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Des experts de l’ONU condamnent le mépris scandaleux pour les civils palestiniens lors de l’opération militaire israélienne à Nuseirat
14 juin 2024
GENÈVE (le 14 juin 2024) – Plusieurs experts du HCDH ont fermement condamné aujourd’hui encore un nouveau massacre perpétré par les forces israéliennes à Gaza lors d’une opération de libération d’otages dans le camp de réfugiés de Nuseirat, qui a tué au moins 274 Palestiniens, dont 64 enfants et 57 femmes, et a fait près de 700 blessés.
Le 8 juin, les forces d’occupation israéliennes, prétendument aidées par des soldats étrangers, sont entrées à Nuseirat déguisées en personnes déplacées et en travailleurs humanitaires à bord d’un camion humanitaire. Elles ont fait incursion dans le camp, assaillant violemment les habitants en lançant des attaques terrestres et aériennes intenses qui ont semé la terreur, la mort et le désespoir.
« Selon les survivants, les rues de Nuseirat étaient remplies de cadavres et de blessés, dont des enfants et des femmes, gisant dans des mares de sang. Les murs étaient couverts de fragments de corps provenant des multiples explosions et des maisons bombardées », ont déclaré les experts.
Le secteur de la santé de Gaza étant décimé, les blessés transportés dans les hôpitaux ont dû attendre d’être soignés à même le sol.
« Bien que nous soyons soulagés par le retour sain et sauf de quatre otages israéliens capturés par des groupes armés palestiniens il y a huit mois, l’attaque israélienne contre le camp de Nuseirat est inadmissible en raison de sa violence excessive et de son effet dévastateur », ont indiqué les experts.
Ils ont en particulier condamné les forces israéliennes pour s’être dissimulées de manière insidieuse dans un camion d’aide humanitaire venant du pont flottant construit par les États-Unis en vue de faciliter l’aide humanitaire. « Le fait de se déguiser en civil pour mener une opération militaire constitue une perfidie, qui est strictement interdite par le droit international humanitaire et équivaut à un crime de guerre », ont rappelé les experts.
« Ces tactiques mettent encore plus en danger les travailleurs humanitaires et l’acheminement de l’aide humanitaire indispensable, et révèlent un niveau de sauvagerie sans précédent dans les actions militaires israéliennes », ont-ils lancé.
Le Programme alimentaire mondial a déjà annoncé qu’il interrompait ses activités sur la jetée en raison de « problèmes de sécurité ».
« Le très grand nombre de morts parmi les Palestiniens touchés par l’opération de sauvetage confirme le mépris flagrant d’Israël pour la vie des Palestiniens », ont déploré les experts. « En vertu du droit international, toutes les vies civiles doivent avoir la même valeur et être protégées de la même manière et aucune vie ne vaut plus qu’une autre. »
Les experts ont noté qu’Israël avait la possibilité de libérer les otages sans autre effusion de sang il y a huit mois, lorsque le premier accord de cessez-le-feu a été présenté. Au lieu de cela, Israël a systématiquement rejeté les propositions de cessez-le-feu, préférant poursuivre son assaut sur Gaza, qui a même coûté la vie à des otages israéliens. Pendant tout ce temps, Israël a prétendu mener des opérations militaires pour les sauver », ont-ils affirmé. « Utiliser la libération d’otages comme prétexte pour justifier un usage excessif de la force met en évidence les actions criminelles d’Israël, dont le recours à un camouflage humanitaire, et nous indique qu’elles ont atteint un tout autre niveau », ont déclaré les experts.
« L’opération militaire à Nuseirat est l’un des actes les plus odieux de l’attaque destructrice d’Israël contre le peuple palestinien depuis le 7 octobre, qui a tué plus de 36 000 Palestiniens, en a blessé plus de 80 000 et a déplacé et affamé 2 millions de personnes à Gaza, alors que la violence contre les Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est se poursuit également sans relâche », ont-ils énoncé.
Les experts ont noté que la résolution 2735 du Conseil de sécurité des Nations Unies est un moyen de sortir de l’horreur, car il réitère leur appel à un embargo sur les armes à destination d’Israël pour mettre fin à la violence des forces israéliennes et des colons contre les Palestiniens.
« Bien qu’il soit déjà tard, nous espérons que cette résolution ouvrira la voie à une paix durable pour le peuple palestinien et à la libération des otages détenus par les groupes armés palestiniens et des milliers d’otages palestiniens détenus arbitrairement par Israël », ont-ils indiqué.
Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 ; Tlaleng Mofokeng, Rapporteuse spéciale sur le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible ; Reem Alsalem, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences ; Tomoya Obokata, Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences ; George Katrougalos, Expert indépendant sur la promotion d’un ordre international démocratique et équitable ; Michael Fakhri, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation ; Paula Gaviria Betancur, Rapporteuse spéciale sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays ; Olivier De Schutter, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté ; Dorothy Estrada Tanck (Présidente), Laura Nyirinkindi (Vice-Présidente), Claudia Flores, Ivana Krstić, et Haina Lu, Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles ; Dominique Day, Bina D’Costa, Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine ; Ashwini K.P. Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.
Les Rapporteurs spéciaux relèvent de ce qu’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l’homme afin de traiter de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.
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