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Défenseuses des droits humains

Attaquées à cause de leur identité et de leurs actions

11 Mars 2019

Beaucoup trop de défenseuses des droits de la personne sont ciblées, harcelées, voire tuées, simplement à cause de qui elles sont et de ce qu’elles font.

" Dans le climat politique actuel, dans lequel les droits de l’homme font face à l’hostilité, les défenseuses des droits de la personne sont souvent les premières à être attaquées ", a déclaré Michel Forst, Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’homme. " Comme ces défenseuses l’ont elles-mêmes observé, elles sont attaquées à cause de leur identité et de leurs actions. "

M. Forst a fait cette déclaration lors de la présentation de son rapport sur la situation des défenseuses des droits de la personne au Conseil des droits de l’homme à Genève. Ce rapport met en avant les défis particuliers auxquels ces femmes sont confrontées et formule des recommandations sur la manière de mieux les reconnaître, les protéger et les soutenir.

Une résistance croissante

Selon M. Forst, la résistance à l’encontre du travail des défenseuses des droits de la personne s’intensifie. Durant sa présentation, il a fait état d’une augmentation des discours misogynes, sexistes et homophobes de la part de dirigeants politiques de premier plan, ainsi qu’à la normalisation de la violence à l’égard des femmes et des personnes non conformes au genre.

" Les raisons pour lesquelles les défenseuses sont ciblées sont complexes, a-t-il ajouté. Elles sont perçues comme remettant en question les notions traditionnelles de la famille et les rôles de genre dans la société. Cela peut susciter l’hostilité des acteurs étatiques et du public, des médias et d’autres acteurs non étatiques. Mais leur stigmatisation vient aussi de leur propre communauté, des dirigeants communautaires, des familles, des voisins et des groupes confessionnels. " 

Des risques multiples

M. Forst a également expliqué que les risques encourus par ces défenseuses ont aussi augmenté. Le rapport met en avant un certain nombre de risques, notamment la marginalisation et l’exclusion systématique, l’humiliation publique, les atteintes à l’honneur, les agressions physiques, la torture et les exécutions.

Il explique également que le harcèlement, la violence et les agressions en ligne envers ces femmes sont aussi en augmentation. Ces attaques comprennent des menaces de violence sexuelle, des violences verbales et la publication d’informations personnelles sur Internet (" doxing "). Rana Ayyub, journaliste et écrivaine indépendante indienne, a fait l’objet d’une campagne de haine en ligne après que ses propos ont été délibérément détournés dans les médias sociaux. Mme Ayyub, qui mène notamment des enquêtes sur des crimes présumés commis par des agents de la fonction publique, a reçu des messages la menaçant d’être violée en bande, assassinée et déshumanisée.

Dans un entretien avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, elle a appelé les réseaux sociaux et les gouvernements à assumer davantage leurs responsabilités quant aux agissements des trolls.

" Ce n’est pas seulement le trolling ni les abus, c’est la culture des infox qui mène à ce genre d’abus envers nous ", a-t-elle déclaré.

Recommandations prioritaires

Dans son rapport, M. Forst a formulé plusieurs recommandations encourageant les États à prendre des mesures plus efficaces en faveur des défenseuses des droits de la personne. Il s’agit notamment de prendre publiquement position contre tous les acteurs étatiques et non étatiques qui violent les droits des défenseuses, de donner la priorité à la protection de ces femmes sur Internet en adoptant des lois pour protéger leur droit à la vie privée et de consacrer une partie de leurs budgets à renforcer la participation des femmes aux activités en faveur des droits de l’homme.

" Les conclusions du rapport sont le résultat de discussions et de consultations d’envergure menées avec des défenseuses du monde entier depuis le début de mon mandat ", a déclaré M. Forst. " Il ne fait aucun doute que les expériences de ces femmes sont variées. "

Apprenez-en davantage sur les défenseuses des droits de la personne avec la campagne #Istandwithher*.

11 mars 2019