Communiqués de presse Procédures spéciales
Les États doivent agir pour mettre fin au harcèlement des élèves LGBT, affirment des experts des Nations Unies
04 octobre 2019
GENÈVE (4 octobre 2019) – Plusieurs experts des droits de l'homme des Nations Unies ont exprimé leur profonde inquiétude au sujet de l'intimidation, du harcèlement et de l'exclusion dont font l'objet les élèves LGBT dans les écoles, les universités et d'autres établissements d'enseignement, et ont appelé les États à interdire et prévenir de tels actes, et à punir leurs auteurs.
« Il est très inquiétant de voir des jeunes être victimes de violentes attaques en ligne et de violences motivées par la haine – souvent commises par des pairs de leurs propres écoles – en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre », ont déclaré Victor Madrigal-Borloz, Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre, et Koumbou Boly Barry, Rapporteuse spéciale sur le droit à l'éducation.
« Les élèves LGBT font l'objet de moqueries, d'injures et de railleries en public, de rumeurs, d'intimidations, de bousculades et de coups, de vols ou de dommages matériels, de messages et de graffiti obscènes, d'isolement social, de cyberintimidation, d'agressions physiques et sexuelles, et même de menaces de mort », ont-ils indiqué dans une déclaration*. « Cela se produit dans les classes, les terrains de jeux, les toilettes et les vestiaires, sur le chemin de l'école, ou encore en ligne.
« La violence implicite se manifeste également à travers des politiques, règlements et programmes scolaires et des ressources et pratiques d'enseignement discriminatoires », ont-ils ajouté.
Victor Madrigal-Borloz présentera un rapport* traitant notamment du problème de l'intimidation et du harcèlement des élèves LGBT à l'Assemblée générale des Nations Unies le 24 octobre 2019.
Les experts ont indiqué que le harcèlement et la discrimination à école fondés sur l'orientation sexuelle, ainsi que sur l'identité et l'expression du genre, ont des effets néfastes sur la santé physique et psychologique des élèves LGBT et ceux ne correspondant pas à l'image traditionnellement associée à leur genre. Ces effets néfastes sont multiples, notamment la dépression, l'anxiété, la peur, le stress, la perte de confiance, une faible estime de soi, le retrait, l'isolement social, la solitude, la culpabilité, des troubles du sommeil, l'alcoolisme et la toxicomanie, le sans-abrisme, l'automutilation et même le suicide.
« De plus, ces environnements hostiles affectent l'éducation et les perspectives d'emploi des personnes LGBT », ont indiqué Victor Madrigal-Borloz et Koumbou Boly Barry. « Ils risquent davantage d'éprouver un sentiment d'insécurité à l'école, d'éviter certaines activités scolaires, de manquer des cours, d'abandonner l'école, et d'obtenir des résultats scolaires plus faibles que leurs pairs, ce qui les met dans une situation économique défavorable. »
Les mécanismes des Nations Unies relatifs aux droits de l'homme ont soulevé des préoccupations au sujet de la violence et de la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre dans le système éducatif et ont appelé les États à prendre les mesures nécessaires pour interdire, prévenir et réprimer le harcèlement, l'intimidation, et l'expulsion des élèves LGBTI d'établissements scolaires, notamment en sensibilisant le public et en mettant en œuvre des mesures de sécurité et de soutien.
FIN
Victor Madrigal-Borloz a été nommé Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre* pour une période de trois ans et a débuté son mandat le 1er janvier 2018.
*Cette déclaration donne un aperçu de son prochain rapport adressé à l'Assemblée générale, dans lequel il examine en détail la manière dont les lois discriminatoires et les normes socioculturelles continuent de marginaliser et d'exclure les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et de genre variant, y compris les jeunes, dans les domaines de l'éducation, des soins de santé, du logement, du monde du travail et dans d'autres secteurs. En outre, l'Expert indépendant se penche sur la question de l'inclusion et de l'accès à ces droits du point de vue de l'intersectionalité. Il analyse également la discrimination aggravée, qui mène à l'exclusion et à la marginalisation et dont l'impact spécifique sur les jeunes doit être rendu visible. Il traite ensuite de la façon dont une société inclusive et des mesures gouvernementales permettent aux personnes d'être protégées contre la violence et la discrimination et souligne le rôle unique des dirigeants dans différents domaines, qui ensemble permettront de briser le cycle d'exclusion et d'avoir un impact positif sur les idées fausses, les craintes et les préjugés qui alimentent la violence et la discrimination.
Koumbou Boly Barry (Burkina Faso) a pris ses fonctions en qualité de Rapporteuse spéciale sur le droit à l'éducation le 1er août 2016 suite à sa nomination à la 32e session du Conseil des droits de l'homme. Elle détient un doctorat en histoire économique de l'Université Cheikh Anta Diop au Sénégal. Elle est l'ancienne Ministre de l'éducation et de l'alphabétisation du Burkina Faso et a travaillé à de nombreuses reprises en tant que consultante dans le domaine du droit à l'éducation auprès de gouvernements et d'institutions internationales. Mme Boly Barry œuvre pour faire reconnaître la question du genre dans l'éducation. Elle a également acquis de vastes connaissances et une grande expérience en matière de formation et de recherche en tant que professeure invitée à l'Université de Nottingham (Royaume-Uni) et à l'Université de Louvain La Neuve (Belgique), et professeure à l'Université de Ouagadougou (Burkina Faso), l'Université de Vitoria (Brésil) et l'Université de Fribourg (Suisse).
Les Rapporteurs spéciaux relèvent de ce qu'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d'experts indépendants au sein du système onusien des droits de l'homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d'enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l'homme afin de traiter de la situation spécifique d'un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n'appartiennent pas au personnel de l'ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.
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