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Sécurité alimentaire

Expert de l’ONU : il faut réaffirmer notre engagement envers le droit à l’alimentation

15 Novembre 2022

Une employée est photographiée en train de ramasser des tomates à la ferme de tomates Frank Rudd and Sons suite à l’apparition de la COVID-19, à Knutsford, Grande-Bretagne, le 14 mai 2020. © REUTERS/Molly Darlington

« Il y a un an, la situation politique internationale n’était pas bonne. Cela était dû au manque de réponse multilatérale à la crise alimentaire », a déclaré Michael Fakhri, Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, devant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York.

« Croyez-moi, la résolution sur le droit à l’alimentation de l’année dernière a permis de redonner espoir au monde entier... C’était comme si le monde avait eu le feu vert pour insuffler une nouvelle énergie politique et diplomatique à la lutte contre la crise alimentaire », a-t-il ajouté.

Dans son dernier rapport à l’Assemblée générale, M. Fakhri analyse les problèmes liés à l’insécurité alimentaire et à la nutrition qui ont été mis en évidence pendant la pandémie de COVID-19, une période pendant laquelle les communautés du monde entier ont su s’adapter pour survivre. Elles ont pour cela adopté des solutions résilientes telles que les marchés localisés, les réserves alimentaires publiques et les systèmes publics de distribution alimentaire, ainsi que l’agroécologie, définie par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture comme une approche intégrée qui applique simultanément des concepts et des principes écologiques et sociaux à la conception et à la gestion de systèmes alimentaires et agricoles.

Toutefois, M. Fakhri a souligné que si les gouvernements ont pu mettre en œuvre des mesures d’aide face à la pandémie, comme les transferts directs en espèces, les repas scolaires universels, la protection des droits des travailleurs et la protection sociale, ils doivent continuer à se mobiliser et proposer une réponse multilatérale pérenne à la crise alimentaire mondiale.

Depuis sa dernière intervention devant l’Assemblée générale en 2021, M. Fakhri a constaté que l’insécurité alimentaire s’est aggravée.

Les mesures de confinement qui ont restreint l’accès des producteurs de denrées alimentaires à leurs territoires et forcé la fermeture des marchés informels où ces denrées étaient vendues ont affecté de manière disproportionnée les petits agriculteurs et les moyens de subsistance des acheteurs et vendeurs pauvres des zones urbaines.

L’expert a également souligné que les femmes, qui représentent une part importante des travailleurs du secteur informel et des petits producteurs de denrées alimentaires et qui ont également la responsabilité de nourrir leur famille, étaient souvent les premières à souffrir de la faim. Par ailleurs, les enfants n’ont pas eu accès aux repas scolaires quotidiens durant les confinements. L’expert a également déclaré craindre que davantage d’enfants ne soient poussés à travailler, notamment dans le secteur agricole. L’année dernière, le travail des enfants a augmenté dans le monde pour atteindre 160 millions d’enfants, la première hausse en 20 ans.

Selon M. Fakhri, 50 millions de personnes supplémentaires souffriront gravement de la faim cette année et 19 millions devraient être confrontées à la dénutrition chronique en 2023. Selon les informations recueillies, plus de 60 pays accusent une inflation des denrées alimentaires de 15 % ou plus par rapport à l’année précédente, et environ 60 % des pays à faible revenu se trouvent dans une situation de surendettement ou courent un risque élevé de l’être.

Pour surmonter ces difficultés, l’expert a exhorté les gouvernements à s’appuyer sur ce qui avait fonctionné pendant la pandémie comme réponse immédiate. « De nombreux gouvernements commencent à mettre fin aux mesures d’aide liées à la pandémie. Néanmoins, les mesures telles que les repas scolaires universels et les transferts directs en espèces ont apporté la preuve de ce qu’il est possible de faire pour concrétiser le droit à l’alimentation. Faites en sorte que ces programmes deviennent permanents, ne les arrêtez pas », a-t-il déclaré.

M. Fakhri a également recommandé aux gouvernements de réaffecter leurs budgets existants à la transition vers l’agroécologie, en les exhortant à veiller à ce que leurs populations bénéficient de droits fonciers solides et d’un accès équitable à la terre.

Il a également appelé les États Membres de l’ONU à réaffirmer leur engagement en faveur du droit à l’alimentation en créant une déclaration pour « inspirer et inciter la communauté internationale à coopérer et à s’attaquer à la crise alimentaire ».

« Chaque fois que les gouvernements tardent à mettre en œuvre un programme de sécurité alimentaire cohérent et coordonné, davantage de personnes deviennent plus pauvres, plus malades et plus affamées », a déclaré M. Fakhri.

« Toutefois, ce changement ne se produira pas tant que les travailleurs, les paysans, les pasteurs, les pêcheurs et les peuples autochtones n’établiront pas de nouvelles relations fondées sur la solidarité. » Il s’est avéré que cette démarche apporte des changements réels et équitables. »