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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Haïti : les gangs utilisent la violence sexuelle pour répandre la peur – Rapport de l’ONU

14 Octobre 2022

Residents flee the area after gangs waged intense gun battles, shuttering main avenues and a municipal market in the downtown area of the capital, in Port-au-Prince, Haiti July 27, 2022 © Reuters

Lieu

PORT-AU-PRINCE/Genève

PORT-AU-PRINCE/GENÈVE (le 14 octobre 2022) – Selon un nouveau rapport du HCDH publié aujourd’hui, des enfants âgés d’à peine 10 ans et des femmes âgées ont été soumis à des violences sexuelles, dont des viols collectifs pendant des heures devant leurs parents ou leurs enfants par plus de six éléments armés, alors que l’explosion de violence des gangs ravage Port-au-Prince, la capitale haïtienne.

Le rapport, intitulé Violence sexuelle à Port-au-Prince : une arme utilisée par les gangs pour répandre la peur, a été publié conjointement par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).

« Les gangs utilisent la violence sexuelle pour semer la peur et le nombre de cas augmente malheureusement de jour en jour à mesure que la crise humanitaire et des droits de l’homme en Haïti s’aggrave », a déclaré Nada Al-Nashif, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme par intérim.

« Les témoignages horribles des victimes soulignent l’impératif d’une action urgente pour mettre fin à ces comportements immoraux, veiller à ce que les responsables répondent de leurs actes et que les victimes reçoivent de l’aide ».

Le rapport recense minutieusement les crimes sexuels perpétrés contre des femmes, des filles et des garçons de tous âges, ainsi que, dans une moindre mesure, des hommes, par des gangs qui cherchent à étendre leurs zones d’influence par des guerres de territoires. Des personnes LGBTI+ ont également été ciblées.

Les gangs armés utilisent le viol et les viols collectifs pour répandre la peur, punir, subjuguer et infliger des souffrances aux populations locales. Considérés comme des objets sexuels, les femmes, les filles, et parfois des hommes, sont également contraints de devenir les « partenaires » des éléments armés dans les fiefs des gangs. Refuser de telles faveurs sexuelles peut entraîner des représailles, notamment des meurtres et des incendies criminels.

Le rapport souligne en outre que les violences sexuelles s’accompagnent d’enlèvements et de séquestrations, durant lesquels certaines femmes et filles sont violées à de multiples reprises, par un ou plusieurs ravisseurs armés, parfois pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Les ravisseurs utilisent même parfois des vidéos des viols pour obliger les familles des victimes à payer les rançons.

Au cours de l’année écoulée, la violence des gangs est devenue incontrôlable, en particulier dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et dans certaines villes régionales. Soixante pour cent de la capitale serait désormais sous le contrôle ou l’influence d’éléments de bandes armées qui ont facilement accès à des armes et des munitions de gros calibre obtenues par divers trafics depuis l’étranger.

La garantie d’un accès immédiat aux soins médicaux et psychosociaux adéquats afin d’éviter tout nouveau préjudice physique et psychologique devrait constituer une première étape cruciale vers la réhabilitation des victimes. Ces dernières ont également droit à un recours, y compris l’accès à la justice et à la réparation. Cependant, les efforts des acteurs nationaux et internationaux dans ce domaine afin de garantir les droits des survivants et des survivantes de violence sexuelle ont généralement été insuffisants en raison de multiples défis et obstacles, qui sont expliqués dans ce rapport.

Ce dernier souligne que les autorités nationales, le système des Nations Unies, les organisations de la société civile et les fournisseurs de services doivent s’attaquer de toute urgence à la violence sexuelle en Haïti. Il identifie le maintien de l’ordre et les soins de santé comme principaux domaines d’action, ainsi que la création d’un groupe de travail judiciaire pour lutter contre l’impunité des crimes de violence sexuelle, entre autres, comme des priorités pour lutter contre la violence sexuelle.

Selon le rapport, si elle n’est pas combattue de manière adéquate et rapide, l’utilisation généralisée de la violence sexuelle risque de briser davantage le tissu social déjà extrêmement fragile de la société haïtienne pour les années à venir et de saper toute perspective de développement et de stabilité durables.

Les auteurs du rapport ont mené plus de 90 entretiens entre janvier et juillet 2022 avec des victimes et des témoins d’incidents à Port-au-Prince, ainsi qu’avec des fournisseurs de services, des organisations locales, des ONG nationales et internationales ainsi que des représentants du Gouvernement d’Haïti habilités à vérifier les violations signalées.

Pour plus d’informations ou pour toute demande des médias, veuillez contacter:

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