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Mali : Il est grand temps de mettre fin à l'impunité des attaques barbares contre les « esclaves » - experts de l’ONU
29 octobre 2021
GENÈVE (29 octobre 2021) - Une série d'attaques « barbares » perpétrées cette année contre des centaines de personnes nées en esclavage au Mali dépasse l'entendement, ont déclaré aujourd'hui des experts des droits de l'homme de l'ONU*, exigeant que le pays d'Afrique de l'Ouest rende justice aux victimes et interdise enfin l'esclavage.
« Ces actes odieux inqualifiables durent depuis bien trop longtemps et sont commis par certains ressortissants maliens qui défendent ouvertement l'esclavage fondé sur l’ascendance », ont déclaré les experts. « Le monde entier observe et perd patience. Nous avons déjà condamné cette pratique odieuse à de nombreuses reprises - maintenant le gouvernement malien doit agir, en commençant par mettre fin à l'impunité des attaques contre les ‘esclaves’. »
Les dernières attaques ont eu lieu fin septembre dans la région de Kayes, à quelque 500 km au nord-ouest de Bamako, la capitale du Mali. Cette zone a été le théâtre de sept attaques précédentes depuis janvier, au cours desquelles une personne a été tuée, au moins 77 ont été blessées et plus de 3 000 « esclaves » ont été déplacés.
« Le fait que ces attaques se produisent si souvent dans cette région montre que l'esclavage fondé sur l'ascendance est encore socialement accepté par certains politiciens influents, chefs traditionnels, responsables de l'application des lois et autorités judiciaires au Mali », ont-ils déclaré.
Lors du dernier incident, des personnes considérées comme des esclaves ont été attaquées par des compatriotes maliens qui s'opposaient à ce qu'elles célèbrent la fête de l'indépendance, même si les « esclaves » avaient retardé leurs célébrations d'une semaine pour éviter des problèmes. Les agresseurs auraient utilisé des armes à feu, des haches, des machettes et des bâtons et ils ont attaché certains des soi-disant « esclaves » avec des cordes avant de les battre sévèrement.
Les attaques ont duré deux jours, faisant un mort et au moins 12 « esclaves » blessés. Au moins 30 personnes des deux côtés ont été arrêtées et la Gendarmerie a ouvert une enquête.
« Nous demandons une enquête impartiale et transparente et que justice soit rendue aux victimes », ont déclaré les experts. « Les auteurs d'actes esclavagistes doivent répondre de leurs crimes. Les agents de police et de gendarmerie ainsi que les juges pourraient faire beaucoup pour mettre fin à l'impunité s'ils appliquaient les lois existantes en vertu desquelles les attaques contre les soi-disant esclaves constituent des infractions punissables ».
Certaines personnes naissent en esclavage au Mali parce que leurs ancêtres ont été capturés comme esclaves et que leurs familles « appartiennent » aux familles propriétaires d'esclaves - appelées « nobles » - depuis des générations. Les « esclaves » sont contraints de travailler sans rémunération, peuvent être hérités et sont privés des droits humains fondamentaux.
Notant que le Mali ne dispose pas d'une loi spécifique contre l'esclavage, les experts ont déclaré qu’ « il était grand temps de mettre cette pratique hors la loi. Le Mali doit criminaliser l'esclavage sans plus tarder et prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger tous les Maliens contre la violence, y compris ceux qui, historiquement, ont eu le statut ‘d’esclave’ ».
« L’esclavage ne peut plus être toléré », ont déclaré les experts. « Ceux qui continuent à le soutenir doivent comprendre qu'ils ne peuvent pas s'attaquer impunément à des personnes qui revendiquent leurs droits légitimes. »
* Les experts : M. Tomoya Obokata (Japon), rapporteur spécial sur les formes contemporaines d'esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences; M. Alioune Tine (Sénégal), expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali et Mme Cecilia Jimenez-Damary, Rapporteuse spéciale sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays.
Droits de l’homme de l’ONU – Page d’accueil du Mali
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