Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Les civils fuyant Falloujah « face à un double danger » – Zeid Ra’ad Al Hussein
Les civils fuyant Falloujah « face à un double danger » – Zeid Ra’ad Al Hussein
07 juin 2016
GENEVE (7 juin 2016) – Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a exhorté mardi le Gouvernement iraquien à prendre des mesures immédiates pour garantir que toutes les personnes fuyant la ville de Falloujah, qui est occupée par l’EIIL, soient traitées dans le respect du droit international relatif aux droits de l'homme et du droit international humanitaire.
« Des rapports extrêmement préoccupants et crédibles font état de personnes ayant survécu à leur terrifiante fuite de l’EIIL pour être ensuite confrontées à de graves violences physiques, une fois atteint l’autre côté », a déclaré le Haut-Commissaire. « Des témoins oculaires ont décrit comment des groupes armés appuyant les forces de sécurité iraquiennes interceptent les personnes fuyant le conflit, séparent les hommes et les adolescents des femmes et des enfants, et les détiennent pour un filtrage de sécurité qui, dans certains cas, dégénère en violences physiques et autres formes d’abus, apparemment dans le but d’obtenir des confessions forcées. Il existe même des allégations selon lesquelles certains individus auraient été sommairement exécutés par ces groupes armés. »
« Bien que les forces de sécurité iraquiennes aient un intérêt légitime à contrôler les personnes fuyant les zones contrôlées par l’EIIL pour garantir qu’elles ne posent pas de risque sécuritaire ou pour identifier les individus qui pourraient avoir commis des crimes, un tel processus doit être mené uniquement par des entités légalement habilitées à le faire par le droit iraquien. Lorsque des individus sont détenus par des groupes armés qui ne sont pas légalement autorisés à détenir des personnes, le gouvernement doit s’assurer que ces derniers soient transférés ou relâchés de manière sécurisée », a déclaré Zeid Ra’ad Al Hussein. « Il est essentiel que toutes les personnes fuyant les violences autour de Falloujah soient présumées être des civils n’ayant pas de lien avec les groupes armés, à moins qu’il n’y ait des preuves claires et convaincantes du contraire. »
Le Haut-Commissaire a ajouté que le contrôle des personnes à des fins de sécurité doit être mené de manière transparente, dans le respect plein et entier du droit international. Si des informations substantielles indiquent qu’un individu en particulier pourrait avoir commis des crimes ou représenter un risque sécuritaire, la personne concernée peut être détenue dans le respect de la loi et sa détention sujette à un examen judiciaire approprié.
« Le Premier Ministre ainsi que d’autres dirigeants politiques, communautaires et religieux ont fait des déclarations qui sont particulièrement bienvenues, en demandant à tous ceux qui sont impliqués dans les opérations militaires de faire de leur mieux pour protéger les civils en toutes circonstances et pour que des comptes soient rendus pour toute personne commettant des violations. J’exhorte le gouvernement à prendre des mesures immédiates et concrètes pour garantir que ces appels soient traduits en actes », a déclaré Zeid Ra’ad Al Hussein.
« Le gouvernement doit montrer son engagement en faveur de la protection des civils, notamment en enquêtant de manière exhaustive sur les rapports selon lesquels des personnes, qui ont enduré deux ans et demi d’enfer sur terre sous l’EIIL et qui ont surmonté d’énormes difficultés et dangers pour sortir vivantes de Falloujah, sont maintenant exposées à un double danger sous la forme de graves violations des droits de l’homme, et ce après être parvenues à s’échapper. Les individus présumés responsables de ces violations doivent être traduits en justice. »
Depuis janvier 2014, lorsque Falloujah a été capturée par l’EIIL, au moins 22 169 civils ont été tués et 43 435 blessés en Iraq. Ces chiffres sont considérés comme un minimum absolu car ils n’incluent pas la province d’Anbar, où est située Falloujah, ni les personnes décédées des effets secondaires des violences, notamment du manque d’eau, de nourriture, de médicaments ou de soins médicaux.
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