Déclarations Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Le respect du principe directeur du Pacte mondial sur les migrations lié aux droits de l’homme
19 mai 2022
Prononcé par
Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Michelle Bachelet
À
Manifestation parallèle du HCDH durant le Forum d’examen des migrations internationales
Lieu
New York
Excellences,
Chers collègues,
Je remercie le Bangladesh, la Colombie, le Luxembourg, le Mexique et le Maroc pour leur soutien envers cette importante discussion.
Je vous souhaite la bienvenue.
En adoptant il y a quatre ans le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, les États Membres ont reconnu l’importance de la coopération internationale pour gérer les flux migratoires selon une approche fondée sur les droits et plus humaine. Ils ont réaffirmé leur engagement à respecter, protéger et réaliser les droits de l’homme de tous les migrants, quelle que soit leur situation, à toutes les étapes du cycle migratoire, et à éliminer toutes les formes de discrimination à l’encontre des migrants et de leur famille, y compris le racisme, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.
Il s’agit du principe directeur relatif aux droits de l’homme, qui est essentiel à la mise en œuvre efficace du Pacte mondial. Une approche de la gouvernance des migrations fondée sur les droits de l’homme reconnaît que lorsque nous donnons aux migrants les moyens d’agir en tant qu’êtres humains et titulaires de droits, lorsque les migrants peuvent participer de manière significative à l’élaboration et à la mise en œuvre des lois, des politiques et des pratiques qui les concernent, et lorsque nos réponses aux migrations sont centrées sur les personnes, sensibles au genre et axées sur les enfants, nous obtenons de meilleurs résultats pour tous.
Alors que nous sommes réunis aujourd’hui à l’occasion de ce premier Forum d’examen des migrations internationales, la nécessité de donner la priorité au principe directeur lié aux droits de l’homme est plus évidente que jamais. Nous avons fait face à des défis considérables et découvert de nombreuses possibilités dans nos efforts pour réaliser les aspirations et les objectifs définis dans le Pacte mondial. La pandémie de COVID-19 a par exemple mis en évidence les effets disproportionnés auxquels les migrants sont confrontés lorsqu’ils sont exclus et discriminés dans les politiques nationales ou lorsqu’ils sont la cible de récits préjudiciables dans les médias ou dans le discours politique et public.
Que ce soit en transit, aux frontières ou à destination, trop de migrants sont contraints de vivre dans l’ombre et subissent des violations et des atteintes persistantes à leurs droits et à leur dignité.
De nombreux migrants et leurs familles ont travaillé sans relâche pour que les services essentiels restent accessibles à tout le monde pendant la pandémie, mais ils l’ont souvent fait en s’exposant à un risque accru d’infection et parfois sans avoir accès à des prestations sociales en raison de leur situation.
Les migrants en situation irrégulière, en particulier, ne peuvent toujours pas accéder aux soins de santé, à un logement ou à un travail décent dans de nombreux pays par crainte d’être arrêtés, détenus, expulsés ou de faire l’objet d’autres sanctions en raison de leur statut migratoire.
En outre, dans de nombreux pays, les travailleurs domestiques migrants restent victimes de discriminations et d’abus, y compris de violences sexuelles et fondées sur le genre, souvent sans pouvoir avoir recours à la justice.
Excellences,
Chers collègues,
En tant que principal organisme des Nations Unies de défense des droits humains des migrants, le HCDH s’est engagé à relever ces défis en faisant progresser le principe directeur du Pacte mondial sur les migrations lié aux droits de l’homme.
Je souhaite me concentrer sur quatre de ces engagements, qui visent à concrétiser les ambitions du Pacte mondial.
Premièrement, nous nous engageons à soutenir la protection des migrants en situation de vulnérabilité, notamment en mettant en œuvre les meilleures pratiques internationales contenues dans les Principes et lignes directrices concernant la protection des droits humains des migrants en situation de vulnérabilité. À cette fin, nous nous sommes engagés à soutenir l’expansion de solutions sûres et dignes pour une migration régulière, en particulier pour les personnes risquant le plus d’être laissées de côté.
