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Notes de conférence de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Myanmar : une situation humanitaire et des droits de l’homme désastreuse, aggravée par les restrictions de l’aide humanitaire imposées par l’armée

30 Juin 2023

Des personnes transportant leurs biens après le passage du cyclone Mocha à Sittwe, dans l’État rakhine, au Myanmar, le 15 mai 2023. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), le cyclone tropical Mocha a touché le Myanmar le 14 mai après-midi avec des vents soutenus allant jusqu’à 250 km/h et des rafales pouvant atteindre 305 km/h. © EPA-EFE/NYUNT WIN

Prononcé par

Porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme : Ravina Shamdasani

Lieu

Geneva

Un rapport publié aujourd’hui par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) illustre la détérioration alarmante de la situation humanitaire et des droits de l’homme au Myanmar, exacerbée par la stratégie militaire visant à empêcher l’aide humanitaire de parvenir à celles et ceux qui en ont désespérément besoin.

Selon les informations recueillies par le HCDH depuis le 1er février 2021, l’armée continue de donner la priorité à ses objectifs au détriment de toute autre considération, y compris le besoin urgent des communautés touchées par le conflit de recevoir une assistance vitale. Même dans les cas où des travailleurs humanitaires ont été autorisés à pénétrer sur le territoire, leur capacité à fournir de l’aide a été strictement limitée et contrôlée.

L’armée a agi comme si les personnes fournissant cette assistance aidaient leurs opposants, au lieu de respecter leur besoin de protection et de leur faciliter l’accès pour qu’elles puissent venir en aide à la population civile en cette période de crise.

La situation déjà désastreuse sur le terrain a été aggravée par les restrictions militaires imposées à l’aide humanitaire après le passage du cyclone Mocha en mai, ce qui a aggravé les souffrances et la misère d’une grande partie de la population dans l’ouest et le nord-ouest du pays.

Comme l’indique clairement le rapport, l’obstruction ou le refus intentionnels de l’aide humanitaire peuvent constituer des violations flagrantes du droit international des droits de l’homme et des violations graves du droit international humanitaire.

Selon ce rapport, afin notamment de couper le soutien à ses opposants, l’armée a utilisé sa stratégie des « quatre blocages » pour tuer et blesser des milliers de civils tout en détruisant les biens et les infrastructures nécessaires à la survie, notamment de la nourriture, des abris et des centres de soins.

La crise humanitaire et des droits humains au Myanmar est considérable. On estime à 1,5 million le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays, et environ 60 000 structures civiles auraient été brûlées ou détruites. Plus de 17,6 millions de personnes, soit un tiers du total de la population, ont besoin d’une forme d’aide humanitaire.

Entre février 2021 et avril 2023, des sources fiables ont confirmé qu’au moins 3 452 personnes étaient mortes aux mains de l’armée et de ses affiliés, et que 21 807 personnes avaient été arrêtées.

Notre rapport indique notamment que la situation en matière de sécurité s’est considérablement détériorée pour les travailleurs humanitaires depuis le coup d’État. Ces derniers risquent constamment d’être arrêtés, harcelés ou de subir d’autres mauvais traitements, voire de perdre la vie.

En vertu du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, les populations dans le besoin ont le droit de recevoir de l’aide pour garantir le respect de leurs droits à l’alimentation, au logement et à la santé. Toutes les parties doivent permettre et faciliter le passage sans entrave de l’aide vitale à toutes les personnes qui en ont besoin.

Dans le contexte des conflits armés, l’obstruction ou le refus intentionnels de l’aide humanitaire peuvent en outre constituer des crimes de guerre tels que l’homicide intentionnel, la torture et autres traitements dégradants, la famine et les peines collectives. De tels dénis peuvent également constituer des crimes contre l’humanité, comme le meurtre, l’extermination, la torture et autres actes inhumains, ou la persécution, lorsqu’ils sont commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique contre une population civile.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme présentera le rapport devant le Conseil des droits de l’homme la semaine prochaine.

Lire le rapport complet

 

Pour plus d’informations et pour toute demande de la part des médias, veuillez contacter :

À Genève

Ravina Shamdasani : +41 22 917 9169 / ravina.shamdasani@un.org ; ou
Liz Throssell : +41 22 917 9296 / elizabeth.throssell@un.org

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