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Changements climatiques

« Les jeunes ont du pouvoir » : Saoirse Exton, militante pour le climat

10 Novembre 2023

Saoirse Exton, militante pour le climat, lors d’une manifestation © Pamela EA

Saoirse Exton a commencé à militer pour le climat bien avant d’avoir l’âge de voter.

Elle a commencé dès l’âge de 13 ans à participer à des sit-in et des manifestations devant les bâtiments municipaux de sa ville natale de Limerick, en Irlande. Son action s’est rapidement transformée en une véritable campagne, dans le cadre de laquelle elle a voyagé dans le monde entier pour exiger des mesures face à l’urgence climatique lors de sommets mondiaux. Cette année, Saoirse Exton, à présent âgée de 18 ans, est devenue la plus jeune membre du Groupe consultatif de la jeunesse sur les changements climatiques du Secrétaire général des Nations Unies.

« Les jeunes ont du pouvoir. Ils peuvent montrer la voie, rassembler les foules et militer en faveur du changement », a déclaré Saoirse, qui a fondé une branche locale du mouvement mondial des « Vendredis pour l’avenir ».

À l’aide de TikTok, de procès et de haut-parleurs, une génération croissante de jeunes défenseurs des droits humains comme Saoirse s’organise pour demander aux gouvernements et aux entreprises de prendre leurs responsabilités concernant les changements climatiques.

Pour Saoirse, il est tout à fait naturel que les jeunes soient en première ligne d’un combat qu’ils considèrent comme existentiel.

« Nous avons hérité d’un monde qui est littéralement en train de s’écrouler, et c’est vraiment injuste », a-t-elle déclaré. « Nous sommes les plus concernés par les effets de la crise climatique et les générations futures les plus proches. C’est nous qui devrons porter le fardeau des actions des générations précédentes. »

Le mois dernier, Saoirse a participé au Dialogue régional pour l’Europe et l’Asie centrale, organisé par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), afin de discuter du droit à un environnement propre, sain et durable dans le cadre de l’initiative « Droits humains 75 ». Dans son discours, elle a pointé du doigt les gouvernements et les adultes qui traînent les pieds et font « le strict minimum » en matière de climat.

« Nous nous allons tout droit vers une crise. Il nous reste moins de six ans pour empêcher des changements climatiques irréversibles et nous ne pouvons plus nous contenter d’une diplomatie ordinaire. Nous devons veiller à ce que de véritables mesures soient prises. »

Selon Saoirse, pour prévenir une catastrophe climatique, nous devons changer notre rapport avec la planète.

« La planète est utilisée comme une ressource servant à générer des profits, ce qui se traduit par la destruction complète des écosystèmes. Nous avons besoin d’un système économique davantage centré sur l’être humain. Nous devons considérer l’économie sous un angle anthropologique. »

Il existe 32 mots pour dire « champ » en irlandais

En tant que « Gaeilgeoir » (locutrice de la langue irlandaise), Saoirse est convaincue que la richesse des connaissances contenues dans les langues traditionnelles et les contes peut rétablir le concept selon lequel la Terre est sacrée.

« Mes ancêtres ont toujours eu le sentiment d’être connectés à la terre. En irlandais, il existe 32 mots pour désigner un champ, et chacun d’entre eux couvre un concept différent selon son utilité. C’est quelque chose que nous avons perdu et que nous pouvons retrouver. En tant qu’êtres humains, nous ne sommes pas au-dessus de l’écosystème, nous en faisons partie. »

En tant que membre du Groupe consultatif de la jeunesse sur les changements climatiques du Secrétaire général des Nations Unies, Saoirse est chargée de fournir des conseils pratiques, ainsi que des perspectives et des recommandations formulées du point de vue des jeunes, en mettant l’accent sur l’accélération de la mise en œuvre du programme d’action pour le climat.

Pour elle, une chose est claire : l’action climatique ne pourra pas être menée si l’on continue d’agir comme avant.

« Les dirigeants mondiaux insistent pour que le statu quo soit maintenu, moyennant quelques modifications. Et cela ne marchera pas. Nous n’avons pas le choix. La lutte contre les changements climatiques est une nécessité. »

Cela signifie également qu’il faut mettre fin au décalage entre les paroles et les actes de nombreux gouvernements et entreprises.

« Il s’agit véritablement de créer une législation spécifique, rédigée par les peuples autochtones, les jeunes et les communautés les plus touchées par la crise climatique, ou en collaboration avec ces derniers. Il y a beaucoup de beaux discours, mais peu de changements systémiques. »

Selon Saoirse, les jeunes sont souvent mis de côté ou traités comme des « êtres inférieurs », car ils n’ont pas encore atteint l’âge adulte. Cela alimente chez eux un sentiment de frustration et de colère, car ils ont le sentiment de ne pas être écoutés en ce qui concerne le climat.

Que peuvent donc faire les jeunes pour se faire entendre en matière d’action climatique ? Brandissez une pancarte, participez à un sit-in, protestez, prenez une photo et publiez-la sur les médias sociaux, sensibilisez l’opinion, impliquez-vous dans une organisation locale, a énuméré Saoirse. Et lorsque vous serez en âge de voter, utilisez votre droit de vote, a-t-elle ajouté.

« Nous observons ce qui se passe. Les jeunes sont très conscients de la situation. Dans les démocraties, une fois que nous aurons le droit de vote, nous voterons contre les gouvernements qui ne nous écoutent pas. »