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Liberté d’opinion et d’expression

Le réalisateur Santiago Maza et l’acteur Diego Luna célèbrent la Journée mondiale de la liberté de la presse

03 mai 2024

Des journalistes interrogent une personnalité politique lors d’un point de presse © Getty

« Aujourd’hui, je peux dire que ma conscience civique est due en grande partie au travail et au courage des journalistes de mon pays, qui est la source de ma motivation et de mon indignation face aux conditions dans lesquelles ils exercent leur métier », a déclaré Diego Luna, acteur, réalisateur et producteur mexicain de renommée internationale, et défenseur des droits à la liberté d’expression et à l’accès à l’information.

« Dans un pays comme le Mexique, où l’impunité est si importante, le journalisme est essentiel. Le journalisme indépendant nous rapproche de la vérité », a-t-il énoncé.

Ce souci de souligner l’importance de la liberté de la presse a conduit M. Luna à produire le film documentaire State of Silence, réalisé par Santiago Maza, documentariste mexicain et défenseur des droits à la liberté d’expression et à l’accès à l’information.

« J’aime raconter des histoires et le journalisme est le moyen de trouver un ordre et un sens à la façon dont nous racontons notre vie quotidienne ; les journalistes sont ceux qui nous racontent notre propre histoire », a déclaré M. Maza pour expliquer les raisons qui l’ont poussé à s’impliquer dans ce projet.

Le documentaire State of Silence dépeint la dangereuse réalité que vivent de nombreux journalistes au Mexique, mais pour M. Luna, la réalité de ce pays est le reflet de ce qui se passe dans le monde. La campagne d’impact de State of Silence a été présentée au Festival international du film et au Forum sur les droits de l’homme à Genève en mars dernier.

« State of Silence cherche aussi à nous rappeler et à nous faire comprendre ce qu’est le journalisme aujourd’hui, ce que font les journalistes aujourd’hui », a déclaré M. Maza. « Les journalistes sont parfois leur propre média : ils écrivent, recueillent des informations, interviewent, éditent et publient. »

Pour Diego Luna et Santiago Maza, les films documentaires sont un outil essentiel pour défendre la liberté des médias. Ils sont convaincus que les documentaires peuvent être porteurs de changement.

Photo of Diego Luna. Credit: Karla Lisker

Photo of Diego Luna. © Karla Lisker

C’est là toute la force des films documentaires : ils vous racontent une histoire spécifique, mais si vous prenez un peu de recul, vous vous rendez compte que cette histoire ressemble à beaucoup d’autres, et qu’en fin de compte, ce dont elle parle, c’est du danger que le silence peut faire peser sur nos sociétés.

Diego Luna, acteur, directeur et producteur mexicain

La protection des journalistes

« Lorsqu’un journaliste est tué, des milliers de personnes sont réduites au silence, d’où la gravité de ce qui se passe actuellement dans mon pays », a affirmé M. Luna.

« Au Mexique, le travail journalistique comporte des risques importants », a expliqué Jesús Peña Palacios, représentant adjoint du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) au Mexique. « En se consacrant à l’information du public, les journalistes et les professionnels des médias sont victimes de différents types d’attaques, allant du harcèlement et de la surveillance aux disparitions et aux assassinats. Ces attaques affectent également de manière indélébile le droit à l’information de la société dans son ensemble. »

Depuis 2019, le HCDH a constaté qu’au moins 49 journalistes et professionnels des médias (dont quatre femmes) ont été tués en lien possible avec leur travail au Mexique. Sur cette même période, 20 personnes ont disparu, dont 15 ont retrouvé la liberté et cinq sont toujours portées disparues. En outre, 60 % d’entre elles avaient déjà été victimes d’incidents et 30 % avaient officiellement déposé plainte.

