Une directive atteste que les droits de l’enfant s’appliquent au monde numérique
26 mars 2021
« Le monde numérique doit être ouvert aux enfants de manière à ce qu’ils puissent apprendre et jouer en toute sécurité, et [...] les enfants doivent être consultés sur l’évolution du monde numérique et la création des réglementations gouvernementales », a déclaré Philip Jaffé, du Comité des droits de l’enfant.
La déclaration de M. Jaffé fait référence àl’observation générale no 25 sur les droits de l’enfant dans l’environnement numérique, qui vient d’être publiée. Cette observation générale atteste que les enfants ont des droits dans le monde numérique, même si la Convention relative aux droits de l’enfant ne les stipule pas explicitement. Selon Philip Jaffé, ce document montre que les États ont clairement le devoir d’exercer un contrôle réglementaire sur la situation des enfants dans le monde numérique, et de tenir les entreprises responsables de la prise en compte des intérêts des enfants dans la publicité en ligne.
« L’observation générale place les droits de l’enfant au centre de certaines des plus grandes réalisations de l’humanité, au cœur d’une révolution informationnelle et technologique en pleine évolution », a-t-il déclaré.
Cette observation générale a le pouvoir de « recalibrer la relation asymétrique entre les enfants et le secteur des technologies », a déclaré Mme Beeban Kidron, qui préside la 5Rights Foundation, une ONG ayant pour mission d’apporter des changements dans le monde numérique pour qu’il soit adapté aux enfants et aux jeunes. Cette fondation a joué un rôle déterminant afin d’inciter les enfants et les jeunes du monde entier à contribuer aux débats autour de l’observation générale.
« Les droits de l’enfant devraient être appliqués au monde numérique », a-t-elle énoncé. « Je trouve incroyable que cela n’ait pas toujours été le cas, que d’une certaine manière, alors que la technologie numérique s’est développée et est devenue omniprésente, il semble que l’on ait oublié les enfants. »
700 enfants, 27 pays, 2 ans, 1 nouveau guide
L’observation générale est le résultat d’une consultation de deux ans à laquelle ont participé des États, des organisations intergouvernementales, des institutions nationales des droits de l’homme, la société civile, et avant tout des enfants. Plus de 700 enfants et jeunes âgés de 9 à 22 ans et originaires de 27 pays ont été invités à donner leur avis sur la façon dont les technologies numériques affectent leur vie.
Mairéad Reid a fait partie de ces jeunes. Cette Écossaise de 19 ans était membre d’un groupe de travail au sein de l’ONG 5Rights Foundation, qui cherchait à mieux replacer dans leur contexte les droits déjà promis aux enfants par la Convention.
« Il est vital que les jeunes aient leur mot à dire dans tout ce qui les concerne », a-t-elle indiqué. « Nous, les jeunes, savons parfaitement ce que nous avons vécu, nous devons être écoutés et entendus. »
Tarique Kenny, d’Afrique du Sud, est d’accord. Pour ce journaliste de 20 ans et membre du conseil d’administration de RX Radio, l’une des premières stations de radio pour les jeunes et animée par des enfants, ce document permettrait de mettre en application le droit à un accès à Internet de qualité et à un prix abordable dans le monde entier.
« Cela permettra de garantir que les entreprises donnent la priorité à l’intérêt supérieur des enfants afin de s’assurer qu’ils sont protégés dans un environnement numérique », a déclaré Tarique Kenny. « Les barrières linguistiques seront levées afin que tout le monde ait un accès égal et que des logiciels sûrs [...] soient mis en place. »
Outre leur contribution à l’observation générale, les enfants et les jeunes ont également conçu une version adaptée aux enfants. Près de 300 enfants du monde entier ont contribué à la création du document In Our Own Words*, une version plus conviviale et facile à comprendre de l’observation générale. Mason Rickard, un jeune Anglais de 19 ans, a participé à cet ouvrage. « Contribuer à l’observation générale est pour nous l’occasion de nous faire entendre par les adultes », a-t-il expliqué. In Our Own Words est fait par les enfants, pour les enfants.
« Il serait contre-productif d’élaborer un document sur les droits numériques des enfants que les enfants eux-mêmes ne pourraient pas comprendre à cause du jargon juridique et du langage complexe qui y est employé », a-t-il souligné. « In Our Own Words fournit les outils nécessaires pour que les enfants puissent comprendre l’observation générale et réaliser leurs droits. »
Lisez In Our Own Words, la version de l’observation générale no 25 adaptée aux enfants, sur notre site Medium.
26 mars 2021