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Mueda Nawanat lutte pour le droit à la nationalité

31 Janvier 2020

Mueda Nawanat a vécu la majorité de sa vie sans nationalité.  Ses parents, originaires de l'État de Karen au Myanmar, ont fui la guerre civile et ont trouvé refuge en Thaïlande, où ils sont arrivés sans papiers ni passeport. À sa naissance, Mueda s'est donc retrouvée officiellement apatride.

En vertu du droit international des droits de l'homme, le droit à une nationalité est un droit de l'homme fondamental.

Ayant grandi apatride et au sein d'un groupe minoritaire, Mueda s'est vu refuser ses droits fondamentaux. Elle ne pouvait pas recevoir de soins de santé ni quitter son village, et avait un accès limité à l'éducation. Bien qu'elle ait terminé ses études secondaires, elle n'a pas pu obtenir de diplôme, pourtant nécessaire pour intégrer une université.

« Beaucoup de mes amis, et les professeurs de l'école, me disaient que j'étais une étrangère », se souvient-elle. « Pour moi ce n'était pas vrai. Je suis un être humain. Je suis convaincue au fond de moi d'appartenir à ce pays, la Thaïlande. Je suis née ici et j'ai grandi ici. Et j'adore ce pays. »

Le chemin vers la nationalité

Réalisant qu'elle ne pouvait plus garder le silence, Mueda a alors décidé, à l'âge de 12 ans, d'en savoir plus sur ses droits et de passer à l'action. À chaque fois qu'elle le pouvait, elle assistait à des réunions tenues par des organisations locales sur les droits de l'homme ou à des événements organisés par les autorités locales ou des représentants gouvernementaux.

Mueda a découvert les lois et les conventions internationales sur les droits de l'homme, qui l'ont poussée à aller plus loin : « J'ai découvert la Déclaration universelle des droits de l'homme.  On y lit que tous les êtres humains sont égaux. Je me suis encore dit "je suis un être humain". Il y a aussi la Convention relative aux droits de l'enfant. J'étais une enfant à l'époque, donc je méritais les mêmes droits que les autres enfants. »

Forte de ces connaissances, et à l'écoute de sa propre voix et de son expérience, Mueda a décidé de prendre la parole. Son dévouement a contribué à faire adopter l'article 23 dans la loi thaïlandaise sur la nationalité de 2008, selon lequel les personnes nées en Thaïlande avant 1992 pouvaient demander la citoyenneté.

Mueda est elle-même devenue officiellement citoyenne thaïlandaise en 2008.  Elle était alors âgée de 21 ans.

La lutte pour la citoyenneté et les droits fonciers de la minorité karen

Désormais avocate spécialisée dans les droits de l'homme, Mueda a aidé de nombreuses autres personnes apatrides de la communauté karen à demander la citoyenneté thaïlandaise. « Mon rêve est devenu réalité », affirme-t-elle. « Quand j'étais apatride, je voulais étudier le droit, car c'est l'élément clé qui permet de résoudre le problème. »

Elle défend également les droits fonciers de la communauté karen. Dans le cadre de son travail pour Earth Rights International, elle se bat contre la construction d'un grand barrage hydro-électrique dans un parc national abritant sa communauté. De nombreuses personnes appartenant à cette minorité apatride sont incitées à quitter leur foyer.

« La plupart des gens de la communauté karen n'ont pas de titre foncier », indique-t-elle. « Nous n'avons donc pas le droit de dire que cette terre nous appartient, même si nous avons habité ici pendant des années. La loi ne défend pas nos droits. »

Mueda, ainsi que d'autres jeunes personnes de sa communauté se battent actuellement contre les autorités : « Nous exigeons que le gouvernement thaïlandais puisse nous protéger. Ils doivent nous considérer comme des êtres humains, comme des citoyens thaïlandais. »

Le programme de bourse du HCDH pour les minorités

Mueda a récemment rejoint le programme de bourses du HCDH pour les minorités, un programme de formation destiné aux défenseurs des droits de l'homme et des minorités appartenant eux-mêmes à des minorités nationales, ethniques, religieuses ou linguistiques.

« Grâce au programme, j'ai pu apprendre des choses d'autres gens, qui sont devenus des amis », affirme-t-elle. « J'apprends comment ils défendent les droits des autres, et cela me donne l'inspiration nécessaire pour travailler dur pour ma communauté, une fois revenue en Thaïlande. »

À son retour dans le pays, elle a l'intention de se servir des connaissances qu'elle a acquises sur les mécanismes des droits de l'homme pour continuer de se battre pour son peuple.

« Les droits de l'homme font partie de ma vie », conclut-elle. « Tous les êtres humains devraient être égaux en droits. J'insiste toujours sur le fait qu'aucun être humain n'est illégal. Si on respecte cela et que l'on considère tout le monde comme des êtres humains, on peut vivre dans une société plus pacifique. »

Avertissement : les idées, informations et opinions exprimées dans le présent article sont celles des personnes y figurant ; elles ne reflètent pas nécessairement la politique ou la position officielle du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme.

21 mars 2020