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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Soudan : situation des droits de l’homme

Soudan : Volker Türk dénonce les conséquences « désastreuses » de la guerre et exhorte à l’établissement des responsabilités

15 août 2023

Des civils ayant fui le Soudan déchiré par la guerre à la suite de l’éclatement des combats entre l’armée soudanaise et les Forces d’appui rapide, un groupe paramilitaire, marchent au poste-frontière de Joda, dans le comté de Renk (État du Haut-Nil) au Soudan du Sud, le 30 avril 2023. © REUTERS/Jok Solomun

GENÈVE (le 15 août 2023) – Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Volker Türk a déclaré aujourd’hui que la guerre « désastreuse et insensée » au Soudan, née d’une quête de pouvoir aveugle, a entraîné la mort de milliers de personnes, la destruction de maisons familiales, d’écoles, d’hôpitaux et d’autres services essentiels, des déplacements massifs, ainsi que des violences sexuelles, dans des actes qui peuvent constituer des crimes de guerre.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a des motifs raisonnables de croire que les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide ont commis de graves violations du droit international au cours du conflit actuel, qui entre dans son cinquième mois, notamment des violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme. Le Haut-Commissaire estime que les auteurs de ces actes doivent être tenus pour responsables.

M. Türk s’est dit très préoccupé par le fait que la situation chaotique, ancrée dans l’impunité, est susceptible d’être exploitée par d’autres acteurs armés et milices opportunistes, ce qui pourrait entraîner une nouvelle escalade de la violence.

Parmi les zones les plus touchées par les combats figurent Khartoum et les villes voisines, El Obeid dans le Kordofan septentrional et des zones de la région du Darfour, en particulier le Darfour occidental, où le conflit s’est caractérisé par des attaques visant des civils en raison de leur appartenance ethnique.

Bien qu’il soit difficile d’établir un nombre exact de victimes en raison de l’intensité des combats et du fait que les dépouilles de nombreuses personnes tuées n’ont pas été recueillies, identifiées ou enterrées, des chiffres provisoires indiquent que plus de 4 000 personnes ont été tuées jusqu’à présent, y compris des centaines de civils. Parmi eux, 28 travailleurs humanitaires et agents de santé, ainsi que 435 enfants ont perdu la vie. Le nombre réel de victimes serait beaucoup plus élevé.

« De nombreux civils auraient été tués dans la région de Khartoum alors qu’ils résistaient aux tentatives des Forces d’appui rapide de piller leurs maisons ou de violer les femmes de leurs familles », a déclaré M. Türk, ajoutant que de nombreuses autres personnes ont été tuées dans des tirs croisés ou à la suite d’obus frappant leurs maisons. « À El Geneina, dans le Darfour occidental, des personnes ont été tuées chez elles ou alors qu’elles tentaient de se mettre à l’abri ailleurs à El Geneina ou sur la route en direction du Tchad. »

« Le HCDH a également reçu des rapports crédibles faisant état de 32 incidents de violence sexuelle contre 73 victimes à la date du 2 août, dont 28 cas de viol. Des hommes portant l’uniforme des Forces d’appui rapide ont été impliqués dans au moins 19 incidents en tant qu’auteurs. Le nombre réel de victimes est probablement bien plus élevé. Durant ma visite et à plusieurs reprises depuis lors, j’ai exhorté les hauts responsables soudanais à donner des instructions claires à toutes les personnes sous leur commandement pour qu’elles ne tolèrent aucune violence sexuelle. Les auteurs doivent être tenus pour responsables et cette violence doit être condamnée clairement et sans équivoque. »

Des centaines de personnes, dont des militants politiques et des défenseurs des droits humains, ont été détenues arbitrairement et mises au secret par les deux parties au conflit. À Khartoum, au moins 500 personnes, dont 24 femmes, étaient portées disparues à la fin du mois de juillet. De nombreuses personnes détenues ont été maltraitées et, dans certains cas, torturées.

Depuis le mois de mai, l’insécurité alimentaire a presque doublé, touchant plus de 20,3 millions de personnes, et au moins 700 000 enfants sont désormais menacés de malnutrition aiguë et de mortalité. L’économie est en chute libre et le système de santé est en crise. Début août, le Ministère soudanais de la santé a annoncé que 100 des 130 hôpitaux de Khartoum étaient hors service.

En date du 8 août, plus de 4 millions de personnes ont été déplacées en raison des violences. La plupart d’entre elles vivraient dans des conditions humanitaires désastreuses, ce qui rend les femmes et les filles dans les camps de réfugiés et les centres pour personnes déplacées plus vulnérables aux violences sexuelles.

Des témoins interrogés par le HCDH ont également accusé les deux parties d’empêcher les civils de fuir les combats en toute sécurité ou d’évacuer les blessés, en particulier dans le sud de Khartoum, dans la région du Nil oriental et à Omdurman. À El Geneina, les Forces d’appui rapide et leurs milices alliées ont empêché les blessés d’être transportés vers des centres médicaux.

Le HCDH a également reçu des témoignages faisant état d’homicides illicites, de détentions arbitraires et de disparitions forcées, entre autres violations.

« Les parties au conflit doivent immédiatement cesser les combats, reprendre les pourparlers politiques, se conformer à leurs obligations légales en vertu du droit international humanitaire, en particulier les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans l’attaque, et permettre un acheminement ininterrompu de l’aide humanitaire », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

« Elles doivent enquêter sur toutes les violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme qui ont été commises pendant le conflit, conformément aux normes internationales pertinentes, et demander des comptes aux responsables. »

« J’exhorte également la communauté internationale à accroître la pression politique et économique sur les parties au conflit pour qu’elles cessent immédiatement les combats, et à augmenter le soutien financier aux organismes humanitaires qui répondent à la crise humanitaire causée par le conflit, notamment aux crises liées aux déplacements et aux réfugiés. »

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