Montrer l’expérience noire au Mexique
« Je voulais raconter l’histoire de ma famille et de ma communauté », explique André Lô Sánchez, un cinéaste et photographe de 35 ans vivant à Mexico, au Mexique. « Mon père est sénégalais et ma mère mexicaine. Je ne connaissais pas le mouvement noir ici quand j’étais petit. »
En grandissant, André a réalisé que la communauté noire n’était pas représentée dans les médias sociaux ou les médias grand public, et qu’il n’y avait pas de modèles noirs à qu’il pouvait s’identifier au Mexique. Les choses devaient changer selon lui.
« On commence à se sentir triste parfois, car on se sent seul », ajoute-t-il. « C’est là que j’ai commencé à réaliser que je devais raconter ces histoires sur l’expérience des Noirs au Mexique. »
André Lô Sánchez a récemment participé au Programme de bourses pour les personnes d’ascendance africaine, un programme de formation aux droits de l’homme intensif destiné aux personnes d’ascendance africaine de la diaspora soucieuses de promouvoir les droits des personnes d’ascendance africaine.
Le cinéaste et photographe se sert de son art pour aborder les questions d’identité, de visibilité et de représentation des personnes d’ascendance africaine dans les médias. À travers ces projets, il œuvre à l’autonomisation des personnes d’origine africaine au Mexique.
« Je ne suis pas seulement une personne noire, bien que ce soit une part importante de mon existence », indique-t-il. « Cependant, il est très fréquent de rencontrer des personnes non racisées qui pensent que nous seuls, en tant que personnes d’ascendance africaine, avons une identité. Je pense que si nous discutions davantage de ces concepts, nous pourrions mieux nous comprendre. »
André Lô Sánchez aborde ces sujets difficiles liés à la question des personnes d’ascendance africaine au Mexique sur TikTok (@loafb) et dans le cadre de Cardumen Lab, un projet collaboratif de création artistique qui vise à raconter des récits positifs sur sa communauté à travers le prisme de la lutte contre le racisme et de l’inclusion sociale. Il a élaboré des programmes de formation fondés sur une approche antiraciste pour plusieurs organisations sociales, communautés afro-mexicaines, militants et institutions de défense des droits de l’homme.
En tant que cinéaste, dans son court-métrage Coronas Negras, il a pu explorer l’identité noire au Mexique à travers les cheveux avec sa famille mexicaine sénégalaise.
« Le fait de pouvoir partager avec ma famille l’amour, le travail et le militantisme a été très important pour ma carrière », affirme-t-il.
Apprenez, parlez, agissez !
Le Programme de bourses pour les personnes d’ascendance africaine a été pour André une expérience unique, car il a pu rencontrer en personne des personnes issues de milieux culturels riches et ayant des points de vue différents dans de nombreux domaines.
« Cela enrichira mon travail, car lorsqu’on est avec des personnes qui pensent toutes de la même façon, c’est difficile d’apprendre de nouvelles choses », explique-t-il. « Quand on est dans des espaces où règne la diversité, on est au contraire plus disposés à apprendre de nouvelles choses. »
La Déclaration universelle des droits de l’homme est également pour lui un outil auquel il fait appel quand il pense à la diversité et à l’égalité. L’article 9, qui stipule que nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé, le touche particulièrement.
« Chaque année, les brutalités policières s’intensifient dans la plupart des pays contre des personnes en situation de vulnérabilité. Au Mexique, nous avons maintenant beaucoup de migrants qui sont noirs, et ils souffrent beaucoup à cause de cela », déplore André. « C’est trop difficile pour moi de voyager, car j’ai toujours peur qu’un agent de l’immigration me retienne ou m’agresse simplement parce que je suis Noir. »
Cette crainte découle de ce qu’il a vécu alors qu’il voyageait dans le pays il y a deux ans.
« Un agent de la police fédérale mexicaine nous a arrêtés, moi et mes amis, parce que nous étions noirs. Il nous a dit que le gouvernement leur avait donné l’ordre de détenir toutes les personnes qui nous ressemblaient parce que nous ressemblions à des migrants », décrit-il. « Nous devons mettre fin au profilage racial, non seulement pour les personnes d’ascendance africaine, mais aussi pour tous les peuples du monde. »
*Cet article fait partie d’une série de témoignages de personnes et d’organisations chargées de protéger les droits humains. Les opinions exprimées dans ces contributions ne reflètent pas nécessairement la position et l’avis du HCDH.