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Communiqués de presse Commission des droits de l'homme

LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME ADOPTE UNE RÉSOLUTION SUR LA DIFFAMATION DES RELIGIONS ET CLÔT LES TRAVAUX DE SA CINQUANTE-CINQUIÈME SESSION

30 Avril 1999


MATIN
HR/CN/99/65
30 avril 1999


La Haut-Commissaire aux droits de l'homme et le Haut Commissaire adjoint pour
les réfugiés informent la Commission de l'évolution de la situation au Kosovo

La Commission des droits de l'homme a clos, ce matin, les travaux de sa cinquante-cinquième session après avoir adopté une dernière résolution portant sur la diffamation des religions. La Haut-Commissaire aux droits de l'homme et le Haut Commissaire adjoint pour les réfugiés ont par ailleurs informé la Commission de l'évolution de la situation au Kosovo.

Par la résolution adoptée ce matin, la Commission exprime sa profonde préoccupation face au stéréotypage négatif des religions et face au fait que l'islam soit fréquemment et indûment associée avec les violations des droits de l'homme et le terrorisme. La Commission invite la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, dans le contexte des préparatifs de l'année de dialogue entre les civilisations en 2001, à envisager la tenue de séminaires pour promouvoir un dialogue entre les cultures. Les représentants de l'Inde, du Pakistan, du Guatemala, du Chili et de l'Allemagne ont fait des déclarations sur ce texte.

Mme Mary Robinson, Haut-Commissaire aux droits de l'homme, informant la Commission de l'évolution de la situation au Kosovo, comme elle l'a fait depuis le début de la session, a lancé un appel au retour de la diplomatie et à l'arrêt immédiat du nettoyage ethnique au Kosovo. M.Gérard Walzer, HautCommissaire adjoint pour les réfugiés, a pour sa part indiqué qu'il y a désormais environ 600000 réfugiés dans la région.

La Commission a terminé ses travaux en adoptant, ad referendum, son rapport de session. Un communiqué final sur l'ensemble de la session ayant pour cote HR/CN/99/66 sera disponible cet après-midi.

Adoption d'une résolution au titre des questions se rapportant au racisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et toute forme de discrimination

Par une résolution sur la diffamation des religions (E/CN.4/1999/L.40/Rev.1, amendé), adoptée sans vote, la Commission exprime sa profonde préoccupation face au stéréotypage négatif des religions et face au fait que l'islam soit fréquemment et indûment associée avec les violations des droits de l'homme et le terrorisme. Elle exprime sa préoccupation face à l'utilisation des médias imprimés, audiovisuels ou électroniques aux fins d'inciter aux actes de violence, de xénophobie ou d'intolérance qui y est associée et à la discrimination à l'égard de l'islam et de toute autre religion. La Commission exprime sa satisfaction devant les efforts entrepris par nombre de pays et de sociétés pour combattre la méconnaissance de l'islam et l'intolérance à l'égard de l'islam. La Commission exhorte tous les États à prendre toutes les mesures nécessaires pour combattre la haine, la discrimination, l'intolérance et les actes de violence, d'intimidation ou de coercition motivés par l'intolérance religieuse. Elle invite la Haut-Commissaire, dans le contexte des préparatifs de l'année de dialogue entre les civilisations en 2001, à envisager la tenue de séminaires pour promouvoir un dialogue entre les cultures.

Déclarations dans le cadre de l'adoption de la résolution

Le représentant de l'Inde, s'exprimant avant l'adoption de la résolution, a déclaré que le texte est assez différent de celui discuté hier et qu'en raison des consultations qui ont eu lieu depuis hier, il n'a pas eu le temps de l'examiner en détail ni de recevoir d'instructions de sa capitale. Ce climat de non-transparence préoccupe la délégation indienne.

Le représentant du Pakistan a affirmé qu'il est faux de prétendre qu'il n'y a pas eu de consultations dans le cadre des préparatifs du projet de résolution, soulignant que des larges consultations ouvertes à tous ont été tenues pour parvenir à un accord.

Le représentant du Guatemala a déclaré qu'il partageait les préoccupations des pays membres de l'Organisation de la Conférence islamique, à l'origine de l'initiative de ce projet de résolution, et exprimé son accord avec l'idée qu'un des moyens de lutter contre l'intolérance religieuse passe par l'organisation de séminaires, par l'éducation et par un dialogue entre les civilisations afin d'instaurer et de promouvoir la compréhension mutuelle et une culture de la paix. Il a indiqué que les stéréotypes négatifs touchent toutes les religions et que le problème majeur réside dans l'intégrisme et le fondamentalisme, qu'il soit religieux ou politique. Il s'est félicité que le projet soit sur le point d'être accepté par consensus.

