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République centrafricaine : la lutte contre l’impunité

02 Septembre 2015

Un pays qui n’enquête pas sur les individus responsables de crimes et de violences et ne leur demande pas de comptes risque de voir les combats se poursuivre ou reprendre à l’avenir, parce que la rage, le sentiment d’injustice et la peur des victimes s’amplifient, se transmettent aux générations suivantes et finissent parfois par exploser, a indiqué le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein.

« Il faut un mécanisme judiciaire d’établissement des responsabilités », a déclaré le Haut-Commissaire. « Ce principe de responsabilité individuelle est important car il contribue à dissiper la dangereuse impression qu’une communauté tout entière est collectivement responsable des violences qui ont eu lieu. L’impunité engendrera des sentiments de scepticisme et de méfiance … et alimentera l’idée selon laquelle les gens doivent s’armer pour empêcher que des atrocités se produisent à nouveau. »

M. Zeid a formulé ces observations dans le cadre d’une allocution prononcée à l’occasion d’un séminaire sur l’impunité, organisé à Bangui (République centrafricaine, RCA). Ce séminaire était l’une des étapes de la visite du Haut-Commissaire dans le pays. C’est sa première visite officielle en RCA.

Durant sa visite, M. Zeid rencontrera de nombreuses personnalités, dont divers membres du gouvernement, le chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), M. Parfait Onanga Anyanga, des représentants d’associations de la société civile, des responsables religieux et des collaborateurs d’ONG. Le Haut-Commissaire s’entretiendra également avec les représentants des déplacés internes.

La République centrafricaine a été en proie à une crise civile, politique et humanitaire qui a provoqué, selon les dernières estimations de l’ONU, le déplacement de près d’un million de personnes dans le pays. La crise a débuté en 2013 avec le coup d’état d’une coalition de mouvements rebelles, la Séléka, qui a renversé le président François Bozizé. Bien que la Séléka ait été dissoute et qu’un gouvernement de transition ait été mis en place, le pays est encore aux prises avec des difficultés considérables, dues aux agissements des milices armées. De surcroît, le conflit a pris une dimension religieuse, avec des affrontements confessionnels entre chrétiens et musulmans.

Lors de sa visite, le Haut-Commissaire examinera également les progrès accomplis dans la mise en place de mécanismes de défense des droits de l’homme en RCA, notamment la constitution d’un tribunal spécial et la création d’autres instances de promotion et de protection des droits de l’homme dans le pays.

L’engagement de mettre fin à l’impunité ne s’applique pas uniquement à l’échelle nationale, mais aussi à l’échelle internationale, a observé M. Zeid. Personne n’est au-dessus de la loi.

« Je tiens à rappeler que l’ONU insiste pour que les soldats internationaux ou onusiens soupçonnés d’avoir commis des abus dans l’exercice de leurs fonctions fassent l’objet d’une enquête et soient appelés à répondre de leurs actes sans délai », a déclaré le Haut-Commissaire. « Tout doit être mis en œuvre pour protéger les Centrafricains et les mettre à l’abri du danger. »

2 septembre 2015