Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Afghanistan : Volker Türk appelle à la fin des politiques destructrices et de déstabilisation ciblant les femmes
27 décembre 2022
Lieu
Geneva
Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a appelé les autorités de facto en Afghanistan à annuler immédiatement une série de politiques ciblant les droits des femmes et des filles, en soulignant à la fois les « terribles effets en cascade » sur leur vie et les risques de déstabilisation que ces politiques font poser sur la société afghane.
« Aucun pays ne peut se développer – ni même survivre – sur le plan socioéconomique si la moitié de sa population est exclue. Ces restrictions insondables imposées aux femmes et aux filles aggraveront les souffrances de l’ensemble de la population afghane et poseront, j’en ai bien peur, un risque au-delà des frontières de l’Afghanistan », a annoncé M. Türk.
« J’exhorte les autorités de facto à garantir le respect et la protection des droits des femmes et des filles, pour qu’elles soient vues et entendues et qu’elles participent et influencent tous les aspects de la vie sociale, politique et économique du pays, conformément aux obligations internationales de l’Afghanistan », a-t-il déclaré.
Le 24 décembre, les autorités de facto ont publié un décret interdisant aux femmes de travailler dans des ONG. Elles avaient déjà suspendu l’enseignement universitaire pour les femmes et l’enseignement secondaire pour les filles jusqu’à nouvel ordre.
« Ce dernier décret des autorités de facto aura de terribles conséquences pour les femmes et pour l’ensemble du peuple afghan », a alerté le Haut-Commissaire. « Interdire aux femmes de travailler dans les ONG les privera, ainsi que leurs familles, de leurs revenus et de leur droit de contribuer positivement au développement de leur pays et au bien-être de leurs concitoyens et concitoyennes. »
Les ONG et les organisations humanitaires offrent des services essentiels et vitaux à un grand nombre de personnes en Afghanistan, en fournissant de la nourriture, de l’eau, des logements et des soins de santé, et plusieurs programmes indispensables, notamment les soins prénatals et postnatals et les soins aux nourrissons, sont uniquement fournis par des femmes. De nombreux membres du personnel de ces ONG sont des femmes et beaucoup d’organisations ont des femmes à leur tête. Ce sont des partenaires essentiels des Nations Unies et d’autres organismes dans l’exécution de leurs programmes humanitaires et de développement dans tout le pays.
« Cette interdiction va considérablement réduire, voire détruire, la capacité de ces ONG à fournir les services essentiels dont dépendent tant de personnes vulnérables en Afghanistan. Cela est d’autant plus inquiétant que l’Afghanistan est en plein hiver, une période où les besoins humanitaires sont les plus importants et où le travail de ces ONG est d’autant plus crucial », a affirmé M. Türk.
Le Haut-Commissaire s’est également dit très préoccupé par le fait que l’aggravation des difficultés éprouvées par société afghane risque d’accroître la violence sexuelle et fondée sur le genre, ainsi que la violence domestique pour les femmes et les filles.
« Les femmes et les filles ne peuvent pas être privées de leurs droits fondamentaux. Ces tentatives des autorités de facto de les museler et de les rendre invisibles n’aboutiront pas – elles ne feront que nuire à toute la population afghane, aggraver leurs souffrances et entraver le développement du pays. De telles politiques ne peuvent en aucune façon être justifiées », a déclaré M. Türk.
FIN
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