Skip to main content

Haut‑Commissaire aux droits de l’homme

« Quand il s'agit des droits de l'homme, nous avons besoin que tout le monde soit de la partie »

17 Octobre 2022

High Commissioner Volker Türk during one of his missions for UNHCR © UNHCR/George Osodi

« Les droits de l'homme sont le langage commun de l'humanité », explique Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme. « Nous avons besoin d'un système de droits de l'homme qui parle à chaque être humain ».

En prenant ses fonctions le 17 octobre en tant que huitième Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk souligne qu'il sera « toujours et avant tout guidé par l'impact de notre travail sur les personnes que nous servons ».

« Il n'existe pas d'approche universelle pour chaque situation », ajoute-t-il. « J'espère utiliser tous les outils à notre disposition pour faire progresser les droits humains de tous ».

Pour M. Türk, le mandat du Haut-Commissaire englobe une collaboration solide avec toutes les parites prenantes, y compris les gouvernements, les défenseurs des droits de l'homme, la société civile, ainsi qu’« une prise de position très claire lorsque cela est nécessaire ».

« Je sais à quel point le plaidoyer est essentiel pour les droits de l'homme », déclare-t-il. « Il est si important, dans le monde fragmenté d'aujourd'hui, qu’une voix de la conscience, de la raison et de la sagesse se fasse entendre. Le Haut-Commissaire aux droits de l'homme doit être cette voix, un Haut-Commissaire qui n'est tenu de poursuivre aucun autre intérêt que ceux défendus par la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme et l’ensemble du cadre des droits de l’homme existant ».

M. Türk ne considère pas la collaboration et le plaidoyer public comme étant incompatibles, mais plutôt comme se renforçant mutuellement.

« Je ne vois pas ces rôles comme étant mutuellement exclusifs. Cela signifie qu’on doit justement plaider pour faire progresser les droits de l’homme de chaque personne, partout dans le monde », ajoute-t-il. « Nous devons œuvrer pour les droits de l’homme en captant l’imagination des gens, des pays et des sociétés ».

M. Türk est également impatient d’établir un dialogue avec les jeunes, comme il l'a fait dans ses précédents rôles au sein de l'ONU, dans l’espoir d’inspirer les jeunes de la même manière qu'ils l'inspirent.  

« Je veux projeter une image des droits de l'homme qui nous transforme en tant que société, qui montre comment nous interagissons, comment nous collaborons avec les communautés, comment nous prenons soin les uns des autres », déclare-t-il. « Et c’est cela les droits de l’homme. Nous devons transmettre cela aux générations futures et surtout aux jeunes d’aujourd’hui ».

Les droits de l'homme sont ma vocation, ma passion. C'est le chemin que j'ai suivi toute ma vie.

M. Türk apporte au Haut-Commissariat la grande expérience qu’il a acquise sur tous les continents dans les domaines des droits de l’homme, du droit international et de la protection, notamment au sein du HCR, l’organisme des Nations Unies pour les réfugiés.

« J'ai passé 30 ans de ma vie à défendre les droits des personnes parmi les plus vulnérables sur terre – les réfugiés, les apatrides, les personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays - mais aussi les personnes en situation de conflit et de fragilité », explique-t-il. « Ce travail m'a montré un microcosme de la souffrance humaine et de la privation des droits de l'homme ».

M. Türk, originaire d'Autriche, a trouvé sa vocation pour les droits de l'homme à 15 ans lorsqu'il a découvert la Déclaration universelle des droits de l'homme à l'école. Il s’est rendu compte que des enfants de son âge ne pouvaient pas aller à l’école dans certaines zones rurales d’autres régions du monde, ce qui les rendait extrêmement vulnérables. Il a également travaillé avec des sans-abri en Autriche, ainsi qu'avec des réfugiés et des migrants. M. Türk a suivi des études de droit international, dans le but de défendre les droits des communautés vulnérables, ce qu'il a continué à faire en tant qu'avocat et dans ses différents rôles au sein des Nations Unies.

« La Déclaration universelle des droits de l'homme m'a profondément touché », affirme-t-il. « Elle n'a cessé de résonner en moi depuis ».