« Malgré cette violence, malgré l’injustice, les journalistes mexicains continuent de travailler et n’ont de cesse de raconter ce qui se passe dans notre pays. En tant que société, nous devons le reconnaître, nous devons nous soucier d’eux, nous devons établir des liens, nous devons raconter leur histoire au Mexique et au-delà, et faire savoir au monde entier ce qui se passe dans ce pays », a insisté M. Luna.

Still of Santiago Maza directing the documentary film State of Silence. © Lorenza Clapp

Photo de Santiago Maza réalisant le film documentaire State of Silence. © Lorenza Clapp

Pour nous, il est essentiel de faire comprendre au spectateur que chaque fois qu’un journaliste est tué et réduit au silence, c’est une lumière qui s’éteint, une vie qui est perdue et cela a un impact sur leurs familles, leurs collègues et les médias. En même temps, cela trouve aussi un écho dans les communautés qu’ils représentent.

Santiago Maza, directeur du documentaire State of Silence

Diego Luna juge essentiel que les organisations internationales s’impliquent, de manière à ce que cette situation soit connue en dehors du Mexique. Dans cette optique, M. Maza et lui-même ont rencontré en mars dernier Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

« Lorsque la démocratie est menacée et que la sécurité des journalistes est en danger, les fondements de nos sociétés le sont également », a déclaré M. Türk lors de sa rencontre avec les deux hommes.

M. Türk les a remerciés d’avoir fait prendre conscience de l’importance de défendre la liberté d’expression, la démocratie et la sécurité des journalistes.

« Nous avons besoin d’un journalisme indépendant, éthique et de qualité, aujourd’hui plus que jamais. Face à la crise climatique, et à toutes les crises, les journalistes sont les alliés ultimes des droits humains », a déclaré le Haut-Commissaire dans sa déclaration à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. « Car en cherchant à établir les faits, les preuves et les responsabilités, ils nous offrent l’un de nos meilleurs espoirs de construire des sociétés fondées sur la vérité et la confiance. »

Selon M. Türk, l’année 2023 a été encore une fois catastrophique pour le journalisme, avec 71 journalistes tués. Ce fut à nouveau une année marquée par l’impunité. Seulement 13 % des affaires de meurtre ont fait l’objet d’une enquête. Par ailleurs, 320 journalistes et professionnels des médias ont été emprisonnés, un chiffre record.

Le HCDH soutient les journalistes et les médias en appuyant les possibilités d’amélioration de l’espace civique au niveau national, tout en renforçant les réponses stratégiques aux menaces ; en renforçant les bonnes pratiques de protection, notamment en soutenant les réseaux ; en améliorant la visibilité du travail et de la situation des journalistes ; en soutenant le travail des mécanismes de protection au niveau national ; et en plaidant pour une presse libre, indépendante et pluraliste en tant que moyen de renforcer les sociétés démocratiques, entre autres.

Diego Luna and Santiago Maza meet with Volker Türk. © OHCHR/Petre Oprea

Diego Luna et Santiago Maza rencontrent Volker Türk. © HCDH/Petre Oprea

« Il ne peut y avoir de démocratie saine sans une presse libre et, outre le droit des journalistes de faire leur travail librement, un autre droit doit être défendu, le droit, en tant que citoyens, d’avoir accès à une information libre », a déclaré M. Luna.

Pour M. Maza, la liberté d’expression et la sécurité des journalistes sont essentielles à une société démocratique, car les journalistes sont le lien entre les citoyens, leurs contextes et leurs réalités, et les processus de prise de décision.

« Lorsque les journalistes font leur travail librement et sans être censurés, nous pouvons comprendre ce qui se passe dans nos communautés, dans nos États et dans nos pays », a-t-il indiqué.

« La démocratie exige une presse libre, saine et diversifiée en termes de perspectives et de points de vue », a déclaré M. Luna. « Ce n’est qu’à cette condition que la société pourra prendre les meilleures décisions. »

Rejoignez Diego Luna et Santiago Maza à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse