Le rapport sur les objectifs de développement durable contient de nouvelles données mondiales sur les droits de l’homme
14 juillet 2020
Le rapport annuel sur les objectifs de développement durable du Secrétaire général comprend des données cruciales sur les droits de l'homme, notamment des données fournies pour la première fois par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).
Ce rapport évalue les progrès réalisés à l'échelle mondiale dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030* ainsi que les avancées relatives aux 17 objectifs de développement durable*.
Le HCDH a fourni des données sur la discrimination, sur le nombre de civils tués durant les conflits, ainsi que sur le nombre de défenseurs des droits de l'homme, de journalistes et de syndicalistes décédés ou portés disparus. Il existe également de nouvelles données sur les progrès réalisés par les institutions nationales des droits de l'homme.
« L'existence de données sur ce type de questions relatives aux droits de l'homme est essentielle en vue de réaliser les ambitions décrites dans les objectifs de développement durable », a déclaré Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme. « Ces données permettent de reconnaître l'importance des droits de l'homme et contribuent aux efforts déployés par les Nations Unies pour sauver des vies, protéger la population et mieux reconstruire face à la COVID-19 ».
Une discrimination qui touche pratiquement 20 % de la population
Selon des données provenant de 31 pays et couvrant la période 2014-2019, une personne sur cinq a déclaré avoir été personnellement victime de discrimination pour au moins un des motifs interdits par le droit international des droits de l'homme. Les femmes risquent plus souvent d'en faire partie que les hommes.
Le rapport indique également qu'une femme handicapée sur trois a fait l'objet de discrimination. Les principaux motifs de discrimination mentionnés par ces femmes n'étaient pas le handicap en lui-même, mais « la religion, l'ethnicité et le sexe ».
Par ailleurs, la COVID-19 ne fait qu'aggraver la discrimination existante. Selon le rapport, elle « frappe plus durement les personnes les plus vulnérables, et ces mêmes groupes sont souvent victimes d'une discrimination accrue ».
« Les données montrent que la discrimination ne se produit pas en vase clos », continue Nicolas Fasel, statisticien en chef du HCDH. « Les États doivent lutter contre la discrimination de manière plus globale et s'attaquer à ses formes multiples et cumulatives, ainsi qu'à ses conséquences sur la vie quotidienne ».
Selon M. Fasel, le recueil de données ventilées à l'aide d'une approche fondée sur les droits de l'homme est une première étape prometteuse en ce sens.
« Sans données ventilées, la discrimination peut se cacher derrière certaines données, ce qui est en soi une forme de discrimination », a-t-il déclaré.
Des centaines de civils meurent chaque jour lors d'un conflit
Pour la première fois, des données sur le nombre de décès de civils liés à des conflits ont été recueillies concernant 12 des conflits armés les plus sanglants au monde.
Entre 2015 et 2017, 100 civils ont été tués chaque jour lors d'un conflit armé. Un décès sur huit était une femme ou un enfant.
L'objectif de développement durable 16.1 a pour ambition de réduire nettement, partout dans le monde, toutes les formes de violence et les taux de mortalité qui y sont associés, et les décès liés aux conflits enregistrés servent d'indicateur pour aider à mesurer les progrès réalisés en la matière.
Les données disponibles ont montré que la plupart des décès étaient causés par des armes lourdes et des munitions explosives (34,8 %), des explosifs plantés et des munitions non explosées (24,2 %) ou des armes légères et de petit calibre (13,0 %), et que 22,5 % de ces décès restent inexpliqués.
Mme Bachelet a noté que la collecte de ces données – grâce à un effort de collaboration entre différentes ONG, le HCDH et d'autres acteurs sur le terrain – montre qu'un long chemin reste à parcourir pour parvenir à une réduction significative de la violence.
« L'histoire nous montre que les guerres ravagent nos sociétés et marquent à jamais des générations entières », a-t-elle déclaré. « Ces données servent à prendre des décisions au niveau national et international, notamment sur les armes, le soutien fourni par les Nations Unies aux forces de sécurité n'appartenant pas à l'ONU, les priorités en matière de développement social, et éventuellement les mesures à prendre en matière d'établissement des responsabilités. »
Les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes et les syndicalistes toujours particulièrement menacés
Selon les conclusions du rapport, garantir l'accès public à l'information et protéger les libertés fondamentales (cible 16.10 des objectifs de développement durable) restent un défi majeur dans de nombreux pays. Les attaques violentes à l'encontre des défenseurs des droits de l'homme, des journalistes et des syndicalistes sont encore trop fréquentes dans le monde entier.
Entre 2015 et 2019, l'ONU a recensé au moins 1 940 meurtres et 106 disparitions forcées de défenseurs des droits de l'homme, de journalistes et de syndicalistes dans 81 pays.
En 2019 seulement, 357 meurtres et 30 disparitions forcées ont été enregistrés dans 47 pays. Les données du rapport indiquent que 12 % de ces décès à travers le monde étaient des femmes.
Parmi les défenseurs des droits de l'homme tués figuraient des personnes LGBTI, des personnes autochtones et des minorités, ainsi que des personnes handicapées.
Le nombre de journalistes tués en 2019 est le plus faible depuis plus d'une décennie.
« Bien que le nombre de meurtres ait diminué, on compte encore en moyenne un défenseur des droits de l'homme, un journaliste ou un syndicaliste tué ou disparaissant de force chaque jour », a indiqué Mme Bachelet. « C'est encore trop. »
La Haute-Commissaire estime que les États devraient prendre des mesures plus fortes pour lutter contre la violence en ligne et hors ligne, et pour condamner les personnes responsables. « Grâce aux données recueillies, ils peuvent mettre en œuvre des politiques ciblées pour protéger les personnes qui défendent les droits d'autrui contre d'autres attaques », a-t-il stipulé.
Des institutions nationales des droits de l'homme plus solides, en dépit des limites d'accès imposées par certains pays
Le rapport indique qu'en 2019, 40 % des pays ont réussi à se conformer aux Principes de Paris, un ensemble de principes internationaux qui guident la création et le statut des institutions nationales des droits de l'homme.
L'accès aux institutions nationales des droits de l'homme reconnues au niveau international fait cependant encore défaut dans 78 pays, en particulier en Asie orientale et en Asie du Sud-Est, en Amérique latine et aux Caraïbes, en Océanie et en Afrique subsaharienne.
« Il faut accélérer le rythme pour mettre en place des institutions nationales des droits de l'homme conformes aux Principes de Paris », a conclu Mme Bachelet. « Les pays disposant d'institutions nationales des droits de l'homme sont bien mieux placés pour garantir que les normes internationales sont mises en œuvre et que les droits de l'homme des citoyens sont encouragés et protégés. »
14 juillet 2020