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Bolivie

La défense des droits de l’homme des migrants dans les camps de quarantaine

10 juillet 2020

Les mesures d'urgence visant à contenir la propagation de la COVID-19 ont notamment entraîné l'instauration de confinements et la fermeture des frontières, qui ont laissé de nombreux migrants livrés à eux-mêmes pour trouver des moyens de rentrer chez eux sans être bloqués.

Tel fut le cas en Bolivie. Le 25 mars, à la suite de l'annonce soudaine du Gouvernement instaurant la quarantaine totale dans le pays, des milliers de Boliviens travaillant dans des pays voisins comme le Chili ont été contraints de rentrer chez eux en toute hâte. Un grand nombre de ces migrants, qui avaient perdu leur travail dans un pays frontalier en raison des mesures de confinement, se sont retrouvés coincés et ont dû attendre pendant plusieurs jours à la frontière ou dans des camps de quarantaine de fortune.

« Durant cette pandémie, les migrants sont non seulement confrontés aux risques et aux menaces qu'ils subissent depuis toujours, mais ils risquent également d'être victimes du virus, de la discrimination, de la stigmatisation, de l'exclusion et des expulsions forcées », a déclaré Alán García, responsable du bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) en Bolivie. « De nombreux Boliviens qui avaient migré dans des pays avoisinants cherchent à présenter à retourner dans leur pays, car ils ont perdu leur travail et veulent retrouver leur famille. »

Jacier, un migrant de 19 ans, en fait partie.

« Je suis allé au Chili pour trouver du travail et prendre soin de ma famille. Maintenant que j'ai perdu mon travail, j'ai hâte de retrouver ma mère et de pouvoir l'aider », a-t-il indiqué.

Les camps de l'incertitude

Le Gouvernement bolivien a mis en place des camps de quarantaine le long de ses frontières avec plusieurs pays, dont le Chili, l'Argentine et le Brésil. Le premier camp de ce type, Tata Santiago, est situé dans le district de Pisiga (Oruro, Bolivie), à la frontière avec le Chili. 

Ce camp, perché à 3 695 mètres au-dessus du niveau de la mer, est surplombé par les Andes et se situe en plein désert.  Quelque 500 personnes, dont des enfants, des personnes autochtones et des personnes handicapées, y occupent 66 tentes.

« Au début, les difficultés résidaient dans le manque de nourriture et d'assainissement adéquat, les conditions de surpopulation, et l'incapacité à respecter les mesures d'éloignement physique nécessaires durant la quarantaine », a déclaré Jackeline Ruiz, spécialiste des droits de l'homme de la mission technique du HCDH en Bolivie. « Beaucoup d'entre eux ne savaient pas quand ils allaient pouvoir quitter le camp ; certains avaient des problèmes médicaux sous-jacents ou d'autres conditions augmentant leur risque d'infection, beaucoup ne pouvaient pas communiquer avec leur famille. »

Face à cette situation, le HCDH et le système des Nations Unies ont coordonné des actions avec les autorités nationales et locales et avec des ONG afin d'améliorer les conditions vie dans le camp et de protéger les droits de l'homme des migrants.

« Dès le début, la mission technique du HCDH en Bolivie a été présente à l'ouverture du camp et durant la vérification initiale de la situation des droits de l'homme, et elle a ensuite fait partie de l'équipe d'organisations soutenant les opérations de maintenance et de supervision du camp », a expliqué Mme Ruiz.

L'objectif principal du HCDH était de renforcer l'approche fondée sur les droits de l'homme en matière d'assistance. Mme Ruiz s'est penchée sur les problèmes liés à la protection afin de garantir la sécurité des femmes, hommes, garçons et filles, et d'assurer leur dignité et l'intégrité dans le camp. Par exemple, elle a diffusé des informations sur la violence fondée sur le genre et sur la non-discrimination, et a promu la participation active de tous dans les activités de coordination du camp.

« Je remercie toutes les autorités et organisations qui se sont occupées de moi pendant la quarantaine au camp Tata Santiago, même si cela m'a pris 27 jours pour rentrer chez moi », a déclaré Ariel, une résidente du camp âgée de 20 ans.

Un enjeu de taille pour les personnes de retour

Grâce à un suivi à distance et en collaboration avec différentes parties prenantes, la mission technique du HCDH a soutenu d'autres camps à Puerto Suarez, à Santa Cruz et à Yacuiba, à Tiraja, ainsi que des centres d'isolement temporaire à La Paz. Ces camps d'isolement temporaire, établis à la frontière avec l'Argentine et le Brésil, sont actuellement fermés ou sont sur le point de l'être.

Des centres d'isolement temporaire ont également vu le jour pour venir en aide aux migrants vénézuéliens à La Paz et dans d'autres villes. Par ailleurs, le Gouvernement a œuvré pour que plusieurs centres d'accueil et autres refuges puissent accueillir d'autres Boliviens venus du Pérou, des États-Unis et d'autres pays.

Le camp Tata Santiago est toujours ouvert mais il ne devrait plus accueillir de nouveaux migrants à l'avenir.

À présent, le principal enjeu est de garantir une réinsertion durable des Boliviens rentrant dans leur pays, a fait remarquer M. García, responsable du bureau du HCDH en Bolivie. Il s'agit notamment de garantir des conditions de vie convenables et l'accès aux soins de santé et à d'autres services essentiels, et de les inclure dans la réponse, la protection sociale et les plans de relance du pays.

Monica faisait partie des premiers migrants boliviens à avoir quitté le Chili et à essayer de rentrer chez elle. Cette femme de 28 ans qui travaillait dans une exploitation de fraises a été l'un des premiers migrants à séjourner à Tata Santiago.  Maintenant qu'elle est à la maison, elle s'inquiète pour l'avenir.

« J'espère que les autorités m'aideront à reconstruire ma vie en Bolivie, à rester avec ma famille et à aider d'autres personnes durant ce moment difficile », a-t-elle indiqué.

 14 juillet 2020