Déclarations et discours Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Défendre la pleine participation des personnes d’ascendance africaine aux affaires publiques
06 octobre 2023
Prononcé par
Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme
À
Cinquante-quatrième session du Conseil des droits de l’homme, manifestation parallèle « SOYONS À L’ÉCOUTE : pour une participation effective, inclusive et sûre des personnes d’ascendance africaine aux affaires publiques »
Lieu
Message vidéo
Excellences, chers collègues et amis,
Nous devrions tous avoir la possibilité de façonner son propre avenir.
Mais pour de nombreuses personnes d’ascendance africaine, le droit de participer aux affaires publiques reste très limité.
Les obstacles à leur participation effective, inclusive et sûre sont multiples et profondément liés à des formes croisées de racisme systémique.
Ce déni du droit à une participation dans des conditions d’égalité nuit à la santé même de nos sociétés.
Il porte atteinte à la démocratie, à l’état de droit et à l’inclusion sociale, tout en renforçant la marginalisation et la discrimination.
Il prive les processus et les institutions publiques de leur légitimité.
Il freine les progrès en matière de développement durable.
Et il exclut les idées et les perspectives essentielles à l’élaboration de solutions efficaces à nos problèmes les plus pressants, de l’aggravation des inégalités à l’urgence climatique.
Chers collègues,
Je reconnais, avec une profonde admiration, la détermination exemplaire et à toute épreuve des personnes d’ascendance africaine, qui a permis d’inscrire leurs revendications aux programmes nationaux, régionaux et internationaux.
Toutefois, leurs opinions et leurs propositions sont trop souvent discréditées ou rejetées, et leurs connaissances et expériences ne sont pas suffisamment prises en compte.
Cela a de profondes implications sur l’ampleur du changement dont nous avons besoin pour construire des sociétés qui répondent aux besoins de tous sans discrimination.
Une participation effective est indispensable. Elle doit aller de pair avec des approches juridiques, politiques et institutionnelles multiformes, globales et fondées sur des données probantes, visant à démanteler le racisme systémique dans tous les domaines de la vie.
Chers collègues,
La note d’orientation que j’ai publiée le mois dernier trace la voie à suivre pour garantir une participation effective, inclusive et sûre des personnes d’ascendance africaine.
Ce document se fonde sur les normes internationales en matière de droits humains, en particulier l’article 5 de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et l’article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et s’appuie sur de vastes consultations organisées par le HCDH.
Il se concentre sur tous les aspects de la participation aux affaires publiques dans des conditions d’égalité à l’échelle locale et mondiale en dehors du contexte électoral.
Il met en lumière les nombreux obstacles auxquels sont régulièrement confrontées les personnes d’ascendance africaine lorsqu’elles tentent de participer aux processus décisionnels.
De la nature superficielle de nombreux processus participatifs aux barrières financières et linguistiques, en passant par la surveillance, le harcèlement, les actes d’intimidation, les arrestations, les homicides illicites et la violence à l’encontre des acteurs de la société civile d’ascendance africaine.
Cette note d’orientation fournit des conseils sur les mesures pratiques que les États doivent prendre pour éliminer ces obstacles et veiller à ce que les besoins, les expériences et l’expertise des personnes d’ascendance africaine soient au cœur de l’élaboration, de la mise en œuvre et de l’évaluation des politiques.
Il s’agit notamment d’adopter des mesures spéciales et des dispositions institutionnelles pour garantir une représentation et une participation égales, en accordant une attention particulière à la situation des femmes, des jeunes et des autres groupes d’ascendance africaine qui sont confrontés à des formes de discrimination multiples et croisées.
Des programmes d’éducation civique et de renforcement des capacités sont également nécessaires, de même que la collecte et l’analyse systématiques de données sur la participation des personnes d’ascendance africaine.
Les États doivent en outre prouver leurs intentions à travers leur volonté politique et par les investissements nécessaires, notamment des budgets adéquats pour l’ensemble des interventions requises.
Chers collègues,
J’espère que cette note d’orientation aidera tous les États à définir en priorité des actions adaptées au niveau national.
Afin de reconnaître le droit à la participation comme base fondamentale pour l’exercice de tous les droits humains.
Et en tant qu’expression d’une forte détermination en faveur de la justice raciale et de l’élimination des séquelles douloureuses de l’esclavage et du colonialisme qui continuent de nous hanter, perpétuant aujourd’hui la discrimination raciale.
J’espère également que ces orientations constitueront un outil précieux pour les personnes d’ascendance africaine qui continuent à faire entendre leur voix et à occuper la place importante qui est la leur dans la vie publique.
Merci.