Le représentant du Chili, s'exprimant avant l'adoption de la résolution, s'est félicité du consensus auquel la Commission est parvenue sur ce texte et il a félicité les délégations qui ont participé à cet effort. Il a expliqué que son pays est opposé à toute forme d'intolérance et en particulier religieuse. Au cours de son histoire, le Chili a bénéficié d'apports de différents courants d'immigration et de nombreux migrants sont de religion islamique. Il s'est déclaré en accord avec les pays de l'Organisation de la Conférence islamique sur le fait que l'intolérance sur l'islam est visible dans les médias et en particulier dans le cinéma.

Le représentant de l'Allemagne, au nom de l'Union européenne, s'exprimant après l'adoption de la résolution, s'est déclaré heureux que cette résolution ait pu être adoptée sans vote. Mais la question reste délicate, a-t-il dit. Il a été possible d'arriver à un accord parce que nous sommes tous préoccupé des attaques contre les religions, a-t-il déclaré. Il a précisé qu'il ne comprenait pas le mot diffamation tel qu'employé dans le titre d'un point de vue juridique.


Déclaration de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme sur la situation au Kosovo

MME MARY ROBINSON, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, faisant rapport devant la Commission sur l'évolution de la situation au Kosovo, a rappelé les éléments clés du conflit, les faits actuels en ce qui concerne la situation humanitaire et des droits de l'homme et, en particulier, le sort des réfugiés et de la population civile. Elle a également évoqué les questions de principe qui se posent face à cette situation. À cet égard, elle a mentionné les principes de justice et de protection des droits de l'homme, mais aussi le principe de proportionnalité qui doit poser la question des conséquences de la campagne de bombardements, le principe de légalité et les moyens de rétablir la paix. Elle a estimé qu'il était crucial et urgent que la diplomatie reprenne le pas afin de trouver une solution pacifique au conflit du Kosovo, dans le respect des principes des droits de l'homme. En l'absence de succès de la diplomatie, le Kosovo sera entièrement nettoyé de sa population d'origine albanaise tandis que les Serbes subiront des bombardements sans fin. Elle a lancé un appel à la raison et au retour de la diplomatie ainsi qu'à l'arrêt immédiat du nettoyage ethnique. Elle a lancé un appel à la République fédérale de Yougoslavie pour qu'elle déclare sans équivoque que tout réfugié et toute personne déplacée pourra retourner chez elle en toute sécurité.

M.GERARD WALZER, Vice-Haut-Commissaire adjoint des NationsUnies aux réfugiés, a déclaré qu'au cours des deux derniers jours, 10 000 réfugiés kosovars sont passés en ex-République yougoslave de Macédoine et 5000 autres en Albanie. Il y a environ 600 000 réfugiés dans la région immédiate, sans compter ceux qui ont trouvé refuge ailleurs. Et il est quasiment impossible de connaître le nombre de personnes déplacées à l'intérieur de la province du Kosovo. Revenant d'un voyage dans la région, M.Walzer s'est déclaré impressionné par l'ampleur de la crise humanitaire et par la tâche qu'il reste à accomplir. Il a souligné le caractère déstabilisant du conflit du Kosovo pour les États voisins. À chaque fois que c'est possible, les réfugiés devraient être gardés à distance raisonnable des frontières pour leur sécurité et empêcher la militarisation des camps. Il a estimé qu'il est important d'améliorer les capacités des États hôtes. Une autre question importante est celle de l'enregistrement des réfugiés qui se sont fait confisquer leurs papiers ou qui les ont perdus au cours de l'exode. C'est une tâche cruciale pour préparer le retour éventuel des réfugiés. Le HautCommissaire adjoint a également abordé le problème complexe des évacuations, estimant que l'option qui consiste à reloger les réfugiés temporairement en dehors de la région immédiate est un outil essentiel qui permet de faire partager le fardeau de la crise des réfugiés. Cette crise humanitaire est la plus grave et la plus catastrophique que l'Europe ait connu depuis la deuxième guerre mondiale, a-t-il souligné.

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