Skip to main content

Sénégal : la société civile et les défenseurs des droits humains mobilisés pour des élections transparentes

15 Septembre 2022

Coumba Fall Ven et Ramatoulaye Basse consultent un rapport envoyé par un observateur dans la salle d’observation de la plateforme Ëtu Jamm. Bureau régional du HCDH pour l’Afrique de l’Ouest – Habibou Dia

« En tant que défenseuse des droits humains, je trouve qu’il est important de contribuer à mobiliser les jeunes pour qu’ils défendent leurs droits civils et politiques », affirme Jaly Badiane, militante et blogueuse sénégalaise.

Cette activiste a fait partie du consortium d’organisations de jeunes Sénégal Vote, une initiative « civi-tech » qui a combiné l’engagement des citoyens et l’utilisation des TIC pour encourager la participation des citoyens aux élections, en particulier les jeunes. Cette initiative a été portée par Wa Mbedmi (« ceux de la rue » en wolof), une entité à but non lucratif créée pour contribuer à l’émergence d’une citoyenneté participative.

« En tant qu’entité associative et non partisane, l’Association Wa Mbedmi, œuvre au quotidien pour favoriser l’émergence de citoyens qui s’intéressent à la vie publique, interpellent les décideurs politiques et s’engagent dans des dynamiques collaboratives et communautaires », a déclaré Jaly Badiane. « L’objectif de notre initiative citoyenne est de rendre compréhensibles toutes les informations électorales pertinentes, dans un langage accessible à un grand nombre de citoyens électeurs. »

En effet, afin de contribuer à la fiabilité des élections législatives sénégalaises de 2022, des défenseurs des droits de l’homme et des membres de la société civile ont travaillé sans relâche pour assurer des élections libres, équitables et transparentes.  Parmi ceux-ci figure la Plateforme de veille des femmes pour la paix et la sécurité appelée Ëtu Jamm (« espace de paix » en wolof), une initiative composée de 50 organisations de la société civile féminine sénégalaise et panafricaine, et coordonnée par l’ONG Femmes Africa Solidarité (FAS).

At the Demba Diop stadium voting centre in Dakar, a voter puts her ballot paper in a box at polling station number 1, Senegal, Dakar. © OHCHR WARO - Habibou Dia

At the Demba Diop stadium voting centre in Dakar, a voter puts her ballot paper in a box at polling station number 1, Senegal, Dakar. © OHCHR WARO - Habibou Dia

La plateforme Ëtu Jamm a effectué un suivi et une surveillance de la situation électorale du 30 juillet au 1er août en mettant en place une salle d’observation. Selon Coumba Fall Venn, administratrice du Centre panafricain pour le genre, la paix et le développement et directrice régionale des programmes de la FAS, la plateforme a joué un rôle de premier plan dans l’observation des élections. 

« La Plateforme s’est positionnée comme un mécanisme d’alerte et de réponse rapides face à d’éventuels troubles ou d’autres formes de violences durant les processus électoraux. » « Pour la mettre sur pied, nous nous sommes inspirés de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies et de la Déclaration solennelle des Chefs d’État africains sur l’égalité de genre en Afrique pour une participation effective des femmes dans les processus de paix, la prévention des conflits et la consolidation de la paix. »

Des initiatives telles que la plateforme Ëtu Jamm et Sénégal Vote bénéficient de l’accompagnement du bureau régional du HCDH pour l’Afrique de l’Ouest.

« Le bureau a aidé la plateforme des organisations de femmes à renforcer les capacités des observateurs électoraux, hommes et femmes, en organisant des formations sur les droits de l’homme, le genre et les élections », a déclaré Mouhamadou Sow, analyste de programmes pour le bureau. « Le HCDH a dispensé deux sessions de formation sur deux jours à un groupe de plus de 100 observateurs, hommes et femmes, provenant de différentes régions du pays, qui ont été déployés pour le compte d’Ëtu Jamm afin de surveiller les élections parlementaires. »

Jaly Badiane (left) of the Senegal Vote initiative and Mouhamadou Sow (right) from OHCHR WARO talk to Emmanuel Baloucoune (middle), a volunteer in charge of election observation at the Demba Diop polling centre. © OHCHR WARO - Habibou Dia

Jaly Badiane (à gauche) de l’initiative Sénégal Vote et Mouhamadou Sow (à droite) du bureau du HCDH pour l’Afrique de l’Ouest discutent avec Emmanuel Baloucoune (au centre), bénévole chargé de l’observation électorale au centre de vote de Demba Diop. © Bureau régional du HCDH pour l’Afrique de l’Ouest – Habibou Dia

Senegal Vote a assuré un suivi en ligne avant et pendant les élections. Mame Diarra Bousso Kane a expliqué que dans le cadre du programme, les jeunes ont reçu des outils et du contenu à utiliser en ligne avant le jour des élections.

« Au-delà du suivi en ligne et des campagnes de sensibilisation, nous avons déployé des centaines d’observateurs bénévoles, principalement dans les 14 régions du Sénégal », a-t-elle déclaré. « Ces bénévoles nous ont fourni un retour régulier sur le déroulement de l’élection avec des images et des vidéos que nous avons vérifiées avant de les publier. »

Pendant les élections, Ëtu Jamm a déployé 60 observatrices et 20 journalistes qui ont suivi les élections en temps réel dans 350 bureaux de vote à Dakar et dans les régions. Dans les bureaux de vote, de nombreuses femmes ont demandé conseil aux observatrices et ont reçu l’assurance qu’elles avaient parfaitement le droit d’entrer dans les bureaux de vote pour voter. Les interventions d’Ëtu Jamm et de Senegal Vote ont contribué à ce que le jour des élections soit marqué par peu de violence, tant en ligne que hors ligne.

« Ëtu Jamm a contribué à l’instauration d’une atmosphère calme dans 96 % des bureaux électoraux observés et des opérations de vote, ce qui a permis au scrutin de se dérouler normalement dans les lieux de vote visités et, en fin de compte, d’aboutir à des résultats électoraux transparents et crédibles, sans recours majeurs », a déclaré Mme Venn.