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Briser les tabous pour faire avancer les droits de l'homme

22 Mars 2019

 " J’adore briser les tabous. C’est mon passe-temps ! "

Oyungerel Tsedevdamba est une militante qui brise les tabous pour promouvoir les droits de l’homme dans son pays natal, la Mongolie. Depuis 2015, cette ancienne députée et auteure se bat pour garantir de meilleures conditions sanitaires dans le but d’améliorer la vie des Mongols. Selon elle, la meilleure façon d’y parvenir est de s’attaquer au tabou entourant le mot " toilettes ".
 
" Le mot “toilettes” est associé à beaucoup de préjugés, explique-t-elle. Que ce soit dans des documents officiels, des publicités ou des conversations de tous les jours, ce mot n’apparaissait nulle part jusqu’à ce que nous lancions une campagne nationale. "

Oyungerel Tsedevdamba a créé une ONG appelée Local Solutions qui a une double approche : changer les attitudes et améliorer les conditions d’hygiène. Il a fallu tout d’abord déstigmatiser le mot " toilettes ". Après cela, il a fallu éduquer la population mongolienne concernant les toilettes et les technologies qui s’y rapportent.

Lors d’un événement organisé pour commémorer la Journée mondiale de l’eau, Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré que l’eau potable et les conditions d’hygiène étaient indispensables au développement durable. Un rapport publié cette semaine par UN-Water sur l’état de l’eau et de l’assainissement à l’échelle mondiale montre qu’une grande partie de la population mondiale n’a toujours pas accès à l’eau potable.

" Le fait que des milliards de personnes n’aient toujours pas accès à l’eau potable et à des conditions d’hygiène saines n’est pas seulement une urgence en matière de développement, c’est une violation des droits de l’homme ", a-t-elle indiqué.

De meilleures toilettes pour une vie meilleure

Oyungerel Tsedevdamba estime qu’en Mongolie, l’accès à des installations sanitaires sûres et fiables est une question de vie ou de mort, non pas seulement en ce qui concerne les maladies. Chaque année, des toilettes mal conçues coûtent la vie à des enfants et à des personnes âgées. Les toilettes se résument à des cabanes extérieures, contenant des tranchées profondes au-dessus desquelles des planches de bois sont en équilibre précaire.

Par exemple, elle a appris que lors d’inondations particulièrement fortes dans l’ouest de la Mongolie en 2016, au moins cinq enfants sont morts noyés dans ce type de toilettes. Selon elle, ces décès n’ont pas été suffisamment signalés. Elle a découvert que la police ne tenait pas de registre à ce propos et qualifiait simplement ces décès de noyades, les familles ne voulant pas les signaler en raison de la honte associée aux toilettes.

" Après avoir entendu cela, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose le plus vite possible pour changer ces toilettes afin de sauver la vie des enfants ", explique-t-elle.

Pour briser ce tabou, il a fallu notamment amener les gens à parler des toilettes. Dans cette optique, Oyungerel Tsedevdamba et son équipe ont organisé des formations à l’échelle locale et ont publié un livre sur les toilettes. Une campagne photographique, inspirée de son livre Let’s Change Our Toilets, a même été lancée, où elle et d’autres personnes ont été photographiées dans des toilettes modernes tout en portant les dernières tendances des couturiers mongols.

Elle a également contribué à la production d’un manuel répertoriant les types de toilettes qui pourraient être construites dans différents contextes à travers le pays. L’ONG a également travaillé sur les moyens d’aider les communautés et les individus à améliorer, importer et adapter, financer et construire leurs propres toilettes.

" Au début, les gens étaient dégoûtés par ce dont nous parlions, explique-t-elle. Mais plus nous en avons parlé librement et en donnant des exemples positifs, plus les préjugés se sont estompés. Bientôt, les gens ont commencé à voir les toilettes d’une manière tout à fait différente. "

22 mars 2019