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Déclarations Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Volker Türk conclut sa visite officielle en Équateur

23 Janvier 2023

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Volker Türk (au centre) durant un événement de la DUDH 75 à Quito, en Équateur, avec le premier Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme José Ayala-Lasso (à gauche) et la coordonnatrice résidente des Nations Unies en Équateur Lena Savelli (à droite). © HCDH.

Quito, le 23 janvier 2023

Ma visite en Équateur a été ma première mission dans un pays d’Amérique latine en tant que Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

Même si elle n’a été que de courte durée, j’ai eu l’occasion de rencontrer le président Guillermo Lasso et plusieurs membres de son Gouvernement, des membres de la Cour constitutionnelle, des défenseurs des droits humains, des représentants des peuples autochtones, des représentants du système des Nations Unies et de la communauté diplomatique en Équateur, ainsi que plusieurs autres acteurs importants.

Durant toutes ces rencontres, j’ai eu d’excellents échanges tant avec les autorités qu’avec un large éventail d’acteurs de la société civile. Je remercie chaleureusement toutes ces personnes pour l’intérêt qu’elles accordent à un large éventail de questions relatives aux droits de l’homme et pour le dialogue très constructif et prometteur que nous avons eu.

Nous célébrons cette année le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) et le 30e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne, qui a mené à la création du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH). Pendant mon séjour en Équateur, j’ai eu l’honneur de participer à un événement co-organisé par le Ministère des affaires étrangères et de la mobilité humaine, auquel a également assisté le premier Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, José Ayala Lasso.

Il y a trente ans, l’ambassadeur Ayala Lasso a non seulement joué un rôle central dans les négociations qui ont conduit à la création du HCDH, mais il a aussi jeté les bases du Haut-Commissariat en tant qu’institution.

L’Équateur a ratifié l’ensemble des neuf traités internationaux qui constituent les piliers du droit international des droits de l’homme. Sur la scène internationale, il a également montré la voie à suivre sur certaines questions, comme les efforts nécessaires pour créer un instrument international contraignant sur les entreprises et les droits de l’homme. Je tiens à reconnaître et à saluer le rôle actif et l’engagement continu de l’Équateur en faveur du multilatéralisme, notamment en tant que membre du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Je souhaite également reconnaître les efforts déployés par l’Équateur pour accueillir et intégrer les réfugiés et les migrants provenant de divers pays de la région : l’approche de l’État, mais aussi le travail précieux des autres organismes des Nations Unies et des organisations de la société civile, ainsi que l’accueil chaleureux du peuple équatorien lui-même.

Dans le même temps, comme le montrent les échanges que j’ai eus avec les autorités, les défenseurs des droits humains et les représentants des peuples autochtones, l’Équateur est confronté à plusieurs problèmes liés aux droits de l’homme, qui, si j’ai bien compris, ont également été abordés dans le cadre de l’Examen périodique universel :

  • La situation générale de profonde inégalité socioéconomique, exacerbée par les effets de la pandémie de COVID-19 et les difficultés qui en résultent pour l’exercice des droits économiques, sociaux et culturels. Plusieurs problèmes spécifiques se posent, notamment la malnutrition des enfants et l’impact particulier de ces inégalités sur les populations rurales, autochtones, d’ascendance africaine et montubio, qui sont souvent victimes de racisme, de discrimination et de stigmatisation ;
  • La situation préoccupante dans le système pénitentiaire équatorien, où plusieurs massacres ont eu lieu au cours des deux dernières années ;
  • La détérioration de la situation en matière de sécurité, à travers l’augmentation de la criminalité transnationale organisée, et ses répercussions sur les personnes les plus vulnérables ;
  • Les inquiétudes concernant la violence à l’égard des femmes, notamment le nombre croissant de féminicides ;
  • La question des industries extractives, dont la production de pétrole et l’exploitation minière, en particulier dans la région amazonienne, les dilemmes rencontrés pour générer des revenus, les risques de conflit social qu’elles engendrent et leur impact sur les droits des peuples autochtones, ainsi que sur l’environnement ;
  • La question des entreprises et des droits de l’homme, avec des cas emblématiques qui n’ont toujours pas été résolus ;
  • Les droits des enfants et des adolescents, notamment dans le contexte de l’augmentation inquiétante des peines maximales pour les jeunes délinquants ;
  • Les problèmes auxquels sont confrontés les défenseurs des droits humains eux-mêmes et la nécessité de protéger leur rôle dans la société.