High Commissioner Volker Türk met Rohingya children at the Chakmarkul refugee settlement as UNHCR’s Assistant High Commissioner for Protection © UNHCR/Caroline Gluck

Le Haut-Commissaire, Volker Türk, rencontrant des enfants rohingyas dans le camp de réfugiés de Chakmarkul en tant que Haut-Commissaire assistant du HCR en charge de la protection. © UNHCR/Caroline Gluck

Défendre les personnes les plus vulnérables

En tant que Secrétaire général adjoint chargé de la politique au sein du Cabinet du Secrétaire général des Nations Unies, M. Türk a structuré « l’Appel à l’action en faveur des droits humains » du Secrétaire général, qui stipule que les droits de l'homme sont essentiels pour traiter les causes et les conséquences de toutes les crises complexes et qu'ils sont nécessaires « pour construire des sociétés durables, sûres et pacifiques ». Il a aussi grandement contribué à l'élaboration de « Notre programme commun », qui porte essentiellement sur la mise en place d'un multilatéralisme efficace, inclusif et en réseau.

Il a occupé plusieurs postes importants au HCR, notamment en tant que Haut-Commissaire assistant chargé de la protection tant au siège que sur le terrain, comme au Koweït, en République démocratique du Congo, en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo et en Malaisie.

M. Türk est convaincu que son expérience professionnelle avec les réfugiés l'aidera dans son rôle de Haut-Commissaire, étant donné qu’il a eu l'occasion de diriger des projets importants au HCR, notamment un travail de plaidoyer sur une campagne pour éradiquer l'apatridie et une autre pour promouvoir des mesures de substitution à la détention. Il a également joué un rôle déterminant dans la conception du Pacte mondial sur les réfugiés.

« Pour la première fois, le Pacte mondial a vraiment inscrit dans un cadre multilatéral ce que le partage des responsabilités signifie dans le monde d'aujourd'hui », indique-t-il.

Son expérience au sein dui HCR a selon lui été inestimable : il a travaillé avec des collègues pour aider des centaines de personnes à sortir de détention et pour sauver des vies en évacuant et en réinstallant des gens. M. Türk s'est également présenté devant les tribunaux pour défendre les droits des réfugiés, des apatrides et des personnes déplacées, et a mis en place des foyers d'accueil pour les femmes victimes de violences sexuelles et fondées sur le genre.

« Nous avons contribué à faire des progrès décisifs, à vraiment changer la vie des gens », déclare-t-il.

During his time at UNHCR, High Commissioner Volker Türk visited the Mahama Refugee Camp in Rwanda with UNHCR © UNHCR/Samer Azam

Le Haut-Commissaire Volker Türk visite le camp de réfugiés de Mahama au Rwanda au cours de son mandat avec le HCR. © UNHCR/Samer Azam

Recul des droits de l'homme

Selon M. Türk, le recul des droits de l'homme, notamment en ce qui concerne les questions de genre et l'espace civique, dans le monde entier, est un défi majeur que nous devons impérativement surmonter.

« Nous observons un total mépris des êtres humains et des communautés dans lesquelles ils vivent », déclare-t-il. « Il est incontestable que nous devons reconquérir l'universalité des droits de l'homme, leur caractère indivisible, et retrouver un nouvel élan capable de motiver les jeunes du monde entier ».

Il ajoute que la COVID-19 fut un véritable signal d'alarme pour les droits de l'homme en démontrant l'importance de la santé et du droit à la santé. Selon lui, il est inacceptable qu'il ait fallu autant de temps pour faire des progrès sur la question des vaccins et sur les inégalités face à l'accès aux vaccins, ce qu'il a qualifié de nationalisme vaccinal.

« La vaccination du monde entier en un an aurait dû être une évidence », souligne-t-il, ajoutant que les enjeux majeurs comme la pandémie ne peuvent être résolus que si les États travaillent ensemble.

« Nous avons également constaté, à la suite de la crise liée au COVID, que nous sommes tous interconnectés, tant dans les pays du Nord que dans ceux du Sud », précise-t-il. « Ce sont des leçons importantes à tirer car nous devons absolument nous attaquer de front aux inégalités auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui à l'échelle mondiale, notamment les grands enjeux que posent les changements climatiques et l'environnement ».

Le Haut-Commissaire souligne que la promotion des droits de l'homme est un effort planétaire, et que chacun se doit de jouer son rôle.

« Il est primordial que nous partagions la même conviction pour cette cause, que nous dialoguions de manière constructive », dit-il. « Nous faisons tous partie du même écosystème et nous avons une lourde responsabilité. À ce stade, quand il s'agit des droits de l'homme, il faut que tout le monde s'implique et soit de la partie ».