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Exploitation sexuelle des enfants

Les nouvelles technologies numériques produisent des niveaux sans précédent de contenus pédopornographiques en ligne

18 mars 2016

L’an dernier, en Suède, un homme a été reconnu coupable de viol d’enfants pour avoir demandé à des hommes qui se trouvaient aux Philippines de repérer des enfants de cinq ans pour commettre des violences sexuelles sur eux pendant qu’il regardait et dirigeait leurs mouvements à l’aide d’un service de retransmission en direct sur Internet depuis son domicile.

Ce cas n’est pas unique. Des incidents semblables ont lieu en ce moment même dans le monde.

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) font aujourd’hui partie intégrante de la vie des enfants, ce qui leur donne accès à des connexions et à des informations illimitées. Mais les TIC exposent également les enfants à de nouvelles formes de violences sous l’effet d’une croissance alarmante de nouvelles formes d’exploitation sexuelle des enfants en ligne.

Le nombre précis d’enfants qui sont victimes de l’exploitation sexuelle d’enfants en ligne n’est pas connu. Selon l’International Association of Internet Hotlines, le nombre de pages Web contenant des contenus pédopornographiques a augmenté de 147 pour cent de 2012 à 2014, ces pages montrant dans 80 pour cent des cas des filles et des enfants de 10 ans ou moins.

Lors d’une manifestation organisée récemment par le Conseil des droits de l’homme sur les TIC et l’exploitation sexuelle d’enfants, la Haut-Commissaire adjointe aux droits de l’homme Kate Gilmore a indiqué que l’on pouvait s’attendre à ce que l’exploitation sexuelle en ligne prenne de l’essor au cours des années à venir au vu de la demande de nouveaux contenus pédopornographiques. Ces nouveaux contenus sont notamment la diffusion de contenus auto-produits, tels que le sexting, et la retransmission en direct de sévices sexuels infligés à des enfants, où les adultes s’acquittent d’une redevance pour diriger et regarder une vidéo en direct d’enfants accomplissant des actes sexuels face à une webcam.

« La difficulté si l’on veut créer un environnement en ligne sûr pour les enfants est de trouver un équilibre entre tirer pleinement parti du potentiel des TIC tout en minimisant les risques et en garantissant la sécurité et la protection des enfants – sans pour autant entraver l’exercice d’autres droits, notamment la liberté d’expression », a-t-elle indiqué.

« Une autre difficulté tient au fait que de nombreux États n’ont pas le cadre législatif adéquat pour mener des enquêtes approfondies et poursuivre les auteurs d’exploitation sexuelle d’enfants et d’infractions commises sur des enfants en ligne », a ajouté Mme Gilmore.

« La population des délinquants est également bien plus importante que nous ne l’avions jamais imaginé », a relevé Ernie Allen, Président du conseil consultatif international de l'initiative britannique WePROTECT.

« Avant Internet, une personne qui avait un intérêt sexuel pour les enfants se sentait isolée », a-t-il indiqué. « Aujourd’hui, il fait partie d’une communauté mondiale. Il interagit en ligne avec des personnes ayant des intérêts semblables partout dans le monde. Ils échangent des images, des fantasmes et des techniques, voire de vrais enfants, dans un anonymat virtuel ».

Les autorités australiennes ont ainsi pu arrêter un groupe d’hommes qui avaient commis des agressions sexuelles et photographié un enfant depuis sa naissance. Selon M. Allen, les organisateurs diffusaient les images sur Internet en ligne par l’intermédiaire d’un réseau crypté mondialement, et ils voyageaient avec l’enfant pour que les membres puissent commettre eux-mêmes les agressions sur le jeune garçon. Cet enfant avait 7 ans lorsque les agresseurs ont été arrêtés.

Si les nouvelles technologies ont fourni de nouveaux moyens aux délinquants pour contacter leurs victimes directement ou accéder à des contenus, Maud de Boer-Buquicchio, Rapporteuse spéciale sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, a indiqué que toutes les partes prenantes, notamment la police et la justice, devraient travailler main dans la main avec le secteur privé et utiliser des lignes directrices internationales telles que les Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme.

Elle a également mentionné l’importance de programmes complets pour la prise en charge, le rétablissement et la réinsertion, et abordé la question de la revictimisation des enfants qui survient chaque fois que l’épisode de violence est exposé au regard des autres, ce qui amène les victimes à revivre les sentiments de honte, d’humiliation et d’impuissance.

« Comme bien souvent, les enfants maîtrisent beaucoup mieux la technologie que leurs parents, si on les sensibilise à la question et qu’on leur donne les outils adéquats, on peut faire en sorte qu’ils disposent de mécanismes de protection adaptés pour faire face aux prédateurs en ligne », a-t-elle indiqué.

Ont également participé à cette réunion John Carr, Directeur fondateur de l’Internet Watch Foundation ; Benyam Dawit Mezmur, Président du Comité des droits de l’enfant et Preetam Maloor, Chef par intérim de la Division de la stratégie institutionnelle de l’Union internationale des télécommunications (UIT).

18 mars 2016