Le HCDH a joué un rôle de premier plan dans le travail du système des Nations Unies pour élaborer des directives sur les Filières d’admission et de séjour régulières pour les migrants en situation de vulnérabilité et j’ai le plaisir de vous annoncer aujourd’hui la publication d’une nouvelle ressource préparée par le HCDH présentant les lois et politiques qui permettent d’adopter des filières sûres et dignes pour l’entrée et le séjour des migrants en situation de vulnérabilité dans 17 pays de la région Asie-Pacifique. Ce travail souligne que les États disposent de plusieurs options pour protéger les droits de l’homme des migrants en élargissant et en diversifiant les filières et que de nombreux États prennent déjà des mesures concrètes pour les concrétiser.
Deuxièmement, nous nous engageons à soutenir une gestion des frontières fondée sur les droits de l’homme, en travaillant avec tous les États et toutes les parties prenantes pour mettre en œuvre les Principes et directives recommandés du HCDH sur les droits de l’homme aux frontières internationales et en veillant à ce que tout retour des migrants soit sûr et digne et que leur réintégration dans les pays d’origine soit durable.
À cette fin, nous avons codirigé le travail au sein du système des Nations Unies pour concevoir une position commune des Nations Unies sur la garantie d’un retour sûr et digne et d’une réintégration durable, et nous sommes heureux d’annoncer aujourd’hui que le Réseau a également conçu une analyse des lacunes et des pratiques prometteuses, ainsi qu’une liste de contrôle pratique pour aider les États et les parties prenantes à garantir que leurs efforts en matière de retour et de réintégration sont conformes au droit international.
Troisièmement, nous nous engageons à soutenir l’élaboration de plans nationaux de mise en œuvre du Pacte mondial ambitieux et fondés sur les droits de l’homme en fournissant un soutien technique et de renforcement des capacités aux gouvernements et aux parties prenantes concernées.
Dans l’esprit de l’approche adoptée à l’échelle du système, le HCDH continuera à renforcer la coordination et la coopération pour faire progresser l’intégration des droits de l’homme dans l’ensemble du système des Nations Unies. Nous continuerons également à soutenir l’élaboration de plans nationaux de mise en œuvre du Pacte mondial à l’aide de la publication que nous avons codirigée au sein du Réseau des Nations Unies sur la migration intitulée Implementing the GCM: Guidance for governments and all relevant stakeholders.
Enfin, nous nous engageons à aider à bâtir des sociétés plus accueillantes et inclusives en nous efforçant d’éliminer toutes les formes de discrimination envers les migrants, notamment le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. Nous sommes convaincus qu’il faut faire évoluer les discours de peur, de haine et de division vers des discours qui défendent la dignité humaine. Dans cette optique, nous continuerons à promouvoir des récits en faveur du changement à travers la campagne #StandUp4Migrants du HCDH et sa boîte à outils.
J’invite tous les gouvernements et partenaires à s’associer à ces engagements, notamment en prenant des engagements conjoints ou complémentaires ou en s’alignant sur les engagements du HCDH par des contributions financières, techniques ou matérielles.
Excellences,
Chers collègues,
Nous avons tous intérêt à ce que tout le monde puisse jouir des droits de l’homme.
Je me réjouis d’entendre vos points de vue sur la manière dont nous pouvons nous appuyer sur les enseignements tirés de ces quatre dernières années pour faire du Pacte mondial et de son principe directeur lié aux droits de l’homme une réalité.
Nous avons l’occasion de tenir la promesse du Programme 2030 de ne laisser personne de côté, et de combattre et réduire les vulnérabilités des flux migratoires contemporains.
Nous avons l’occasion de renouveler notre engagement collectif à placer les droits de l’homme au cœur de la gouvernance des migrations et à assurer la protection des droits de l’homme de tous les migrants, quel que soit leur statut.
Je souhaite de mener des conversations stimulantes qui se traduiront par de nombreuses mesures concrètes.
Regarder le message vidéo de la Haute-Commissaire :