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Yémen

« C’est mon droit de dire ce que je pense. Ne me sous-estimez pas. »

19 Novembre 2019

Dea'a alddin Abdo Mohammed Obaidel est un adolescent yéménite de 16 ans. En tant que membre du Parlement des enfants du Yémen*, il parle au nom des enfants qui ont été forcés à travailler en raison du conflit actuel qui fait rage dans le pays. Selon l'UNICEF, quelque 2 millions d'enfants ne sont pas scolarisés, ce qui constitue un facteur majeur à leur exploitation sur le marché du travail.

Malgré la pénurie des fournitures scolaires et le coût des transports, Dea'a fait de son mieux pour continuer d'aller à l'école, et de défendre les droits des autres à faire de même.

Alors que nous célébrons le 30e anniversaire de la Convention relative aux droits de l'enfant, Dea'a explique à sa façon comment il se bat pour un avenir meilleur pour les enfants du Yémen.

« De nombreux enfants au Yémen sont privés de leurs droits fondamentaux, et ils ne peuvent pas se faire entendre. C'est particulièrement le cas de certains groupes, comme les enfants aveugles, ceux qui travaillent et ceux qui sont en situation d'extrême pauvreté.

J'ai décidé de rejoindre le Parlement des enfants pour leur donner la parole et faire respecter leurs droits.

Durant la guerre, de nombreux enfants ont cessé d'aller à l'école. Certains d'entre eux ont maintenant un travail, d'autres mendient dans la rue. Certains enfants ont même arrêté le foot, les échecs, la lecture, le dessin et la peinture. Je fais de mon mieux pour les conseiller de continuer leurs activités, pour les aider à oublier la guerre un instant.

Je dis à ces enfants : « ne quittez pas l'école. Car ce sont les enfants instruits qui vont construire ce pays. Nous devons continuer à exiger de mettre fin à la guerre. Nous devons commencer par nous-mêmes et continuer notre éducation, parce que nous sommes les hommes et les femmes de demain ».

Si nous élevons des enfants instruits, nous aurons une génération instruite.

Il est important que l'opinion des enfants soit entendue. Personne ne peut mieux exprimer la peur et la souffrance des enfants que les enfants eux-mêmes. Les adultes peuvent en exprimer une partie, mais pas tout.

Les enfants peuvent comprendre des choses que les adultes ne peuvent pas comprendre. L'âge n'est pas un facteur d'intelligence.

Si on ne prend pas soin des enfants, la génération future, alors de qui prend-on soin ? Comme le disent les psychologues, les jeunes enfants s'approprient rapidement les comportements et les habitudes qu'ils observent, donc si nous éduquons les enfants sur leurs droits, cela peut les aider faire des projets et à se fixer des objectifs tout au long de leur vie. S'ils ont un objectif précis en tête quand ils grandissent, ils seront en mesure d'atteindre leur but.

Je pense qu'en général, la situation des enfants aujourd'hui est meilleure qu'avant. Si on compare les enfants qui sont nés avant la Convention relative aux droits de l'enfant et ceux qui sont nés après, il y a une grande différence. Avant, les enfants n'avaient aucun droit et étaient négligés. Ici, la guerre au Yémen signifie que les enfants ont peu de droits, mais au moins il existe des organisations et des fondations dédiées spécifiquement à améliorer leur situation.

Un message pour les dirigeants du monde

Mon premier message est d'arrêter la guerre au Yémen. Si la guerre s'arrête, tout reprendra son cours. Tous les services reviendront à la normale.

Deuxièmement, s'il vous plaît, prenez au sérieux les questions cruciales liées à notre éducation et notre santé.

Quelle est la différence entre un enfant yéménite et un enfant d'un autre pays ? Ne sommes-nous pas égaux en droits ? Même s'il existe des ONG qui travaillent ici et qui se soucient des droits de l'enfant, ce n'est pas assez. Nous avons besoin de votre soutien pour garantir nos droits fondamentaux.

Nous avons l'impression d'être perdus. J'espère qu'ensemble nous pourrons réaliser les droits de tous les enfants. Nous sommes tous les frères de l'humanité ».

*Le Parlement des enfants organise tous les trois mois des sessions de cinq jours – pour discuter de sujets comme l'environnement, la santé, les droits de l'homme et l'éducation – et envoie ensuite ses recommandations au Gouvernement yéménite.

19 novembre 2019