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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Équateur : le Haut-Commissaire s’inquiète de la recrudescence de la violence et du recul des droits des peuples autochtones

27 Juillet 2023

Des membres de la famille de détenus attendent des nouvelles de leurs proches à l’extérieur de la prison de Guayaquil, après que le Gouvernement équatorien a déclaré mardi l’état d’urgence pour 60 jours dans toutes les prisons du pays et autorisé les forces armées à reprendre le contrôle de ces dernières, à la suite d’une vague de violence qui a fait 18 morts durant le week-end, à Guayaquil, en Équateur, le 25 juillet 2023. © REUTERS/Vicente Gaibor del Pino

GENÈVE (le 27 juillet 2023) – Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a exprimé jeudi sa profonde inquiétude face à la récente flambée de violence, alimentée en partie par des gangs qui se disputent le contrôle du trafic de stupéfiants, à la violence des gangs qui fait rage à l’intérieur et à l’extérieur du système carcéral, et à un recul inquiétant en matière de protection des droits des peuples autochtones.

Le 23 juillet, le maire de la ville côtière de Manta a été tué, tandis qu’au cours des dernières semaines, d’autres personnalités, candidats politiques et journalistes ont été attaqués ou ont reçu des menaces de mort. En réponse, le Gouvernement a décrété l’état d’urgence et le couvre-feu dans les provinces de Durán, Manabí et Los Ríos.

La situation dans le système pénitentiaire a continué à se détériorer. Selon le Bureau du Procureur général, 31 détenus ont été tués et 12 blessés depuis le 22 juillet lors d’affrontements entre bandes rivales à la prison de Guayas 1 à Guayaquil. Le 26 juillet, les autorités ont confirmé que les 137 membres du personnel pénitentiaire retenus en otage dans sept prisons avaient tous été libérés. Deux jours auparavant, le Gouvernement avait imposé un état d’urgence de 60 jours dans tout le système pénitentiaire, permettant aux forces armées d’exercer des fonctions de sécurité à l’intérieur des prisons. Par la suite, des bâtiments gouvernementaux, des stations-service, ainsi que des transports publics et des véhicules privés ont été attaqués dans les villes d’Esmeraldas et de Guayaquil, apparemment par des membres de gangs.

Dans le même temps, ces dernières semaines, plusieurs affrontements ont eu lieu entre les communautés autochtones et paysannes, d’une part, et les entreprises minières et les autorités publiques, d’autre part. Ces incidents font suite à la publication, le 31 mai, du décret exécutif 754, qui autorise les entreprises à entamer des opérations minières sans consultation préalable, libre et informée des communautés autochtones. La police et l’armée auraient fait usage de la force contre les communautés. Les incidents les plus récents se sont produits le 24 juillet à Sigchos, dans la province de Cotopaxi, où au moins cinq personnes auraient été blessées, et le 14 juillet à Las Naves, dans la province de Bolivar, où au moins 13 personnes auraient été blessées et deux arrêtées.

Le Haut-Commissaire a reconnu les difficultés auxquelles sont confrontées les autorités équatoriennes et l’ensemble de la société pour faire face à la violence, notant que le Bureau du Procureur général a ouvert plusieurs enquêtes.

M. Türk a souligné que les états d’urgence doivent respecter les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité et de non-discrimination.

« Les autorités doivent protéger la vie des personnes, y compris celles qui sont sous la garde de l’État. Des mesures d’urgence, dont l’utilisation de forces armées pour des tâches de sécurité publique, peuvent être mises en œuvre, mais elles doivent être limitées dans le temps, exceptionnelles et en pleine conformité avec le droit international des droits de l’homme », a-t-il déclaré.

Le Haut-Commissaire a appelé à une réforme globale du système de justice pénale, y compris des prisons, et a encouragé le Gouvernement à mettre en œuvre la politique de réinsertion sociale des prisonniers lancée en 2022 et élaborée avec le soutien technique du HCDH.

M. Türk a souligné qu’en vertu des normes internationales relatives aux droits de l’homme, les peuples autochtones doivent être consultés sur l’utilisation de leurs terres.

« Les personnes directement affectées par les projets ou les activités minières doivent être entendues, et non réprimées », a déclaré le Haut-Commissaire. « Seules des mesures fondées sur les droits de l’homme et s’attaquant aux causes profondes de la violence permettront d’assurer la sécurité publique et la cohésion sociale. »

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