres d’accueil, des subventions pour les intrants agricoles et des frais de scolarité. Au Malawi, les transferts sociaux en espèces ne couvrent que 12 % des enfants vivant dans la pauvreté, et seuls 2,1 % de tous les enfants de moins de 5 ans sont couverts par des programmes sociaux en espèces, a expliqué Yamikani lors de la table ronde du Conseil.
« Je suis particulièrement préoccupée par le fait que la participation des filles et des femmes aux processus de prise de décision en matière de protection sociale n’est pas suffisante et n’est pas prise au sérieux », a-t-elle déclaré. « En nous donnant les moyens d’agir et en valorisant nos points de vue, nous pouvons contribuer à la création de politiques et de programmes de protection sociale qui répondent véritablement à nos besoins, décident des bonnes approches, donnent la priorité aux enfants qui en ont vraiment besoin et les ciblent. »
Monica Ferro, directrice du Bureau du Fonds des Nations Unies pour la population à Genève, a abondé dans ce sens et a ajouté que la participation et les capacités de direction des femmes nécessitent l’égalité des genres.
« Nous avons besoin d’une économie mondiale qui élimine tous les obstacles et donne aux femmes les moyens de choisir leur avenir, de prendre leurs propres décisions », a-t-elle déclaré. « Les régimes de protection sociale jouent un rôle essentiel à cet égard. Par ailleurs, une société et une économie respectueuses de l’égalité des genres et où les femmes ont les mêmes chances et résultats sur le marché du travail et dans les secteurs public et privé rendront les systèmes de protection sociale plus inclusifs et plus durables. »
Cependant, dans de nombreux pays, les femmes continuent de se heurter à des obstacles. Yamikani a expliqué qu’au Malawi, comme dans d’autres pays, les inégalités entre les hommes et les femmes persistent dans les domaines de l’éducation, de la santé et des perspectives économiques. La participation des femmes et des filles contribue à la conception et à la mise en œuvre de programmes de protection sociale inclusifs, a-t-elle expliqué.
« En nous faisant participer activement à la prise de décision, en tant que femmes et filles, nous remettons en question les mauvaises pratiques et les structures de pouvoir qui perpétuent les inégalités des genres », a-t-elle déclaré. « C’est grâce à notre participation active que nous pouvons faire en sorte que la protection sociale réponde aux besoins et aux droits des femmes et des filles. Si nous sommes tous impliqués de la même manière, nous nous attaquerons aux causes profondes de la discrimination. »