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Promotion des droits des LGBTI dans le Pacifique

11 août 2015

« J’ai été la première à porter une robe à l’église », a déclaré Joey-Joeleen Mataele, responsable du Réseau pour la diversité sexuelle dans le Pacifique, un collectif régional d’associations menant une action dans ce domaine. Joey-Joeleen se considère comme une Leiti, terme non sexiste utilisé pour désigner les femmes transgenres, ainsi que les hommes gays et bisexuels à Tonga.

« La messe avait déjà commencé, mais au lieu de regarder le prêtre, l’assistance avait les yeux rivés sur moi… Je me suis dit, je suis comme je suis, et personne ne me fera changer ; c’est comme cela que je veux vivre. Je me sens bien, en tant femme, et personne ne me privera de ce droit », a expliqué Joey-Joeleen.

Joey-Joeleen Mataele a pris la parole à l’occasion du lancement de la campagne des Nations Unies, « Libres et égaux », Free & Equal, qui a eu lieu à Suva (Fidji) en août ; cette campagne a été organisée par le Bureau des droits de l’homme pour le Pacifique, en coopération avec d’autres organismes onusiens, des associations de la société civile et des missions diplomatiques pour attirer l’attention sur la diversité des orientations sexuelles et des identités de genre dans la région et promouvoir les droits des lesbiennes, des gays, des bisexuels, des transgenres et des intersexués (LGBTI) vivant dans les îles du Pacifique. 

Ces dernières années, les Nations Unies ont exprimé, dans une série de résolutions, leur inquiétude face au nombre de discriminations et de violences exercées contre des individus en raison de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre. La campagne mondiale « Libres et égaux » a été lancée en Afrique du Sud en 2013, pour répondre à la nécessité de lutter contre les préjugés homophobes et transphobes par le biais de l’éducation.

« Je suis fier de soutenir la cause de l’égalité des LGBTI et la campagne « Libres et égaux ». Je refuse de rester silencieux face aux préjugés, de quelque nature qu’ils soient », a déclaré S.E. Ratu Epeli Nailatikau, Président de Fidji, dans son allocution de bienvenue.

La manifestation a réuni plus de 120 personnes originaires des quatre coins de la région, dont des représentants de gouvernements, de la société civile, d’organismes onusiens, de communautés religieuses, d’institutions nationales des droits de l’homme et d’autres organismes impliqués dans la défense des droits des LGBTI dans le Pacifique. Les participants ont pu apprécier les prestations de Kiti Niumataiwalu, surnommée « la voix de Fidji », et d’un chœur spécialement créé pour la campagne, le Rainbow Pacific Free & Equal Choir.

Deux nouvelles vidéos, produites pour la campagne et donnant la parole à des membres de la communauté LGBTI et à certains de leurs alliés à travers le Pacifique, dont le Président de Fidji et le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, ont été projetées.

Lors de la manifestation officielle, durant laquelle sont intervenues un certain nombre de personnalités de premier plan, Karen Allen, Coordinatrice résidente des Nations Unies par intérim, a exhorté tous les États du Pacifique à dépénaliser les rapports entre personnes de même sexe et à adopter des lois interdisant la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. « Les relations entre personnes de même sexe sont toujours considérées comme un délit dans huit pays de la région. Dans la plupart des cas, ces lois leur ont été léguées par les puissances coloniales du XIXe siècle », a-t-elle déclaré.

Louisa Wall, une députée néo-zélandaise, a insisté sur la nécessité de la coopération entre les gouvernements et la société civile. « L’homosexualité a fini par être dépénalisée en Nouvelle-Zélande parce que les politiques ont travaillé main dans la main avec les citoyens », a indiqué Mme Wall. « Cette modification, conquise de haute lutte, a été rendue possible par une action collective et une mobilisation incessante ».

 « Il ne suffit pas d’avoir des lois, il faut que les attitudes changent » a affirmé Aiyaz Sayed-Khaiyum, Premier ministre par intérim et ministre de la Justice de Fidji, qui a parlé de l’interdiction de la discrimination en fonction de l’orientation sexuelle ou de l’identité et de l’expression de genre, inscrite dans la Constitution de son pays.

Gillio ou « Gigi » Baxter, de la V-Pride Foundation, une association d’entraide locale, et vedette de la série télévisée vanuatuane Love Patrol, a souligné à quel point l’éducation du public était importante pour faire évoluer les mentalités. Gillio Baxter a précisé que la série avait atteint cet objectif, tout simplement en mettant en scène des LGBTI.

Catherine Phuong, Chef par intérim du bureau du HCDH pour le Pacifique, a déclaré que tous les intervenants devaient lutter contre les préjugés et soutenir leurs collègues, amis et proches faisant parti de la communauté LGBTI. « Nous vous invitons à porter le flambeau tous ensemble et à tirer parti de cette campagne pour diffuser le message de l’égalité des droits ».

11 août 2015