Soudan : le Haut-Commissaire effaré par le meurtre du gouverneur du Darfour occidental

Le Haut-Commissaire s’est dit effaré par l’assassinat du gouverneur de l’État du Darfour occidental, Khamis Abdullah Abbakar, le 14 juin dernier. Son meurtre s’est produit quelques heures seulement après son arrestation par les Forces d’appui rapide à El Geneina, la capitale du Darfour occidental, où le conflit a pris une dimension ethnique, les milices « arabes » rizeigat et d’autres milices alliées, soutenues par les Forces d’appui rapide, s’en prenant à la communauté massalit.

L’assassinat du gouverneur, appartenant lui-même à la communauté massalit, a eu lieu quelques heures seulement après un entretien télévisé durant lequel il avait critiqué les Forces d’appui rapide au sujet des attaques menées par les milices « arabes » mobilisées par les Forces d’appui rapide contre les Massalit et les infrastructures essentielles à El Geneina, une situation qu’il avait qualifiée d’« indescriptible ».

Toutes les personnes responsables de cet assassinat doivent rendre des comptes, y compris celles dont la responsabilité est engagée en tant que supérieurs hiérarchiques. Outre la responsabilité de l’auteur direct, le gouverneur était sous la garde des Forces d’appui rapide, et il incombait à ces dernières d’assurer sa sécurité.

Il s’agit du deuxième meurtre retentissant à El Geneina en quelques jours, après celui du frère aîné du chef traditionnel des Massalit, Tariq Abdelrahman Bahreldin.

Nous sommes également très préoccupés par la montée des discours de haine au Darfour occidental, car ils risquent d’exacerber les tensions. Le HCDH a examiné des clips vidéo enregistrés par des membres de milices « arabes » se félicitant de leurs « victoires ». Une vidéo semble montrer un membre de la milice marchant dans une rue vide en disant : « maintenant dans le quartier d’Althawra... le meurtre des Nouba s’est déroulé avec succès... l’expulsion des Massalit s’est déroulée avec succès... fils de chiens ».

Nous demandons que justice soit faite et que les responsables des exécutions extrajudiciaires et de toutes les autres violations et abus commis au cours de ce conflit soient amenés à rendre des comptes.

Nous appelons également à l’arrêt immédiat des hostilités à El Geneina et dans tout le Soudan, et à l’établissement immédiat d’un corridor humanitaire entre le Tchad et El Geneina, ainsi qu’un passage sûr pour les civils hors de toutes les zones de conflit.

Depuis le 24 avril, El Geneina a fait l’objet d’attaques répétées et de grande envergure de la part des Forces d’appui rapide et de ses alliés. Elles ont ciblé les quartiers habités par les Massalit, empêchant la circulation des personnes, des biens et de l’aide humanitaire, et détruisant les infrastructures essentielles, le tout alors que les communications sont interrompues depuis au moins le 19 mai dernier.