Le HCDH fournit déjà une assistance technique à l’Équateur pour relever certains de ces défis. Je souhaite mettre l’accent sur trois domaines : la situation dans les établissements pénitentiaires, le recours à la force et les droits des peuples autochtones.

En ce qui concerne le système pénitentiaire, le HCDH a fourni une assistance technique pour l’élaboration de la politique publique en matière de réinsertion sociale, adoptée par le Gouvernement l’année dernière, dont je me félicite vivement. Nous avons également collaboré à l’élaboration de la loi sur le recours à la force, adoptée en 2022, qui intègre correctement les normes internationales en matière de droits de l’homme et pourrait devenir un exemple pour les autres pays de la région.

Dans les deux cas, le véritable défi réside dans la mise en œuvre. J’ai réitéré au Président Lasso l’engagement du HCDH à continuer de soutenir les efforts de l’Équateur pour faire face à ces deux importants défis. Nous soutenons également les efforts du Président pour réduire la surpopulation carcérale en veillant à ce que les personnes condamnées pour des infractions moins graves soient libérées et que les peines non privatives de liberté soient privilégiées.

Je tiens également à souligner l’ouverture dont fait preuve le HCDH – et le bureau des Nations Unies en Équateur –afin de renforcer sa contribution dans le cadre du dialogue continu entre les autorités et le mouvement des peuples autochtones.

À la suite des manifestations des peuples autochtones en juin 2022, un important processus de dialogue entre les peuples autochtones et le Gouvernement a été lancé, sous les auspices de la Conférence épiscopale de l’Église catholique.

Dans le même temps, nous sommes également conscients de la nécessité d’un examen plus approfondi et continu des progrès réalisés par rapport aux 218 engagements issus de ce dialogue. N’oublions pas que ce type de dialogue n’est pas un événement ponctuel ; cela doit être un processus qui abordera tous les éléments d’injustice et d’inégalité hérités du passé.

En ce qui concerne l’utilisation potentielle des forces armées dans des activités de sécurité publique, je tiens à souligner que, comme l’a réaffirmé un arrêt de la Cour interaméricaine des droits de l’homme, leur utilisation dans ce contexte doit être soumise à un certain nombre de restrictions : elle doit être exceptionnelle, limitée dans le temps, subordonnée et complémentaire au travail des sociétés civiles, et respecter le principe de responsabilité devant les autorités civiles, entre autres critères.

Enfin, je tiens à exprimer ma volonté de continuer à travailler avec les autorités et la société civile équatoriennes – et à réitérer mon admiration et mon soutien aux défenseurs des droits humains équatoriens, dont le travail, tout comme dans de nombreuses autres régions du monde, reste le vecteur de progrès en matière de droits de l’homme.

Je quitte l’Équateur en m’inspirant des paroles d’un jeune Équatorien que j’ai rencontré hier dans le cadre d’un projet d’aide aux réfugiés et aux migrants et qui, pour moi, illustre l’esprit de solidarité dont j’ai été témoin dans nombre de mes rencontres.

« Nous sommes jeunes. Nous ne faisons aucune distinction entre les personnes équatoriennes et celles qui ne le sont pas. Ce qui nous importe, c’est ce qui se passe ici et maintenant, et de bâtir un monde meilleur », a-t-il dit.

Cela illustre bien les valeurs inscrites dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Muchas gracias.

FIN

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Liz Throssell (voyageant avec le Haut-Commissaire) :  elizabeth.throssell@un.org

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