Ukraine : aggravation de la situation des civils due aux attaques russes et torture des prisonniers de guerre

Nous avons publié ce matin notre tout dernier rapport concernant l’Ukraine. Il couvre les principaux faits liés aux droits humains qui se sont déroulés entre le 1^er juin et le 31 août 2024, période au cours de laquelle les victimes civiles et les dommages causés aux infrastructures civiles ont considérablement augmenté.

Le nombre de victimes a augmenté de 45 % par rapport aux 3 mois précédents, 589 morts et 2 685 blessés ayant été relevés parmi les civils. La journée la plus meurtrière pour les civils a été celle du 8 juillet, lorsqu’une attaque de missiles coordonnée à grande échelle par la Fédération de Russie a fait au moins 43 morts. La majorité des victimes se trouve sur le territoire contrôlé par l’Ukraine.

L’incursion transfrontalière des forces armées ukrainiennes dans la région de Koursk de la Fédération de Russie le 6 août a marqué un tournant. Nous avons pu identifier certains des civils tués et blessés dans le cadre de cette incursion. Toutefois, nous n’avons pas été en mesure d’établir les circonstances exactes de ces pertes en raison d’un manque d’accès et d’informations publiques limitées. Nous avons demandé au mois d’août aux autorités russes de nous faciliter l’accès à ces fins. Or à ce jour, cette demande n’a pas abouti.

Au 31 août, la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine a pu confirmer que les violences liées au conflit avaient causé 11 743 morts et 24 614 blessés parmi les civils du pays depuis le 24 février 2022.

Au cours de la période considérée, les forces armées russes ont continué de cibler des infrastructures énergétiques à travers l’Ukraine, affectant les services essentiels et aggravant les inquiétudes quant à la situation de la population civile à l’approche de l’hiver.

Cette situation s’est poursuivie en septembre. Le nombre de victimes civiles pour le mois de septembre est en passe d’être aussi élevé que celui du mois d’août. L’action militaire intensive des forces armées russes a contraint le Gouvernement ukrainien à évacuer des milliers de personnes des zones proches de la ligne de front. Les attaques menées contre des villes ukrainiennes, par exemple à Soumy, Kharkiv et Zaporijia, ont endommagé et détruit des biens et des infrastructures civils, dont des établissements scolaires, des hôpitaux et même un centre de soins gériatriques. Nous avons recensé encore plus d’attaques contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes.

En ce qui concerne les prisonniers de guerre, le rapport, qui s’appuie sur des centaines d’entretiens, explique en détail comment les autorités russes ont fait subir aux prisonniers de guerre ukrainiens des actes de torture et autres mauvais traitements de manière généralisée et systématique. Plusieurs facteurs indiquent que les surveillants des centres de détention étaient au courant de ces traitements et avaient la possibilité de les empêcher. Certaines personnalités publiques de la Fédération de Russie ont explicitement encouragé le recours à des traitements inhumains, voire au meurtre de prisonniers de guerre ukrainiens.

Le rapport établit également que les prisonniers de guerre russes ont été soumis à la torture et à des mauvais traitements aux mains des forces ukrainiennes au cours des premières phases de leur captivité.

Le Haut-Commissaire présentera officiellement ce rapport au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies le 8 octobre.

Le rapport complet est disponible à partir du lien suivant : https://www.ohchr.org/en/documents/country-reports/40th-periodic-report-human-rights-situation-ukraine-treatment-prisoners