Les institutions financières devraient user de leur influence pour promouvoir les droits de l’homme
28 novembre 2016
Bien que le secteur financier semble parfois être très éloigné des contextes de violations des droits de l'homme sur le terrain, il joue néanmoins un rôle crucial dans le déroulement des événements qui influent sur la protection des droits humains de nombreuses personnes.
" Un nombre croissant d'institutions financières cherchent à intégrer dans leur processus d’octroi de crédits des critères sociaux relatifs aux droits de l’homme ", a déclaré le Haut-Commissaire pour les droits de l’homme Zeid Ra'ad Al Hussein.
Zeid a également souligné l'importance de s'engager pour l’adoption de normes et principes devant guider le travail du secteur financier afin de prévenir et d’atténuer les risques de violations des droits de l’homme.
Le Haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l’homme a émis ses commentaires lors du Forum sur les entreprises et les droits de l'homme.
Le Forum, qui en est à sa cinquième année, réunit des dirigeants d'entreprises, des ONG, des militants et d'autres participants pour discuter des voies et moyens d'intégrer les droits de l'homme dans le monde des affaires. Cette année, l'une des priorités a été de trouver une manière d'harmoniser le travail des institutions financières et les droits de l’homme.
" Le plus grand défi a été que les institutions financières aient longtemps supposé qu'elles n’avaient aucun effet de levier, ou clament souvent qu’elles sont bien trop éloignées des impacts que peuvent avoir les droits de l’homme. Généralement, elles ne sont tout simplement pas conscientes des répercussions qu’elles peuvent engendrer à travers leurs opérations ", explique Kamil Zabielski, chef du département du développement durable à l’agence norvégienne de garantie du crédit à l’exportation. Kamil a participé aux discussions tenues lors du forum sur les Entreprises et les droits de l'homme qui a eu lieu à Genève.
Il y a eu une mobilisation croissante au sein du secteur financier visant à renforcer son engagement à promouvoir les droits de l'homme et à lutter activement contre les dérogations et les violations, en particulier dans le secteur public. Geneviève Paul de l’ONG Above Ground, Canada - une organisation qui vise à faire la lumière sur les cas de violations des droits de l’homme impliquant des entreprises canadiennes à l'étranger - a lancé un appel aux institutions financières publiques pour qu’elles fassent preuve de plus de transparence dans leurs procédures visant à garantir une diligence raisonnable, et qu’elles soient plus proactives et préventives dans la protection des droits. En outre, il les a également exhortées à mettre en œuvre des processus de consultation plus crédibles avec les parties prenantes concernées.
" Ce qu’il y a de plus important à faire, c’est d'identifier les risques potentiels de violations des droits de l'homme pour ensuite prendre des décisions éclairées", a déclaré Zabielski, s’adressant aux institutions financières. " Utilisez votre effet de levier partout où vous le pouvez. Là où vous ne pouvez pas le faire - si les violations sont de nature grave – alors, ne vous engagez pas dans la transaction. ".
En incluant l'évaluation des risques de violation des droits de l'homme au-delà des risques sociaux, environnementaux et liés au travail existants, ces institutions peuvent inciter les entreprises dans lesquelles elles investissent à respecter dans leurs pratiques commerciales les normes intégrées en matière de droits de l’homme.
Zabielski a également averti qu’il serait difficile de faire des progrès sans la présence d'un leadership fort au sein des institutions et sans le soutien des gouvernements. Il a déclaré que son institution financière a bénéficié de l’appui de ces deux acteurs clés dans leur travail visant à intégrer les Principes directeurs de l'ONU dans leur institution, préconisant que la création de profit ne saurait être poursuivie à n’importe quel prix.
Les normes et principes créent également de nouveaux repères pour les institutions financières et leurs clients. Ces repères peuvent constituer le gage d’un avantage concurrentiel suivant l’attribution de points sur la base de la réputation des entreprises qui préservent et promeuvent les droits. La conformité par rapport aux normes établies pourrait permettre à une entreprise d’être en meilleure posture pour obtenir un financement supplémentaire pour des projets futurs, a déclaré Zabielski.
" Il vaut mieux prendre le train en marche maintenant, que plus tard quand vous serez obligés de le faire, " a t- il dit.
28 novembre 2016