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Affiche et programme*

Dans de nombreux pays à travers le monde, les croyances et les pratiques liées à la sorcellerie ont entraîné de graves violations des droits de l’homme, notamment des brutalités, des bannissements, des mutilations, des amputations, des actes de torture et des meurtres. Les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées, en particulier les individus atteints d’albinisme, sont particulièrement vulnérables. Malgré leur sévérité, ces violations des droits de l’homme ne donnent souvent lieu à aucune réponse étatique ferme. Les systèmes judiciaires n’agissent souvent pas pour prévenir les violations des droits de l’homme liées aux croyances à la sorcellerie, ni pour lancer des enquêtes ou engager des poursuites à ce sujet. Cet échec institutionnel perpétue l’impunité.

Les croyances et les pratiques liées à la sorcellerie peuvent varier considérablement d’un pays à l’autre et même au sein des ethnies d’un même pays. La sorcellerie, ainsi que les croyances qui lui sont associées, ses pratiques dans certaines cultures et ses raisons sont généralement mal comprises. Philip Alston, Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, déclare dans son rapport de 2009 que les violations des droits de l’homme commises en raison de croyances à la sorcellerie ne sont pas apparus " de façon bien visible sur les écrans radar des organes des droits de l’homme " et que " [cela] doit être en partie dû à la difficulté de définir les termes “sorciers ou “sorcières” et “sorcellerie” à travers les cultures − termes qui, à part le fait qu’ils sont connotés dans la culture populaire, peuvent recouvrir un éventail de pratiques traditionnelles ou de pratiques de guérisseurs, et qui ne sont pas faciles à définir. Il n’en demeure pas moins que, sous couvert du terme imprécis et malléable de sorcellerie, des personnes (qui sont souvent, en quelque sorte, différentes, craintes ou rejetées) sont spécifiquement visées par des actes de violence arbitraires commis par des particuliers ou soutenus ou tolérés par le gouvernement. " (A/HRC/11/2, 2009). À l’heure actuelle, il n’existe aucun cadre normatif ni aucun mécanisme formel pour conceptualiser l’enregistrement, le suivi ou la lutte contre telles violations (WHRIN, 2014).

Le nombre exact de victimes de ces abus reste inconnu et ces violences ne sont généralement pas suffisamment signalés. On estime qu’il existe des milliers de cas de personnes accusées de sorcellerie chaque année dans le monde, avec des conséquences souvent fatales, et de personnes mutilées et tuées lors de rituels de sorcellerie. Selon la documentation disponible en la matière, ces chiffres sont en augmentation, les cas deviennent plus violents, les pratiques se répandent et de nouvelles catégories de victimes émergent (Adinkrah 2004, Bussien et al. 2011, Cohan 2011, Gardini 2013, Geschiere 2008, Horowitz 2014, Jorgensen 2014), bien que la difficulté à prouver ces allégations de manière quantitative soit reconnue (Forsyth 2016). Ces pratiques constituent également un défi croissant pour les pays du Nord, principalement au sein des communautés migrantes (Edwards 2013, Garcia 2013, Powles et Deakin 2012, The Economist 2015).

Plusieurs hauts fonctionnaires et experts de haut niveau ont fait état des croyances et pratiques de sorcellerie et de leurs conséquences à l’ONU – bien que d’un point de vue spécifique et souvent en lien avec un pays et un contexte spécifiques. On peut citer parmi eux la Représentante spéciale du Secrétaire général chargé de la question de la violence contre les enfants, la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, le Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, le Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que la Rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires. Certains experts ont également envoyé des communications aux États à ce sujet, notamment le Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats, et l’Experte indépendante chargée de la coopération technique et des services consultatifs au Libéria. L’Experte indépendante sur l’exercice des droits de l’homme par les personnes atteintes d’albinisme a également abordé le sujet dans ses deux derniers rapports et estime qu’une approche plus globale du phénomène est nécessaire.

Cet atelier est novateur puisqu’il s’agit du tout premier atelier offrant la possibilité de discuter de la sorcellerie et des droits de l’homme de manière systématique et approfondie au niveau de l’ONU ou au niveau international. Il réunira des experts de l’ONU, des universitaires et des membres de la société civile qui discuteront des violences associées à ces croyances et pratiques, et identifieront les groupes particulièrement vulnérables. Il mettra en évidence les diverses manifestations des croyances et pratiques de sorcellerie, y compris les accusations, la stigmatisation et les meurtres rituels, et cherchera ensuite à identifier des bonnes pratiques pour lutter contre ces phénomènes. La réunion permettra également de déterminer si les cadres législatifs actuels sont suffisants pour permettre aux États de s’acquitter de leur obligation légale de prévenir, de punir, d’enquêter et de réparer les dommages causés par les croyances à la sorcellerie.

Cet atelier marquera une étape importante vers l’intégration de cette question dans le système des Nations Unies dans le domaine des droits de l’homme, tout en donnant de l’élan et des conseils pratiques aux nombreux mécanismes internationaux et régionaux, et aux universitaires et acteurs de la société civile qui se sont employés à sensibiliser et à mieux faire comprendre ces questions difficiles.

Document/rapport final :

Archives visuelles :

Organisateurs :

Cet événement est organisé par les personnes suivantes : Ikponwosa Ero, Experte indépendante sur l’exercice des droits de l’homme par les personnes atteintes d’albinisme ; Gary Foxcroft, Directeur du réseau Witchcraft and Human Rights Network (WHRIN) ; Charlotte Baker, université de Lancaster.

Coorganisateurs et experts :

Représentante spéciale du Secrétaire général chargé de la question de la violence contre les enfants ; Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences ; Rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ; Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées.