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Rendre l’éducation plus sûre et plus inclusive pour les jeunes LGBTQ+

Sameer Jha a participé au Sommet des jeunes activistes de cette année à Genève, en Suisse. © Sameer Jha

Lorsqu’il était enfant, Sameer Jha, qui a grandi aux États-Unis, aimait jouer à la poupée ou encore porter des vêtements roses à l’école. À l’école secondaire, ses camarades n’ont pas accepté ses choix. 

« J’ai été victime de harcèlement », explique-t-il. « Principalement du harcèlement homophobe, mais parfois aussi du harcèlement physique. À cause de cela, j’ai commencé à avoir honte des choses que j’aimais. »

Il s’est senti obligé de cacher ou de changer qui il était pour ne plus être harcelé.

« J’ai fini par associer le mot "gay" à des choses négatives, à quelque chose qu’il ne fallait pas être », indique-t-il. « C’est seulement quand je suis arrivé dans une école de deuxième cycle secondaire beaucoup plus inclusive que j’ai réalisé que ce n’était pas le cas, que l’homosexualité est quelque chose dont nous pouvons être fiers, et que la communauté queer doit être positivement reconnue », ajoute-t-il.

Sameer a alors décidé que les enfants comme lui ne devaient plus connaître le harcèlement à l’école. À l’âge de 14 ans, il a donc fondé l’organisation Empathy Alliance afin de rendre les écoles plus sûres pour les élèves LGBTQ+, quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. Ses efforts ont eu un impact sur plus de 35 000 élèves et 42 établissements scolaires aux États-Unis. Il a également atteint plus d’un million de personnes grâce aux événements organisés par Empathy Alliance pour promouvoir l’acceptation par la famille et renforcer la mobilisation de la communauté sur des questions pertinentes pour les LGBTQ+, et grâce à ses allocutions. 

Aujourd’hui âgé de 21 ans et étudiant à l’Université de Stanford, il est également l’un des lauréats du Sommet des jeunes activistes 2022 qui s’est tenu à Genève, en Suisse, et qui a rassemblé de jeunes individus œuvrant en faveur d’un monde inclusif et équitable. Chaque année depuis 2019, le Sommet met à l’honneur des jeunes qui ont obtenu des résultats exceptionnels pour faire progresser la durabilité et les droits de l’homme.

Le jeune militant a pu constater à quel point l’inclusion à l’école peut véritablement changer la vie des élèves.

À tout juste 16 ans, Sameer a écrit un livre contre le harcèlement intitulé Read This, Save Lives. Cet ouvrage, écrit du point de vue de l’élève, s’adresse aux professionnels de l’éducation et fournit des outils reposant sur la création d’un environnement inclusif.

« Beaucoup de livres destinés aux enseignants sont écrits par d’autres enseignants, par des adultes qui ont depuis longtemps terminé leurs études », explique-t-il. « J’avais donc l’impression que c’était quelque chose qui manquait. Je voulais non seulement raconter mon histoire, mais aussi fournir des conseils et des astuces, et tout ce que j’avais appris dans le cadre de mon action militante. »

Sameer Jha shown with his father and mother at San Francisco Pride 2017 in the United States. ©Sameer Jha

Sameer Jha en compagnie de son père et de sa mère lors de la marche des fiertés de 2017 à San Francisco, aux États-Unis. ©Sameer Jha

Son travail acharné a porté ses fruits, car il a permis à de nombreux élèves LGBTQ+ de s’épanouir à l’école dans un environnement plus sûr. Il attribue cette liberté de défendre les autres à la Déclaration universelle des droits de l’homme, en particulier l’article 26, qui stipule que toute personne a le droit à l’éducation.

« L’article 26 est celui qui selon moi représente le plus ce pour quoi je me bats », affirme-t-il. 

Vu·e·s et entendu·e·s

Selon Sameer, le fait de vivre dans un environnement bienveillant, tant à la maison que dans sa propre communauté, est crucial. Même si ses parents l’ont énormément soutenu, le chemin a été long pour en arriver là. Une fois ce cap franchi en revanche, il s’est senti fier de faire partie de la communauté LGBTQ+.

« Je pense que mon principal conseil pour les jeunes LGBTQ+ aujourd’hui est que vous pouvez avoir le sentiment que beaucoup de gens sont contre vous et, vous savez, vous donner l’impression de détester qui vous êtes en tant que personne et ce que vous défendez », déclare-t-il. « Mais tellement plus de gens vous aiment et vous soutiennent, et veulent que vous vous épanouissiez et que vous soyez vous-même. » 

C’est tellement valorisant de raconter son histoire et c’est tellement valorisant d’avoir des gens qui vous écoutent.

Sameer Jha, fondateur de l’organisme Empathy Alliance et jeune militant pour les LGBTQ+

Il a également été invité à la Maison-Blanche par le Président Joe Biden à l’occasion de la fête hindoue de Diwali et pour la célébration des fiertés à la Maison-Blanche, afin de parler de son travail de sensibilisation aux États-Unis.

« J’ai été ravi de voir que les deux côtés de mon identité étaient célébrés – mon homosexualité et mon identité sud-asiatique – et d’être reconnu à travers toutes les facettes de mon identité », affirme-t-il. « Je remercie la Maison-Blanche et le gouvernement actuel d’avoir accepté de travailler avec moi, d’avoir écouté ce que j’avais à dire et de vraiment comprendre l’importance de protéger les jeunes LGBTQ alors que tant de projets de loi néfastes sont adoptés à travers le pays et dans le monde entier. »

Même si cela peut être effrayant pour les jeunes de se battre pour ce qui est juste, Sameer assure qu’il existe de nombreux moyens de se faire entendre.

« Je pense que pour les jeunes qui grandissent dans le monde actuel, c’est vraiment facile de raconter leur histoire et de faire entendre leur voix avec les médias sociaux », explique-t-il. « Ce que les autres pensent de vous ne définit pas qui vous êtes, donc il est important de trouver des espaces favorables, que ce soit en ligne, localement, ou en s’impliquant dans l’activisme à l’échelle nationale. »

Sameer se souvient du jour où il est retourné dans l’école secondaire où il avait été victime de harcèlement afin de mettre en place un club où les élèves pouvaient parler de questions pouvant intéresser les LGBTQ+ et discuter de la lutte contre le harcèlement. Au début, il a eu peur que les élèves ne viennent pas, ou qu’ils et elles viennent seulement pour la nourriture. 

« Mais après, ils sont venus me voir et m’ont dit : ce que tu as vécu avec le harcèlement, c’est exactement ce que je vis en ce moment, et ce n’est pas bien. Je n’ai pas de soutien dans ma famille, ou à l’école, mais je veux vraiment qu’il y ait un espace pour que je puisse m’épanouir et exister ». « Et ils étaient si heureux que ce club puisse être une possibilité. Et cela m’a fait tellement chaud au cœur que même si j’ai été victime de harcèlement dans cette école, la prochaine génération d’enfants ne le sera plus. »

Avertissement : les idées, informations et opinions exprimées dans le présent article sont celles des personnes y figurant ; elles ne reflètent pas nécessairement la politique ou la position officielle du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.